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Cibler la Chine ne sauvera pas l’OTAN

French.china.org.cn | Mis à jour le 06. 12. 2019 | Mots clés : Chine, l’OTAN

A la suite de la Rencontre des dirigeants de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), qui s’est terminée mercredi à Londres, les dirigeants ont publié la « Déclaration de Londres », qui indique: « L’influence croissante et la politique internationale de la Chine présentent à la fois des opportunités et des défis, qu’il nous faut adresser ensemble en tant qu’Alliance. »

C’est la première fois qu’un sommet de l’OTAN fait de la Chine un sujet indépendant et que le pays est impliqué dans une déclaration conjointe. 

Cette dernière souligne également: « L’OTAN et ses alliés, dans le cadre de leur autorité respective, sont engagés à assurer la sécurité de nos communications, dont la 5G, reconnaissant la nécessité de compter sur des systèmes sécurisés et résilients. » Huawei n’a toutefois pas été mentionnée expressément et l’expression utilisée était vague.

Avant le sommet, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré aux médias que l’essor de la Chine était lié à la sécurité des membres de l’OTAN, mentionnant notamment ses missiles de longue portée, sa présence en Arctique et ses investissements infrastructurels. « L’OTAN n’ira en aucun cas en mer de Chine méridionale, mais nous devons tenir compte du fait que la Chine se rapproche de nous », a-t-il déclaré, ajoutant que l’OTAN ne voulait pas se « créer de nouveaux ennemis ».

La Chine n’est évidemment pas une menace pour les membres de l’OTAN. Les pays européens sont en train de développer activement leur coopération avec la Chine et même si certains pays s’inquiètent de son influence croissante, leurs inquiétudes n’ont rien à voir avec la sécurité traditionnelle. Il est donc absurde que l’OTAN, une alliance politique et militaire, évoque la Chine. Les Etats-Unis sont clairement le principal promoteur de telles discussions.

L’OTAN a perdu son orientation depuis la fin de la Guerre froide, la désintégration de l’Union soviétique et la dissolution du Pacte de Varsovie. Les Etats-Unis veulent pousser l’OTAN à s’opposer à la Chine, mais cela va à l’encontre des intérêts stratégiques des pays européens en Chine. Ces derniers n’ont pas de motivations à aider les Etats-Unis au détriment de leurs propres intérêts.

Parmi les pays occidentaux traditionnels, la politique de l’Australie envers la Chine est la plus proche de celle des Etats-Unis. Toutefois, l’état d’esprit géopolitique des pays européens est complètement différent de celui de l’Australie, un pays relativement isolé au milieu de l’océan. L’Europe a la volonté de se renforcer et elle ne veut pas prendre parti entre la Chine et les Etats-Unis. De leur côté, l’Allemagne et la France ont parfois des différends avec les Etats-Unis et elles ne veulent pas s’écraser devant eux.

Dans un tel contexte, la Chine peut difficilement constituer une raison forte pour unifier l’OTAN et la prendre comme sujet de discussion risque plus probablement d’engendrer davantage de divisions au sein du groupe. La déclaration conjointe des dirigeants a reconnu « les opportunités et les défis » posés par la Chine. Cette déclaration en équilibre peut être considérée comme le résultat d’un compromis entre certains pays européens et les Etats-Unis.

L’idéologie est le lien le plus important entre les Etats-Unis et l’Europe. Depuis que Donald Trump est arrivé au pouvoir, il y a cependant eu des failles dans leurs valeurs communes. Les intérêts communs des deux parties se sont de plus en plus détériorés et les relations traditionnelles américano-européennes doivent affronter des challenges plus graves. 

La Chine doit mettre fermement en œuvre sa politique d’ouverture, développer sa coopération économique avec l’Europe et renforcer sa communication stratégique avec l’UE et les principaux pays européens. Ainsi, il sera difficile pour les Etats-Unis d’enrôler l’Europe pour faire face à la Chine. Si nous parvenons à réduire de manière effective les frictions idéologiques entre la Chine et l’Europe, les Etats-Unis auront plus de difficultés à tirer l’Europe de leur côté pour contenir la Chine. 

Sans intérêts communs, l’OTAN est vouée à l’échec. Ce serait une grave erreur que de considérer la Chine comme un sujet permettant à l’OTAN de survivre.

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Source:french.china.org.cn