Le président du CICR met en garde contre le déficit budgétaire et la cyberguerre (INTERVIEW)

Par : Vivienne |  Mots clés : CICR-déficit budgétaire-cyberguerre
French.china.org.cn | Mis à jour le 07-09-2020

Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a appelé la communauté mondiale des donateurs à intensifier leurs contributions financières pour éviter un déficit budgétaire induit par le coronavirus, et a averti que les cyberattaques posaient de nouveaux défis à ses opérations et au droit international humanitaire.

"Comme de nombreuses autres organisations humanitaires et de développement, nous sommes préoccupés par l'avenir. Alors que les besoins augmentent presque de façon exponentielle avec le COVID-19, de nombreux pays ont investi beaucoup d'argent dans la stabilisation de leur économie", a déclaré à Xinhua le chef du CICR, Peter Maurer, lors d'une interview récente.

"Bien que ce soit parfaitement légitime et certainement bon et raisonnable à faire, nous craignons que la lourde dette que de nombreux pays ont accumulée ait un effet d'entraînement négatif sur la volonté de contribuer aux programmes humanitaires", a-t-il expliqué.

Créé en 1863, le CICR, dont le siège se trouve à Genève (Suisse), est le gardien du droit international humanitaire et a pour mission d'aider les personnes touchées par les conflits et la violence armée dans le monde.

En tant qu'organisation indépendante et neutre, son mandat découle des Conventions de Genève de 1949 et de leurs Protocoles additionnels, qui sont les traités les plus importants pour limiter la barbarie de la guerre.

"Nous espérons pouvoir terminer l'année avec un déficit minime. Mais pour le moment, je dois dire que nous aurons besoin de beaucoup de soutien au cours des derniers mois de l'année pour pouvoir atteindre le seuil de rentabilité", a estimé M. Maurer.

Le CICR est financé par les contributions volontaires des Etats parties aux Conventions de Genève, des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, des organisations supranationales telles que la Commission européenne, ainsi que de sources publiques et privées.

Selon son rapport annuel, les dépenses totales en 2019 ont atteint 2 milliards de francs suisses (environ 2 milliards de dollars) pour financer ses opérations sur le terrain et à son siège.

NOUVEAUX DEFIS HUMANITAIRES

Entre-temps, les technologies modernes ont donné naissance à de nouvelles méthodes et armes de guerre, tels que les cyberattaques, les drones armés et les robots tueurs, soulevant de nouveaux défis humanitaires et juridiques.

Interrogé sur cette menace, M. Maurer a déclaré que le CICR était préoccupé par les indications de cyberattaques contre les infrastructures civiles et que les règles humanitaires internationales devaient être mises à jour.

"Je pense que soit par l'interprétation des corps de normes existants, soit par la création de nouvelles directives interprétées, de lois souples et d'autres systèmes normatifs, nous devons trouver un cadre juridique pour ces nouveaux développements", a recommandé M. Maurer.

Il a fait savoir que le CICR consultait en permanence et de manière informelle les Etats et les experts sur cette question. "Nous sommes loin d'avoir un consensus sur ce qui doit exactement être réglementé, comment cela devrait être réglementé et quelles sont les institutions respectives", a-t-il ajouté.

CONCENTRATION SUR LES POINTS CHAUDS DE CONFLITS

M. Maurer a déclaré que les principaux domaines d'intervention géographique du CICR n'avaient pas changé en raison du COVID-19. "Une grande partie de notre travail reste en Afrique, au Sahel, au lac Tchad, au Soudan, en Somalie et dans d'autres régions d'Afrique, au Moyen-Orient et bien sûr au niveau mondial dans certains des pays les plus touchés par la guerre et la violence."

Cependant, M. Maurer a relevé que certains programmes et activités avaient été classés par ordre de priorité et étendus dans le but de mieux répondre aux défis de la pandémie.

"Le COVID-19 a amené une redéfinition des priorités des programmes d'eau, d'assainissement et de santé. Nous avons fortement priorisé notre travail sur les centres de détention parce que nous savons que les pandémies ne s'arrêtent pas devant les portes des prisons", a-t-il poursuivi.

En 2019, le CICR était présent dans plus de 100 pays à travers des délégations, sous-délégations, bureaux et missions. Environ 18.800 membres du personnel ont travaillé sur le terrain et au siège du CICR.

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Source: Agence de presse Xinhua
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