L'OMS appelle les Etats-Unis à faire preuve de leadership et d'unité

Jeudi, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a de nouveau appelé les Etats-Unis à reconsidérer leur décision de se retirer de l’OMS, faisant comprendre que le problème n’est pas « une question d’argent », mais le manque d’unité que reflète cette décision. Il a fait cette remarque lors d’une table ronde en ligne organisée pour le Forum d’Aspen sur la sécurité, basé aux Etats-Unis.

Au début du mois de juillet, la Maison-Blanche a formellement notifié aux Nations unies sa décision de se retirer de l’OMS. Le processus nécessitera une année et prendra effet au mois de juillet prochain.

Tedros Adhanom Ghebreyesus a exprimé son appréciation de la générosité, du soutien et du leadership de longue date par les Etats-Unis en matière de santé mondiale: « Dans la décision des Etats-Unis de se retirer [de l’OMS], le problème n’est pas l’argent… ce n’est pas la question du financement. C’est plutôt la relation avec les Etats-Unis qui est importante, ainsi que son rôle de leader », a-t-il expliqué.

Selon lui, le COVID-19 est un « ennemi dangereux », qui ne peut être vaincu « dans un monde divisé »: « Nous sommes un monde uni [et] un monde uni a besoin de coopération et de solidarité entre ses principales puissances », a-t-il rappelé.

Le président Donald Trump et d’autres hauts responsables américains ont lancé des attaques agressives contre l’OMS, accusant l’organisation non seulement d’avoir échoué à faire face à la pandémie, mais également d’avoir des liens étroits avec la Chine. Ces attaques ont été largement considérées comme un effort pour détourner l’attention des échecs du gouvernement américain dans sa réponse face à la pandémie, alors que le pays est en pleine année de campagne présidentielle.

Le candidat démocrate à la Maison-Blanche, Joe Biden, a déclaré qu’il annulerait immédiatement la décision de Donald Trump de se retirer de l’OMS, s’il est élu: « Les Américains sont plus en sécurité lorsque l’Amérique est engagée dans le renforcement de la santé mondiale. Le premier jour de ma présidence, je rejoindrai l’OMS et restaurerai notre leadership sur la scène mondiale », a-t-il annoncé sur Twitter.

Tedros Adhanom Ghebreyesus a indiqué que s’il y avait des problèmes avec l’OMS ou le système des Nations unies dans son ensemble, l’organisation était ouverte à toute évaluation et à tout examen, précisant que les pays pouvaient connaître la vérité sans quitter l’organisation: « Il est aujourd’hui temps d’œuvrer ensemble. Il est aujourd’hui temps de se concentrer sur la lutte contre le virus », a-t-il insisté.

Jeudi, l’OMS avait organisé une réunion avec les missions de tous les pays membres. Tedros Adhanom Ghebreyesus a fait savoir que « les Etats-Unis ont participé activement » et qu’il espérait que la relation entre les Etats-Unis et l’OMS reviendrait à la normale.

Au cours de cette discussion, Tedros Adhanom Ghebreyesus a enjoint tous les dirigeants à choisir la voie de la coopération et à agir maintenant pour mettre un terme à la pandémie: « Il ne s’agit pas seulement d’un choix avisé, c’est aussi un choix juste et c’est le seul que nous ayons », a-t-il averti.

Mike Ryan, le directeur exécutif du Programme des urgences sanitaires de l’OMS, a exprimé son appréciation de travailler avec les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des Etats-Unis au fil des années: « La politique n’ébranlera jamais les liens que les scientifiques ont formés à travers le monde, ainsi que l’envie et le désir que nous avons de travailler ensemble pour sauver des vies », a-t-il assuré.

Nicholas Burns, le directeur exécutif du Forum d’Aspen sur la sécurité et un sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires politiques entre 2005 et 2008, a remarqué que l’OMS était la seule institution capable d’unir les populations au cours de la pandémie. Il a souligné la nécessité pour l’OMS de réaliser une réforme structurelle lorsque la pandémie aura été surmontée.

« Toutefois, nous sommes au beau milieu de la pandémie. Le départ des Etats-Unis et l’arrêt de leur participation financière reflètent donc, à mon avis, un manque de clairvoyance et une décision malavisée… une erreur majeure de notre pays », a-t-il constaté.

Les Etats-Unis étaient le plus grand contributeur financier de l’OMS.

D’après l’OMS, il s’agit aujourd’hui de la nation la plus touchée par la pandémie à la fois en nombre de cas confirmés et en nombre de morts. Par ailleurs, les Etats-Unis, le Brésil et l’Inde représentent aujourd’hui la moitié du nombre total de cas de COVID-19 dans le monde.