Envoyer [A A]

Le monde post-pandémie, une « opportunité pour la coopération sino-américaine »

French.china.org.cn | Mis à jour le 21. 08. 2020 | Mots clés : post-pandémie

Le 13 août, l’ambassadeur de Chine aux Etats-Unis, Cui Tiankai, a prononcé un discours liminaire sur les relations sino-américaines lors d’une conférence en ligne organisée par la Brookings Institution, un laboratoire d’idées américain. Il a évoqué l’histoire, présente et future, des relations internationales entre les deux pays et appelé à renforcer la coopération par la compréhension et le respect mutuels, afin d’aider à bâtir un ordre international et un système de gouvernance mondiale « post-pandémiques ». 

Nous en restituons ici le texte intégral :

Merci, président Allen, de m’avoir invité à cette conférence en ligne. Je veux également remercier la Brookings Institution pour son soutien de longue date au développement des relations sino-américaines.

La semaine dernière, le général Brent Scowcroft, ancien conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis pour le président, est décédé, ce qui nous a profondément attristés. Pendant de nombreuses années, nous avons eu la chance d’avoir des hommes d’Etat courageux et éclairés — comme le général — qui ont aidé à orienter les relations sino-américaines pendant les années de troubles. Ils sont une source d’inspiration et une force pour nous dans ce contexte de changements fondamentaux dans le paysage international. Ils nous ont galvanisés pour que nous travaillions plus dur, afin de faire avancer nos relations sur la bonne voie.

Aujourd’hui, les relations sino-américaines se dirigent dans la mauvaise direction, que certains décrivent comme une « chute libre ». Au fil des années, il y a toujours eu des problèmes et des difficultés, mais il y a aujourd’hui des tentatives alarmantes de faire disparaître ce qui a été construit avec tant d’efforts par des générations de Chinois et d’Américains au cours des dernières décennies, et de pousser de façon délibérée les deux pays à la confrontation et au conflit. Tout cela survient dans le contexte d’une pandémie redoutable et du ralentissement économique qui en résulte. Cette situation a lieu alors que la coopération internationale est urgente et nécessaire, notamment entre grands pays, et elle entrave grandement notre coopération. La détérioration des relations sino-américaines sape également la confiance de la population dans l’économie mondiale, avec des conséquences graves pour nos deux pays et pour le monde.

Certains pensent que le renforcement de la confrontation pourrait ralentir et contenir le développement de la Chine, voire entraîner un changement de régime. Ils se bercent de douces illusions. L’histoire a prouvé à maintes reprises que les pressions externes ne feront qu’engendrer une plus grande unité du peuple chinois, une cohésion plus forte de la société chinoise et une meilleure résilience de l’économie de la Chine. Certaines personnes aiment beaucoup le terme « guerre froide », grisées peut-être par leur victoire lors de la Guerre froide, mais elles ne devraient pas oublier le prix que le monde a payé pendant ces quatre décennies, sans parler du coût amer payé par les Etats-Unis et d’autres pays dans les deux « guerres chaudes » en Corée et au Vietnam livrées au cours de la Guerre froide. Nous ne devrions pas laisser l’histoire se répéter. Si nous laissons la tendance négative des relations sino-américaines se poursuivre, la Chine pourrait devoir affronter plus de difficultés et de défis, mais les instigateurs de cette soi-disant « nouvelle guerre froide » doivent soupeser les coûts qu’ils auront à payer et les conséquences pour le monde. Pour qui sonne le glas, il y a un jour où il faudra rendre des comptes.

La Chine a été un participant, un partisan et un contributeur actif du système international actuel. Dans le même temps, en tant que pays majeur issu d’une civilisation ancienne, l’intégration de la Chine va inéluctablement entraîner des changements dans le système international, qui doit réaliser des ajustements en conséquence. Il s’agit d’une issue logique et naturelle, comme une sorte de réaction chimique. Pourtant, notre intention n’est pas d’entraîner une révolution, ni d’établir un système entièrement nouveau. Les Etats-Unis seront-ils prêts à travailler avec la Chine et les autres pays pour s’assurer que l’ordre international et le système mondial répondent aux besoins de la communauté internationale toute entière, et pour répondre aux divers risques et défis mondiaux ? Ou resteront-ils obsédés par un jeu à sommes nulles et une compétition des puissances majeures, laissant la situation dégénérer et tomber dans le « piège de Thucydide » ? Il s’agit d’un choix fondamental que les Etats-Unis doivent faire.

Le monde « post-pandémique » pourrait fournir une bonne opportunité pour la coopération de la Chine et des Etats-Unis. Ce sera un monde très différent. Les progrès technologiques et d’autres facteurs engendreront une restructuration de l’économie et de la chaîne d’approvisionnement mondiales. Face à cette tâche et ces défis majeurs, la Chine et les Etats-Unis doivent faire le bon choix sur la base de la compréhension et du respect mutuels, jouer un rôle positif dans l’ordre international et le système de gouvernance mondiale « post-pandémiques », mais aussi établir une relation plus prospective, forte et stable entre nos deux grands pays.

La Chine reste engagée pour œuvrer avec les Etats-Unis, afin de surmonter les difficultés et bâtir une relation tournée vers le futur basée sur la coordination, la coopération et la stabilité. 

Certaines personnes pensent peut-être que la Chine attend juste les résultats des prochaines élections présidentielles américaines en novembre. Permettez-moi de vous le dire ici très clairement : nous n’attendons rien et ne sommes jamais disposés à perdre notre temps à attendre. Par ailleurs, la dynamique intérieure américaine se situe au-delà de notre influence ou de ce que nous pouvons prédire. Nous n’avons aucune intention, ni aucun intérêt à nous en mêler. Lors de sa visite en Chine il y a près de 50 ans, le président Richard Nixon a cité le poème du président Mao : « Nous devons saisir le jour, saisir l’heure. » Aujourd’hui, il nous faut encore « saisir le jour » et « saisir l’heure ». Nous sommes prêts à travailler à tout moment et en tout lieu avec l’administration actuelle pour trouver des solutions aux problèmes existants, que ce soit aujourd’hui ou demain. J’espère simplement qu’ils parviendront à se libérer de cette panique et de cette paranoïa, qui leur font perdre leur bon sens de façon surprenante.

Les personnes de tous horizons en Chine et aux Etats-Unis doivent se garder de ces tentatives néfastes de pousser les relations bilatérales à la confrontation et au conflit. Nous devons fermement résister à toute résurgence du maccarthysme et développer la coopération et les échanges bilatéraux, de façon à ramener le plus rapidement possible les relations sino-américaines sur la bonne voie.

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source:french.china.org.cn