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Les propos du président français sur l’OTAN révèlent un fossé croissant entre l’Europe et les États-Unis

French.china.org.cn | Mis à jour le 15. 11. 2019 | Mots clés : OTAN,Emmanuel Macron,l’Europe et les États-Unis
Le 30 novembre 2018, Emmanuel Macron et Donald Trump lors du sommet du G20 à Buenos Aires, en Argentine.


Récemment, le président français Emmanuel Macron a causé la polémique parmi les dirigeants européens en disant que l'OTAN était en état de mort cérébrale, aggravant ainsi le clivage transatlantique qui a souvent vu les États-Unis et l'Europe afficher des positions opposées. Ses propos ont été publiés par le journal The Economist, qui cite également le jeune dirigeant français disant que « Les États-Unis sont en train de tourner leur dos au projet européen ».

Les dirigeants européens ont critiqué les déclarations de M. Macron. La chancelière allemande Angela Merkel a qualifié ses propos de « drastiques » et le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki d’« irresponsables ».

En se basant sur le comportement de M. Macron depuis son entrée en fonction, ses propos sur l'OTAN ne sont pourtant pas fantaisistes, révélant son manque de confiance envers les États-Unis et l'OTAN ainsi que son objectif stratégique de construire une Union européenne (UE) forte.

Depuis la fin de la Guerre froide, les États-Unis et l'Europe ont ensemble fait partie de l'OTAN, qui a été le pivot des relations transatlantiques. C'est le fondement de l'alliance occidentale et un moyen par lequel les États-Unis contrôlent l'Europe. Sans l’OTAN, les États-Unis et l’Europe pourraient chacun viser des objectifs diamétralement opposés. L'OTAN continue de jouer son rôle dans la sauvegarde de la sécurité de l'Europe et dans la défense contre la Russie après la Guerre froide.

Cependant, la valeur que l'alliance militaire apporte en elle-même a toujours été discutable. L'expansion de l'organisation vers l'est a restreint l'espace stratégique de la Russie, provoquant une nouvelle acrimonie avec le Kremlin. Et relever ce défi a été le sujet le plus difficile.

En outre, confrontés à de nouvelles menaces non traditionnelles pour la sécurité, telles que le terrorisme et les crises de réfugiés, de nombreuses personnes ont proposé de réformer l'OTAN, ce qui lui permettrait de lutter efficacement contre ces nouveaux défis. Alors que l'UE met l'accent sur la perception de la menace résultant de la réponse aux crises rencontrées par les membres du bloc, Washington a besoin que l'organisation suive le fil de sa stratégie globale, telle que la présence de l'OTAN en Afghanistan et en Irak.

De plus, les États-Unis ont redirigé leur orientation stratégique vers la région Asie-Pacifique, et le statut stratégique de l'OTAN du point de vue de Washington a été érodé. Faisant valoir que l'alliance militaire avait coûté beaucoup d'argent et d'énergie à Washington, l'administration du président américain Donald Trump a demandé aux alliés de l'OTAN d'augmenter leurs dépenses de défense et d'assumer davantage de responsabilités.

Ces controverses reflètent des tensions accrues entre l'Europe et les États-Unis. Compte tenu de ces mesures prises par les États-Unis, M. Macron doute que l'OTAN puisse garantir la sécurité des membres de l'UE. Ces pays européens considèrent de nombreuses actions américaines comme peu fiables, notamment la décision de M. Trump de retirer ses troupes de Syrie.

Dans ce contexte, le président français pourrait en réalité vouloir critiquer Washington en exprimant son mécontentement vis-à-vis de l'OTAN. Son idée principale est de construire des capacités de défense européennes plus fortes, indépendantes et menées par la France, dans le but de développer la souveraineté militaire de l'Europe. En construisant l'UE pour en faire une puissance géopolitique stratégique, il espère ainsi assurer les intérêts du bloc et son statut mondial en temps de grande concurrence.

Ce n’est pas la première fois que M. Macron jette un froid sur les relations américano-européennes. En août 2018, il avait déclaré dans un discours aux diplomates et aux législateurs français : « L'Europe ne peut plus compter sur les États-Unis pour sa sécurité ». Les divergences entre l'Europe et les États-Unis se reflètent dans divers domaines tels que la stratégie, l'économie, les valeurs, la gouvernance mondiale et la géopolitique.

Dans un contexte de troubles internationaux, l’Europe espère se coordonner avec les États-Unis sur de nombreuses questions afin de maintenir sa supériorité dans le domaine non occidental. Cependant, depuis son entrée en fonction, Donald Trump a renforcé le nationalisme et sa politique « America First (l'Amérique d'abord) ». Les États-Unis ne ciblent pas seulement les puissances émergentes, mais appliquent également des sanctions contre leurs alliés. Par exemple, les États-Unis ont imposé des droits de douane sur des produits européens d'une valeur record de 7,5 milliards de dollars, ce qui nuit aux intérêts de Bruxelles.

Bien que les États-Unis et l'Europe soient des alliés et restent unis en termes de valeurs politiques de la démocratie et de la liberté, ils diffèrent sur de nombreuses autres valeurs. Par exemple, les États-Unis ont encouragé l'unilatéralisme et le protectionnisme, tandis que l'Europe est à 100% pour le multilatéralisme.

Les deux parties sont également en désaccord sur la gouvernance mondiale. L’Europe attache de l’importance aux problèmes liés au changement climatique, à l’instar du monde entier, mais pour la Maison-Blanche la situation est tout autre. Le retrait de Washington de l’Accord de Paris est devenu un leitmotiv de son imprudence sur un sujet qui figure au premier rang des préoccupations de l’Union européenne.

Les pays européens diffèrent également entre eux sur la manière de traiter avec les États-Unis, ce qui a fortement influencé la diplomatie européenne dans son ensemble. Le fossé entre l’Europe et les États-Unis est évident et s’élargit de plus en plus bien que les deux parties restent des alliés.


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Source:french.china.org.cn