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La Chine critique la Suède pour son refus d'extrader un fugitif

French.china.org.cn | Mis à jour le 10. 07. 2019 | Mots clés : extradition
Une capture d'écran d'un documentaire sur l'opération menée par la Chine pour capturer des personnes suspectées de crimes économiques en fuite à l'étranger montre Qiao Jianjun, troisième sur la liste des 100 fugitifs les plus recherchés de Chine. [Photo / CCTV]

Beijing a critiqué la Cour supérieure de Suède pour avoir refusé l'extradition en Chine de Qiao Jianjun pour qu’il y soit jugé pour fraude et corruption, sous prétexte qu'il risquait la peine de mort, la torture ou des mauvais traitements dans son pays d'origine. C’est ce qu’a fait savoir mardi la Commission nationale de surveillance (CNS), l’organe suprême de lutte contre la corruption. 

Ce tribunal suédois a rendu mardi une décision selon laquelle M. Qiao pourrait subir un procès inéquitable et faire l'objet de persécutions ou de traitements qui violeraient la Convention européenne des droits de l'homme. Par conséquent, a-t-il décidé, le fugitif ne sera pas extradé vers la Chine.

« La plus haute juridiction suédoise a ignoré les crimes de M. Qiao et les preuves solides rassemblées par les équipes d'enquêteurs chinois et suédois. Le refus d'extradition va ouvertement à l’encontre de la loi et tolère les crimes en offrant un abri aux suspects », a déclaré un responsable de la CNS qui a demandé à conserver l’anonymat. « La Suède ne devrait pas devenir un refuge pour les criminels », a-t-il souligné. « Nous espérons que le gouvernement suédois reconnaîtra les faits criminels, prendra des mesures correctives rapides pour le traduire en justice et maintenir l'équité ».

M. Qiao, ancien directeur d'une installation gouvernementale de stockage de céréales à Zhoukou, dans la province du Henan, est accusé d’escroquerie sur des fonds céréaliers nationaux évalués à 200 millions de yuans (30,38 millions de dollars) et d'avoir détourné de 3 millions de yuans de fonds publics en Chine. Il avait fui aux Etats-Unis en 2011, puis dans plusieurs autres pays.

« La Chine a toujours attaché une grande importance à la protection des droits humains des suspects ainsi que de leurs autres droits légitimes. Tout le monde a pu être témoin des grandes réalisations de la Chine dans la défense des droits humains », a déclaré mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Geng Shuang. Au cours des dernières années, 260 suspects en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique latine ont été extradés vers la Chine. Leurs droits humains ont tous été pleinement garantis et ils ont reçu des jugements équitables, a remarqué M. Geng.

La CNS a fait savoir que M. Qiao avait transféré à l'étranger plus de 200 millions de yuans d'actifs illicites via des opérations de blanchiment d'argent. En 2011, il s'est enfui à Hong Kong, puis aux Etats-Unis. Il était soupçonné d'utiliser des documents frauduleux pour demander une carte verte américaine et de blanchir de l'argent aux Etats-Unis, qui demande également son extradition. Ainsi, selon la CNS, les Etats-Unis, Singapour, l'Autriche et la Suède ont tous ouvert une enquête pénale sur M. Qiao et gelé ou confisqué les fonds mal acquis envoyés à l'étranger.

En juillet 2014, M. Qiao et son ex-femme Zhao Shilan ont été accusés de blanchiment d'argent et de fraude en matière d'immigration par les autorités judiciaires américaines. La justice américaine avait confisqué quatre maisons appartenant à Mme Zhao. Pour éviter les accusations criminelles américaines, M. Qiao s'était réfugié au Panama, au Costa Rica, au Liechtenstein, en Suisse et en Autriche, pour finalement arriver en Suède. Alors qu'il fuyait de pays en pays, les autorités judiciaires chinoises ont renforcé leur coopération avec leurs homologues étrangers afin d'aider au gel et à la confiscation de ses avoirs illicites à l'étranger, selon la CNS.

La Chine a demandé à la Suède de coopérer dans l’enquête sur M. Qiao et de l'extrader en Chine pour y être jugé. En juin 2018, il avait été arrêté et placé en détention criminelle à Stockholm. Depuis l'année dernière, les autorités chinoises ont envoyé à plusieurs reprises des équipes en Suède pour négocier l'extradition de M. Qiao et fourni des preuves solides aux autorités judiciaires suédoises, toujours selon la CNS.

Huang Feng, professeur de droit spécialisé dans l'extradition de fugitifs de l’Université normale de Beijing, a remarqué qu'au cours des cinq dernières années, la Chine avait extradé, rapatrié et persuadé de renvoyer 6 000 fugitifs suspectés de crimes économiques originaires de plus de 120 pays et régions pour qu'ils soient jugés en Chine. « Dans la pratique, aucun des 6 000 fugitifs n'a été torturé pour obtenir des aveux ni condamné à mort. Les autorités judiciaires chinoises attachent une grande importance à la protection de leurs droits fondamentaux et ont rendu des jugements équitables pour chacun d'entre eux », a-t-il noté. 

« La Suède est connue pour être un pays à tolérance zéro en matière de corruption, mais elle est désormais ouvertement devenue un refuge pour un criminel corrompu. C'est incroyable », a écrit un internaute appelé « Puissance de la Justice » sur Weibo. « Le tribunal suédois a pris la mauvaise décision en décidant de ne pas extrader M. Qiao, ce qui sera condamné par le monde entier. »


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Source:french.china.org.cn