Le décret des États-Unis contre WeChat nuira aux entreprises multinationales

Les entreprises multinationales ont exprimé leurs inquiétudes lors d'un appel téléphonique à la Maison Blanche

Alors que la Chine est sur le point de devenir le plus grand marché de consommation du monde cette année, le décret du gouvernement américain contre WeChat pourrait amener les entreprises américaines à quitter la Chine, a déclaré Wei Jianguo, ancien vice-ministre chinois du Commerce.

« Pour un pays se vantant d’avoir une économie libre, la récente décision de l'administration Trump est inimaginable et nuira gravement aux affaires des entreprises américaines en Chine », a affirmé M. Wei, qui est aussi vice-président du Centre chinois pour les échanges économiques internationaux, dans un entretien exclusif avec China Daily.

« Ceci est particulièrement imprudent car la Chine va devenir le plus grand marché de consommation du monde cette année, en raison de sa reprise rapide après la pandémie », a indiqué M. Wei, ajoutant que cette évolution avait rendu le marché de consommation chinois essentiel pour les producteurs nationaux et internationaux.

Les ventes au détail en Chine ont atteint 41200 milliards de yuans (5920 milliards de dollars) l'année dernière, et elles n’ont chuté que de 1,1% en juillet sur une base annuelle, après la baisse de 1,8% en juin, selon le Bureau national des statistiques (BNS). La société d'études de marché eMarketers a déclaré dans un rapport en juin que les ventes au détail aux États-Unis devraient chuter de 10,5% pour atteindre 4890 milliards de dollars cette année, un niveau jamais vu depuis 2016.

« Un bon nombre d'entreprises américaines parient en réalité sur le marché chinois pour sauver leurs bénéfices mondiaux », a avancé M. Wei.

Le fabricant de chaussures Skechers US, par exemple, a vu ses ventes trimestrielles chuter de 42% en glissement annuel, mais a obtenu un certain soulagement grâce à une croissance de 11,5% en Chine.

Plus d'une douzaine de grandes multinationales américaines, dont Apple, Walmart et Walt Disney, ont fait part mardi de leurs préoccupations lors d'un appel téléphonique avec des responsables de la Maison Blanche au sujet de la portée et de l'impact potentiellement larges du décret du président Donald Trump visant WeChat, affirmant qu'il pourrait saper leur compétitivité en Chine.

WeChat est une application largement utilisée dans le monde entier, en particulier par les Chinois, et son interdiction pourrait effectivement couper une grande partie de la communication informelle entre les personnes en Chine et aux États-Unis.

« Ceux qui ne vivent pas en Chine ne comprennent pas l'ampleur des implications si les entreprises américaines ne sont pas autorisées à l'utiliser », a souligné Craig Allen, président du Conseil des affaires américano-chinois (US-China Business Council), cité par The Wall Street Journal. « Elles seront gravement désavantagées par rapport à tous leurs concurrents ».

Dans une récente enquête en ligne menée par xueqiu.com, 807000 personnes interrogées ont déclaré qu'elles se débarrasseraient de leur téléphone Apple si WeChat devait être supprimé de ses appareils, contre 48000 qui ont déclaré qu’elles supprimeraient l'application à la place. Selon le rapport financier du premier trimestre de 2020 de Tencent, le nombre d’utilisateurs actifs mensuels de WeChat a dépassé 1,2 milliard.

M. Wei a indiqué que, selon lui, la dernière initiative du gouvernement américain contre les sociétés Internet chinoises faisait partie de sa campagne de « pression maximale », forçant la Chine à faire des compromis sur des questions d'intérêt de base.

« Ces actions, d'un autre côté, reflètent l'image des États-Unis comme une économie fermée et isolée, ce qui représente un recul pour la plus grande économie du monde », a avancé M. Wei.

Malgré la pression du gouvernement américain, 18800 entreprises à financement étranger ont été créées à travers la Chine entre janvier et juillet, dont 860 entreprises américaines, montrant la confiance des investisseurs mondiaux dans le marché chinois. Les investissements directs étrangers (IDE) des États-Unis ont eux continué d'affluer en Chine, augmentant de 6% en glissement annuel au premier semestre 2020, selon le ministère chinois du Commerce.