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La livraison des Rafales, signe de la relation privilégiée entre la France et l’Inde

French.china.org.cn | Mis à jour le 12. 08. 2020 | Mots clés : Rafales,France,Inde 

Le 29 juillet, le premier lot de cinq chasseurs Rafale français est arrivé à la base aérienne d’Ambala dans l’Etat d’Haryana, en Inde, dans le cadre de mesures strictes de sécurité. L’Inde a choisi le Rafale parmi les nombreux avions de combat avancés à l’étranger, et la France fournit pour la première fois des avions de combat parmi les plus avancés à un pays de la zone Asie-Pacifique, ce qui reflète les relations privilégiées entre les deux pays. 

Selon le site Internet Indian Defence Forum, dans un article le 29 juillet, le premier lot de cinq avions de combat français Rafale piloté par des pilotes de l’armée de l’air indienne, a décollé de Bordeaux, en France, et a volé sur 7 000 kilomètres grâce à des ravitailleurs en vol, et ne faisant qu’une seule escale aux Émirats arabes unis, avant d’arriver à la base aérienne indienne Ambala ce jour-là. Cela montre la capacité de combat à longue distance du Rafale ainsi que de ravitaillement en vol. En plus de ces cinq chasseurs, un deuxième lot de cinq autres seront livrés prochainement à l’armée indienne. Cette dernière a dépensé au total 8,9 milliards de dollars américains pour acheter 36 chasseurs Rafale. Le Français Dassault achèvera la livraison des 36 appareils d’ici la fin de 2021.

Cet accord d’armement a été conclu entre la France et l’Inde en janvier 2016. Dès 2001, l’armée de l’air indienne avait proposé un plan d’achat de 126 chasseurs avancés pour mettre au rebut 250 modèles obsolètes comme les MiG 21 et 27, qui sont toujours en service. En août 2009, l’armée de l’air indienne avait commencé à mener des tests techniques rigoureux sur divers chasseurs étrangers en concurrence afin de déterminer les futurs modèles à adopter. Selon l’état-major indien de l’époque, le Rafale français était le seul modèle à avoir passé tous les tests et à répondre à ses critères. 

Afin d’obtenir cette grosse commande lucrative, le président français Nicolas Sarkozy s’était rendu à deux reprises à New Delhi en janvier 2008 et en décembre 2010 pour faire de la « diplomatie commerciale ». Au cours de cette période, le premier ministre indien Manmohan Singh avait également été invité à se rendre en France à deux reprises. En juillet 2009, des militaires indiens avaient été invités à Paris pour participer au défilé militaire du 14-Juillet. En juin 2010, la France et l’Inde avaient également organisé des exercices militaires conjoints. Ces activités de resserrement des liens ont sans aucun doute renforcé l’atmosphère de coopération étroite entre les deux parties et ouvert la voie à la sélection du chasseur Rafale. Fin janvier 2012, le gouvernement indien a finalement opté pour le Rafale et entamé des négociations exclusives avec la France. 

Le Rafale est un avion de combat multifonctionnel développé par la société Dassault en France depuis les années 1980. En mai 1991, le Rafale a effectué son premier vol et a commencé à servir dans la Marine et l’Armée de l’Air en 2004 et 2006. Il sera le principal modèle de l’armée française pour les 30 prochaines années.

La France et l’Inde sont parvenues à un accord préliminaire après trois ans de négociations. Selon les demandes indiennes, 18 des 126 chasseurs commandés sont importés sous forme d’avions complets, et les 108 autres seront assemblés par des entreprises locales en Inde. Cela implique des facteurs complexes tels que le transfert de technologie et l’augmentation des coûts, entraînant un retard dans la signature du contrat.

Le premier ministre indien Narendra Modi était devenu plus actif dans l’introduction d’armements avancés après son arrivée au pouvoir. En avril 2015, il avait annoncé lors de sa visite en France que le gouvernement indien avait décidé d’acheter 36 chasseurs Rafale entièrement produits et assemblés par la France en une seule fois, doublant les 18 initialement prévus. Pour la France, la signature d’un contrat de 36 chasseurs Rafale avec l’Inde est sans aucun doute la plus importante commande à l’exportation de ce modèle, revêtant une grande importance pour l’expansion de son secteur de l’exportation d’armement.

C’est une initiative qui sort complètement de l’ordinaire pour la France que celle de doter l’Inde de chasseurs avancés en service dans sa propre armée, ce qui montre la relation particulière entre la France et l’Inde. En mars 2019, M. Macron s’était rendu à New Delhi et les relations entre les deux pays avaient connu une amélioration rapide. M. Macron avait souligné que « la France deviendra le premier partenaire stratégique de l’Inde en Europe », et M Modi avait clairement déclaré que l’Inde considérait la France comme l’un de ses alliés les plus fiables. La visite de M. Macron en Inde avait ainsi renforcé la relation de partenariat stratégique entre les deux pays. Le résultat important de cette visite est la signature d’un accord de sécurité. En tant que deux puissances disposant de bases militaires à l’est et à l’ouest de l’océan Indien, les deux pays autoriseront leurs bâtiments de guerre respectifs à utiliser leurs bases navales.

L’Inde considère l’océan Indien comme son arrière-cour. L’influence de l’Inde porte principalement sur l’est de l’océan Indien, tandis que la France garde la mainmise sur l’ouest. L’Inde tente donc de dominer l’océan Indien conjointement avec la France. Après avoir établi un cadre pour leur partenariat stratégique en 1998, les deux pays ont mis en place un mécanisme de manœuvres militaires conjointes régulières pour la marine, l’armée de l’air, et l’aéronavale. En mars de l’année dernière, peu de temps après la visite de M. Macron en Inde, les deux marines avaient mené des manœuvres militaires conjointes comme convenu, avec des opérations anti-sous-marines, de défense aérienne et des contacts asymétriques. La France avait envoyé la frégate de lutte anti-sous-marine Jean de Vienne, tandis que l’Inde avait déployé un certain nombre de destroyers, de frégates et de sous-marins à propulsion conventionnelle de classe Scorpène fournis par la France.

En faisant de l’Inde un « partenaire stratégique numéro un » de la France dans l’océan Indien, M. Macron envisage une stratégie de « retour dans le Pacifique ». Lors de sa visite en Australie au début du mois de mars 2019, M. Macron avait proposé la création d’un « axe océan Indien-Pacifique » composé de la France, de l’Inde et de l’Australie, dans le but de maintenir un « ordre fondé sur des règles » dans cette région. Les commentateurs internationaux ont généralement estimé que cette initiative française vise à équilibrer la force et l’influence croissantes de la Chine dans cette région.

On peut avancer que la fourniture à l’Inde des avions de combat les plus avancés est conforme avec au positionnement stratégique de la France dans l’espace indopacifique. En plus des 36 chasseurs Rafale, la France a également fourni 6 sous-marins de la classe Scorpène. 

La France s’est montrée très discrète sur l’arrivée du premier lot de chasseurs Rafale en Inde, et il y a eu très peu de battage médiatique à des fins commerciales. Il semble que la France entend réduire l’impact de ses ventes à l’Inde. A l’heure actuelle, les relations sino-américaines connaissent une crise grave et la France, en tant que grand pays européen, fait preuve de sagesse en ne choisissant pas son camp. En outre, l’Inde se livre actuellement à des actes de provocation vis-à-vis de la Chine dans la vallée de la Galwan. En cette période si complexe et sensible, la France semble plus disposée à garder le silence et à éviter d’irriter la Chine.

Par Shen Xiaoquan, chercheur au Centre de recherche des questions mondiales de l’Agence de presse Xinhua.

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Source:french.china.org.cn