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L’intégration européenne face à une épreuve de taille avec le COVID-19

French.china.org.cn | Mis à jour le 21. 04. 2020 | Mots clés : COVID-19,intégration européenne

Polémique sur le plan de sauvetage économique

La crise épidémique a négativement affecté les économies des pays de l’UE, et les dommages que l’épidémie a causés à l’Italie, à l’Espagne ainsi qu’à d’autres pays sont particulièrement sérieux. Des pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas ont proposé d’utiliser le Mécanisme européen de stabilité (MES) pour aider les pays dans le besoin, ce qui a été rejeté par des pays comme l’Italie et l’Espagne.

Le MES est un instrument de sauvetage mis en place par l’UE pour les pays lourdement endettés comme la Grèce en 2012. Il dispose d’un montant de prêt effectif de 500 milliards d’euros. Il permet de lever des fonds et de prêter aux pays de la zone euro confrontés à de graves problèmes de financement dans des conditions strictes afin de garantir la stabilité économique de la zone euro. On peut dire que le MES est une solution appropriée pour secourir les pays en difficulté. Il s’avère que l’acceptation des prêts du MES est conditionnelle, c’est-à-dire que les pays qui acceptent les prêts doivent appliquer des politiques d’austérité budgétaire strictes et mettre en œuvre des réformes économiques approfondies pour assurer la stabilité globale de l’économie de la zone euro et éviter qu’elle ne soit entraînée par les pays lourdement endettés.

En 2012, la Grèce, qui connaissait une grave crise de la dette, avait demandé de l’aide. L’UE avait déclenché le MES et proposé en même temps des conditions strictes pour les politiques d’austérité et les réformes en Grèce. Le gouvernement grec avait été contraint d’accepter ces conditions et s’était engagé à mettre en œuvre des mesures d’austérité plus strictes, rendant la reprise économique grecque plus difficile. La Grèce s’était fermement opposée au MES, avec des appels de plus en plus forts pour sortir de l’UE, provoquant un conflit aigu entre les pays riches du nord de l’Europe tels que l’Allemagne, et les pays du sud très endettés comme la Grèce.

L’expérience de la Grèce dans l’acceptation des prêts du MES il y a huit ans reste encore dans les mémoires. L’Italie, l’Espagne et d’autres pays sont naturellement réticents à répéter les erreurs de la Grèce. Le 7 avril, les ministres des Finances des 27 pays de l’UE ont tenu une vidéoconférence pour des consultations afin de trouver une solution. Des pays du sud comme l’Italie et l’Espagne ont appelé à l’émission de « Corona bonds » pour partager les risques, mais des pays du nord comme l’Allemagne et les Pays-Bas s’y sont fermement opposés. L’Allemagne a exprimé sa volonté de participer à la reconstruction après l’épidémie de « manière unie » mais pour l’Allemagne et les Pays-Bas, il est inacceptable de contracter des dettes en commun, et ils hésitent à emprunter avec des pays très endettés comme l’Italie et l’Espagne.

Après des débats et des marchandages acharnés, les ministres des Finances sont finalement parvenus le 9 avril à un accord sur le plan de sauvetage pour stimuler l’économie. Dans deux semaines, ils accorderont une ligne de crédit au MES, augmenteront la ligne de prêt de la Banque européenne d’investissement, et la Commission européenne proposera 100 milliards d’euros au régime d’assurance chômage. Les fonds impliqués dans ces mesures s’élèvent à environ 500 milliards d’euros.

De toute évidence, les deux parties en conflit ont fait des compromis : l’Italie et d’autres ont abandonné l’idée d’un emprunt conjoint, tandis que l’Allemagne et d’autres ont promis d’activer les prêts du MES sans conditions spécifiques. On peut voir que l’UE a fait preuve d’un esprit d’aide mutuelle et de lutte en commun face à une grave épidémie.

L’intégration européenne a parcouru un chemin difficile et tortueux. De la Communauté européenne du charbon et de l’acier au Marché commun, et de la Communauté économique européenne à l’Union européenne, l’intégration a continué de s’approfondir et de s’étendre. En dépit des succès, cette intégration a également connu des revers importants. La crise de la dette il y a plus de dix ans, la crise des réfugiés ces dernières années et la récente sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ont tous sérieusement affecté l’intégration. L’épidémie actuelle de COVID-19 survient à l’improviste et met à rude épreuve l’intégration européenne. A en juger par la situation décrite ci-dessus, certains pays clés de l’UE ont commis des erreurs, et des conflits d’intérêts au sein de l’UE ont conduit à brouiller le cap et à faire caler l’intégration européenne. Cependant, à en juger par le soutien mutuel en matière de prévention et de contrôle dans le domaine médical et par les obstacles surmontés pour parvenir à un accord sur le plan de sauvetage économique, l’UE a la possibilité d’utiliser ses avantages collectifs pour franchir cette passe difficile que constitue l’épidémie de COVID-19.

Par Shen Xiaoquan, chercheur au Centre de recherche des questions mondiales de l’Agence de presse Xinhua.


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Source:french.china.org.cn