Succès du hashtag #JeNeSuisPasUnVirus

Dans une rue animée, un jeune Italo-chinois aux yeux bandés et portant un masque a déployé une affiche sur laquelle on lit le message suivant : « Je ne suis pas un virus, je suis un être humain, je ne veux pas être victime de discrimination ». Certains passent devant lui indifféremment ou s’arrêtent pour prendre des photos, tandis que d’autres vont vers lui pour le prendre dans leurs bras, voire même enlever son bandeau et son masque et l’enlacer. 

Un Italo-chinois se fait enlacer dans la rue

Cette scène rappelle les actes similaires spontanément organisés dans les rues avec l’arrivée de la vague de migrants en Europe et que des voix hostiles aux migrants ont commencé à se faire entendre ces dernières années. Alors que l’épidémie de nouveau coronavirus fait rage, la vidéo de ce jeune homme a immédiatement eu un grand retentissement auprès de la communauté chinoise en Europe.

Les auteurs de ces images sont Xia Hongwang et Massimiliano Martigli Jiang (Jiang Xiao), ce dernier étant le jeune Italo-chinois qui apparaît dans la vidéo. 

Le jeune Massimiliano a déclaré dans une interview à quel point il était nerveux lorsqu’il avait les yeux bandés et qu’il attendait dans la rue. « Je ne pouvais rien voir, je ne savais pas si quelqu’un m’enlacerait ou qui le ferait. Jusqu’à ce que la première personne vienne m’étreindre et que plus en plus de gens commencent à le faire. Alors, la tension a finalement disparu. »

Massimiliano estime qu’une quarantaine de personnes environ l’ont enlacé ce jour-là, un chiffre au-delà de toute attente. « En fait, trop de gens disaient réellement que les Chinois avaient le virus. Nous avons fait cette vidéo dans l’espoir que tout le monde puisse comprendre que les Chinois ne sont pas tous porteurs du virus. En même temps, nous espérions également que les Italiens n’aient plus peur de nous, n’aient plus de préjugés à notre encontre. »

Xia Hongwang a pour sa part constaté la discrimination vis-à-vis de Chinois en Italie à cause du virus. « Nous souhaitons que les Chinois ne soient plus victimes de discrimination. Beaucoup ont grandi ici comme vous (les Italiens). Nous avons étudié ensemble et nous ne sommes pas un virus », a-t-il dit. Il a noté qu’il avait reçu beaucoup d’appels téléphoniques de soutien de tous les pans de la société au cours de ces deux derniers jours. « Beaucoup de gens m’ont dit qu’ils avaient été émus après avoir regardé la vidéo, et beaucoup m’ont confié qu’ils avaient pleuré en visionnant la vidéo. »

De nombreux pays s’associent au hashtag #JeNeSuisPasUnVirus 

Comme l’a remarqué Xia Hongwang, les Chinois et les Chinois d’outre-mer ont subi à de nombreuses reprises des actes de provocations et de discrimination en raison de l’épidémie de pneumonie. En France, certains journaux français ont fait leur une avec des noms de jeux vidéo comme « Alerte Jaune », provoquant une controverse. Des groupes représentant la communauté asiatique ont lancé le hashtag #JeNeSuisPasUnVirus pour protester contre ce type de discrimination qui se propage plus rapidement que le virus. 

L’Association des jeunes Chinois de France (AJCF) a laissé un message sur les réseaux sociaux : « Les Chinois ne sont pas porteurs du nouveau coronavirus, alors ne vous laissez pas entraîner dans ce climat de suspicion et ne cédez pas à la tentation de discriminer la communauté chinoise en France. »

En Espagne, le 3 avril, une personne d’origine chinoise vivant à Grenade a appelé une ambulance en urgence. Bien que son état ne soit pas lié au coronavirus, il a reçu un « traitement spécial » en raison de son identité chinoise.

Afin d’éradiquer l’animosité envers les Chinois, un groupe de Chinois d’outre-mer vivant en Espagne a récemment lancé le hashtag #NoSoyVirus qui vise à lutter contre les préjugés racistes en Espagne en raison du coronavirus. Les initiateurs de cet événement sont de jeunes Chinois d’origine espagnole qui vivent dans le pays depuis l’enfance. Au fil des années, ils ont essayé de changer et d’éliminer les stéréotypes sur les Chinois d’outre-mer. Pour Antonio Liu Yang, cela a modifié la vision de certains étrangers. « Le lancement de cet événement aujourd’hui représente une étape plus importante pour nous », a-t-il constaté. Le hashtag #NoSoyVirus a de plus permis de donner des informations réelles et fiables sur les coronavirus à la société espagnole.

Ce mouvement s’est étendu aux Etats-Unis, en Italie, au Royaume-Uni et en France, et de nombreuses personnes ont partagé leurs histoires sur les réseaux sociaux. Les médias allemands ont d’ailleurs récemment prêté attention à cette campagne et de nombreux internautes ont exprimé leur soutien.