Après l'extraction rocambolesque d'un haut gradé de l'armée tchadienne, condamné à cinq ans de prison pour meurtre, par ses proches du palais de justice de N'Djamena, le barreau du Tchad a décidé de suspendre les activités sur l'ensemble du territoire jusqu'à nouvel ordre et d'envisager d'autres actions si nécessaires, a annoncé jeudi son président, Athanase Mbaigangnon.
Le colonel Abdoulaye Ahmat Harouna était jugé pour coups et blessures volontaires mortels sur un mécanicien. A l'énoncé du verdict jeudi, des proches du condamné, lourdement armés, ont nargué les magistrats dans la salle d'audience, avant d'extirper l'officier du box des accusés sous l'œil impuissant des éléments de sécurité et de disparaître avec lui dans la nature.
Dans un communiqué de presse, le bâtonnier du conseil de l'Ordre des avocats du Tchad a appelé le président Idriss Déby, par ailleurs président du Conseil supérieur de la magistrature, à "une implication personnelle afin de donner une image digne à la justice tchadienne, son indépendance, son impartialité, son efficacité et surtout l'égalité de tous devant elle".
Quelques heures après son évasion, le fugitif a été retrouvé par les services de sécurité, selon le procureur de la République près le tribunal de grande instance de N'Djaména, Youssouf Tom.
"Le barreau du Tchad rappelle au chef de l'Etat qu'il y a un besoin pressant des Tchadiens à une bonne justice et le monde nous regarde car c'est à la mesure de la justice qu'on appréciera aussi le niveau d'Etat de droit, de gouvernance et de la démocratie tout court", a conclu M. Mbaigangnon.
