La Chine peut sanctionner efficacement les entreprises américaines qui vendent des armes à Taïwan

Par : LIANG Chen |  Mots clés : Etats-Unis,Chine
French.china.org.cn | Mis à jour le 15-07-2019

Deux avions de combat J-11 et un bombardier H-6K en formation le 11 mai 2018. Les forces aériennes de l'Armée populaire de libération (APL) ont mené un exercice de patrouille sur l'île chinoise de Taïwan le 11 mai. Des avions de combat Su-35 ont survoléle canal de Bashi en formation avec les H-6K pour la première fois, marquant une nouvelle avancée dans la structure des patrouilles sur l’île, a déclaré Shen Jinke, porte-parole de l'armée de l'air de l’APL. (Photo / Xinhua)


Les Etats-Unis font preuve d’un état d’esprit deux poids deux mesures en qualifiant d’« action stupide » les sanctions proposées par la Chine à l'encontre des entreprises américaines qui vendent des armes à Taïwan, ont déclaré le 14 juillet des analystes de la partie continentale de la Chine, soulignant que ces sanctions pourraient non seulement réduire l'approvisionnement en matières premières de ces entreprises mais empêcher également leurs produits non militaires d’entrer sur le marché chinois.

Après que le gouvernement américain a approuvé un plan de vente d’armes d’une valeur de 2,22 milliards de dollars à Taïwan, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a annoncé le 12 juillet lors d’un point de presse régulier que pour protéger les intérêts nationaux, la Chine imposerait des sanctions aux entreprises américaines participant à ces ventes.

Citant des données publiées par le département américain de la Défense, les médias appartenant à l'État chinois ont identifié ces sociétés comme étant Raytheon, qui fournit des missiles Stinger, General Dynamics, qui fournit des chars M1A2T, ainsi que BAE et Oshkosh, qui fournissent des équipements destinés à ces chars.

Le sénateur américain Bob Menendez, le plus haut représentant Démocrate de la commission sénatoriale sur les relations étrangères, a déclaré aux médias que c'était une action stupide, car les entreprises susceptibles d'être sanctionnées ne sont pas tres engagées dans les ventes de l'industrie de la défense à la Chine, selon une vidéo courte de VOA Chinese publiée sur son compte Twitter le14 juillet.

En réponse, Xu Guangyu, consultant senior de l'Association chinoise du contrôle des armements et du désarmement, a déclaré le même jour au Global Times que ces entreprises américaines ne semblent pas avoir de lien avec le commerce des armes avec la Chine, mais uniquement en termes de produit final. Un produit final est basé sur de nombreux composants construits par toute une chaîne industrielle dans laquelle la Chine joue un rôle important, a souligné M. Xu, notant que la Chine pourrait geler les chaînes industrielles liées à ces entreprises ou cesser de fournir certains matériaux de base.

Les terres rares, secteur largement contrôlé par la Chine, sont notamment indispensables à la fabrication d’armes et d’équipements de pointe. Par exemple, selon un article du journal britannique Daily Telegraph de 2011, le char M1A2 de General Dynamics utilise du samarium-cobalt dans son système de navigation.

Le département américain de la Défense évalue la capacité des États-Unis à s’assurer un approvisionnement stable en terres rares dans le cadre du conflit commercial que le pays entretient avec la Chine, a de son côté rapporté le13 juillet l'agence Reuters.

Les initiés de l'industrie ont averti que les entreprises non militaires de ces sociétés pourraient également être affectées. Ainsi, General Dynamics est non seulement le fabricant du char M1A2, mais également la société mère de Gulfstream, une société aéronautique dont les avions à réaction privés sont très prisés des milliardaires chinois.

Gulfstream est le premier constructeur d'avions d'affaires étrangers entré sur le marché chinois il y a plusieurs décennies et certains de ses modèles, tels que le Gulfstream G650, sont aujourd’hui populaires parmi les personnes les plus riches de Chine, a déclaré au Global Times un cadre supérieur d'un fournisseur de services intégrés pour l'aviation d'affaires basé à Beijing, et qui a demandé à ne pas être nommé complètement. Un avion d'affaires coûte entre 20 et 70 millions de dollars, a-t-il précisé, ce qui signifie que la perte du marché chinois pourrait porter un coup dur à la société américaine.

Les initiés de l'industrie estiment pour leur part qu'une des mesures punitives pourrait consister à ordonner aux banques et institutions financières chinoises de refuser les prêts aux transactions liées à Gulfstream, la quasi-totalité des jets d'affaires étant vendus via un modèle de financement par prêt.

D’après les medias, parmi les clients chinois de Gulfstream figurent notamment le fondateur d'Alibaba, Jack Ma Yun, et le président de Wanda, Wang Jianlin

Par ailleurs, le site Internet de la filiale de General Dynamics en Chine était devenu inaccessible le14 juillet.

« La vente d'armes à Taïwan par les États-Unis constitue une violation grave du droit international et des normes fondamentales régissant les relations internationales. Il s'agit d'une violation grave du principe d'une seule Chine et des trois communiqués conjoints Chine-États-Unis », a déclaré M. Geng le 12 juillet.

Il a également exprimé l'opposition de la Chine au transit de la leader régionale taïwanaise Tsai Ing-wen aux États-Unis, exhortant ceux-ci à annuler immédiatement les ventes d'armes et à mettre un terme à leurs échanges officiels avec Taïwan.

Les analystes de la partie continentale de la Chine ont souligné que la décision d'imposer des sanctions mettait en évidence la ferme opposition de la Chine à la vente d'armes à Taïwan.

Une opposition ferme

La mesure la plus simple pour sanctionner ces sociétés consiste à interdire leurs activités en Chine, a déclaré le 14 juillet au Global Times Shi Yinhong, directeur du Centre d'études américaines de l'Université Renmin de Chine à Beijing.

Des leçons pourraient également être tirées des précédents. Le 17 décembre 2015, Hong Lei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, avait ainsi annoncé que ni les gouvernements ni les entreprises chinoises ne coopéreraient avec des entreprises impliquées dans les ventes d'armes américaines à Taïwan. Les entreprises concernées à cette époque étaient Raytheon et Lockheed Martin.

Outre les sanctions, certains médias taïwanais ont également interprété un exercice de l'armée populaire de libération chinoise près des côtes sud-est du pays comme l'expression de l'opposition de la partie continentale de la Chine à la vente d'armes. Le ministère chinois de la Défense nationale a pour sa part déclaré le 14 juillet dans un communiqué que cet exercice faisait partie de leurs arrangements réguliers conformément au calendrier annuel.

En qualifiant les sanctions imposées par la Chine aux entreprises d’armement américaines comme d’action stupide, les États-Unis appliquent manifestement un double critère, les États-Unis ayant imposé à la Chine des sanctions encore plus inutiles et stupides, ont souligné les analystes.

En septembre 2018, les États-Unis avaient ainsi imposé des sanctions au département chinois du développement de l'équipement, la branche militaire responsable des armes et du matériel, et à son directeur, Li Shangfu, pour avoir acheté des avions de combat Su-35 et un système de missile sol-air S-400 à la Russie, affirmant que cela était contraire à la loi américaine sur les sanctions imposées au gouvernement russe pour s'être mêlé aux élections présidentielles américaines de 2016, avait alors rapporté Reuters.


Source:french.china.org.cn
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