La Chine déçue par le projet de hausse des droits de douane américains

La Chine a exprimé sa profonde déception mercredi à l’égard du projet américain visant à augmenter les droits de douane sur les importations en provenance de Chine à compter de vendredi, affirmant qu'elle prendrait les contre-mesures nécessaires si cette hausse entrait en vigueur.

La hausse prévue droits de douane sur les importations chinoises d’une valeur de 200 millions de dollars de 10 % à 25 % a été enregistrée par le bureau du représentant américain au Commerce, et l’enregistrement apparaissait mercredi au Registre fédéral, a rapporté l'agence Associated Press.

En réponse, un porte-parole anonyme du ministère du Commerce a déclaré dans un communiqué publié sur le site Web que l'intensification des différends commerciaux ne servait pas les intérêts de la population des deux pays et du monde.

Les principaux organismes commerciaux américains ont exhorté le gouvernement de M. Trump à éviter de nouvelles tensions en augmentant soudainement les droits de douane vendredi, alors que des experts ont déclaré qu'il était judicieux que la Chine poursuive les négociations de manière mesurée.

« C'est une situation difficile pour les producteurs de soja », a déclaré mardi Davie Stephens, le président de l’Association américaine du soja. M. Stephens, un producteur de Clinton, dans le Kentucky, note en effet que les prix en baisse et les stocks d’invendus devant doubler avant le début de la récolte de 2019 en septembre, les agriculteurs ont un besoin urgent du marché chinois. « Nous avons besoin d'une résolution positive de ce différend tarifaire en cours, et non d'une nouvelle escalade des tensions », a-t-il déclaré dans un communiqué publié sur le site Web de l’association.

Nicole Kaeding, vice-présidente des projets fédéraux et spéciaux de la Fondation fiscale, basée à Washington, estime que si le gouvernement de M. Trump mettait les menaces à exécution, ce seraient les contribuables américains, et non les contribuables chinois, qui en subiraient les conséquences, avec des prix plus élevés et moins d’opportunités d'emplois.

Le Conseil de l'industrie des technologies de l'information a également mis en garde contre toute nouvelle augmentation des droits de douane. « L'augmentation des droits de douane ne fera que nuire aux consommateurs américains et aux entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, ainsi qu'à la croissance économique américaine et au leadership en matière d'innovation », a déclaré Naomi Wilson, directrice des politiques pour l'Asie de l’organisation. 

Les fabricants américains de produits chimiques ont également appelé à des solutions de politique commerciale judicieuses.

Cal Dooley, président et PDG du Conseil américain de la chimie, a déclaré lundi que les risques d’un recours continu aux droits de douane comme tactique de négociation avec la Chine sont tout simplement trop élevés et que les bénéfices potentiels restent incertains.

Plusieurs organisations, dont « Tariffs Hurt the Heartland » – la campagne nationale composée de plus de 150 des plus grandes organisations commerciales américaines dans les domaines de la vente au détail, de la technologie, de la fabrication et de l'agriculture – ont récemment souligné l'impact négatif de la hausse des droits de douane sur l'économie et le marché du travail aux Etats-Unis. 

Ils ont fait référence un rapport publié en février par Trade Partnership Worldwide selon lequel l'augmentation des droits de douane à 25 %, sur 200 milliards de dollars de marchandises combinée aux droits déjà en vigueur ainsi qu'aux mesures de rétorsion attendues de la part de la Chine, coûteraient 934 000 emplois américains et réduirait le PIB américain de 0,37 %.

Selon les données de l'Administration générale des douanes, les échanges commerciaux bilatéraux entre la Chine et les Etats-Unis ont diminué de 11,2 % en glissement annuel pour s'établir à 1 100 milliards de yuans (162,5 milliards de dollars) entre janvier et avril.

Le fait que Beijing continue d’envoyer une délégation aux Etats-Unis pour des négociations commerciales est « très sage de la part de la Chine », a déclaré Gary Hufbauer, chercheur principal et expert commercial à l'Institut Peterson pour l'économie internationale à Washington.

Douglas H. Paal, vice-président du programme Asie au Carnegie Endowment for International Peace, a remarqué qu'il était « logique de poursuivre les négociations, car dans le cas contraire, cela enverrait un signal grave aux marchés ».

Le vice-Premier ministre Liu He se rendra aux Etats-Unis jeudi et vendredi pour participer à la onzième série de consultations bilatérales sur les questions commerciales.