Réactions prudentes à Maurice après le vote à l'ONU demandant à Londres de rétrocéder l'archipel des Chagos (SYNTHESE)

Les réactions étaient prudentes à l'île Maurice jeudi au lendemain du vote de l'Assemblée générale des Nations Unies exhortant la Grande-Bretagne à mettre fin à son administration de l'archipel des Chagos dans les plus brefs délais et reconnaître la souveraineté de Maurice sur ce territoire.

"Nous aurions pu espérer qu'un pays qui a un comportement qualifié de non respectueux de la loi y mette fin. Maurice a proposé de travailler en collaboration avec le Royaume-Uni pour présenter une résolution commune. Maurice est extrêmement déçue par la position du Royaume-Uni", a déclaré le Premier ministre mauricien Pravind Jugnauth lors d'une conversation téléphonique depuis New York avec les médias mauriciens après le vote mercredi soir. Selon lui, le Royaume-Uni a "fait preuve d'une arrogance impérialiste". "Attendons maintenant de voir la position des Etats-Unis", a-t-il dit.

Le leader de l'opposition, Xavier-Luc Duval, a affirmé pour sa part que c'était une "grande victoire de la République" et a appelé le gouvernement à continuer le combat pour un retour des Chagossiens sur leur terre natale.

Du côté des Chagossiens, l'optimisme est de mise. C'est "une grande claque que les Britanniques ont reçue, ainsi que leurs complices, les Américains. Le vote est clair", a déclaré le leader du Groupe réfugiés Chagos, Olivier Bancoult.

"116 pays ont voté en notre faveur. Au lieu de voir progresser le soutien pour le Royaume-Uni, le nombre de votes en faveur de ce pays est tombé à six. L'heure est venue pour l'Angleterre de laisser les Chagossiens retourner aux Chagos et y vivre leur vie, comme avant. C'est ce que nous espérons," a dit M. Bancoult.

Il estime par ailleurs que l'adoption de cette résolution "montre notre détermination".

"Notre contribution est importante, surtout pour ceux d'entre nous qui ne sont plus de ce monde et ont toujours cru que la vérité triompherait. Prochainement, nous entrerons aux Chagos, et personne ne pourra nous en empêcher", a-t-il déclaré au quotidien l'Express à sa descente d'avion jeudi matin.

Les Chagossiens étaient réunis au Centre des réfugiés Chagos, à Pointe aux Sables, au sud de Port-Louis, pour suivre les débats de l'Assemblée générale de l'ONU retransmis à la télévision nationale mercredi soir.

"Je suis ravie que le gouvernement ait décidé de porter le dossier Chagos devant l'Assemblée générale des Nations Unies", a déclaré Mimose Farcy, une native de Peros Bahnos âgée de 64 ans. Arrivée à Maurice en 1968, elle demande au gouvernement britannique de "reconnaître ses torts".

"Les Britanniques doivent se mettre à notre place pour ressentir le mal qu'une déportation peut faire à un être humain. Je suis confiante de remettre un jour les pieds sur mon île natale", dit-elle.

"Je fais un rêve éveillé. Aujourd'hui, plus que jamais, je suis convaincue d'un retour aux Chagos. Le monde est en notre faveur et les Britanniques doivent se résigner. C'est fini! Justice a été rendue", ajoute, de son côté, Nella Gaspard née sur Diego Garcia, l'île qui abrite une base militaire américaine. "Du coup, je me vois déjà à Diego Garcia...", rêve-t-elle.

116 pays membres de l'Assemblée générale des Nations Unies ont voté en faveur de la résolution de Maurice sur le dossier Chagos mercredi dernier. 56 pays se sont abstenus et 6 ont voté défavorablement. Fi