Dans la dernière menace américaine contre l'Allemagne au sujet de l'utilisation de la technologie 5G Huawei, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a émis un avertissement vendredi, indiquant qu'il était risqué de permettre à la société de télécommunications chinoise de construire l'infrastructure réseaux de données haut débit 5G.
M. Pompeo a également réitéré une menace voilée, laissant entendre que les États-Unis pourraient refuser de partager des informations avec des pays potentiellement compromis du fait de leur utilisation de réseaux basés sur la technologie chinoise, a rapporté l'agence de presse allemande DPA.
De son côté, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a exprimé un point de vue différent, affirmant que l'Allemagne appliquait des "normes de sécurité élevées". Toute entreprise jugée non conforme à ces normes sera exclue de la construction du réseau 5G allemand, a-t-il ajouté, sans toutefois nommer Huawei.
Au fil des mois, les États-Unis ont fabriqué toute une série de sujets pour inciter le public à croire que Huawei a des problèmes de sécurité, afin de tenter d'éliminer la société chinoise.
Bien qu'accusant Huawei de pouvoir utiliser son équipement de réseau pour espionner des nations étrangères pour le compte du gouvernement chinois, le gouvernement américain n'a pourtant produit aucune preuve tangible à l'appui de ses accusations.
Cependant, ce sont les victimes innocentes dans les chaînes mondiales du secteur des télécommunications qui en subiront les conséquences.
Les plus hauts diplomates allemand et américain ont également exprimé des points de vue divergents sur l'accord historique sur le nucléaire iranien, signe supplémentaire de l'escalade des tensions transatlantiques sur le commerce et la sécurité.
M. Maas a déclaré que l'Allemagne avait "les mêmes objectifs" mais "des approches différentes" par rapport aux États-Unis, a rapporté DPA. Les deux pays souhaitent dissuader l'Iran d'acquérir des armes nucléaires et attendent de Téhéran qu'il réponde aux questions concernant son programme de missiles balistiques.
"Nous sommes d'accord sur le fait que nous devons éviter que l'Iran obtienne des armes nucléaires. Et ce n'est un secret pour personne aussi, nous avons des points de vue différents sur la manière d'y parvenir", a ajouté M. Maas.
L'Allemagne tente de sauver l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, qui vise à empêcher l'Iran de développer des armes nucléaires, tandis que les États-Unis, qui ne sont plus parties à l'accord, exercent des pressions sur Téhéran au moyen de sanctions économiques.
Mike Pompeo a également rencontré la chancelière allemande Angela Merkel, qui a déclaré que les États-Unis "sont et restent notre partenaire le plus proche".
Pour autant, ces derniers temps, les relations entre l'Allemagne et les États-Unis n'ont pas été exemptes de tensions. Jeudi soir, à l'université américaine d'élite Harvard à Cambridge, Mme Merkel s'est ainsi nettement démarquée des politiques nationalistes et protectionnistes.
"Plus que jamais, nous devons penser et agir de manière multilatérale plutôt qu'unilatérale", a dit Mme Merkel. Elle a été ovationnée pour avoir demandé que les gens ne "décrivent pas le mensonge comme une vérité et la vérité comme un mensonge".
