Sonia Bressler : pour mettre en accord "le rêve chinois" avec "les rêves des autres peuples du monde" (INTERVIEW)

La Chine a construit son rêve de façon progressive afin de sortir sa population de la pauvreté, ce qui constitue une force incroyable, a déclaré Sonia Bressler, écrivaine française, dans une récente interview exclusive accordée à l'Agence de presse Xinhua.

Pour elle, le rêve chinois est un "projet collectif", une expression qui ne peut pas être comprise par les Occidentaux de la même manière que par les Chinois. Afin de mieux comprendre, il faut aller en Chine pour le découvrir personnellement.

C'est en 2005 que Mme Bressler a visité la Chine pour la première fois. Ce voyage lui a permis d'exaucer son rêve d'enfance, celui de voir les paysages de la Chine et connaître sa culture.

Elle a rappelé que "quand on est élevé en Occident, on a souvent une pensée pas positive de la Chine, mais parce qu'on ignore tout de la Chine (...) on n'est pas éduqués à comprendre la civilisation chinoise. Ça m'a tellement choquée (de voir) que finalement, quand je suis arrivée, j'avais tellement d'a priori".

Pour elle, une histoire qui lui est arrivée pendant son premier voyage reste inoubliable. Mme Bressler a pris le train de Moscou à Beijing, le trans-Mandchourien, et en passant par la gare de Harbin, elle a rencontré deux femmes chinoises à bord.

"Elles jouaient aux cartes, elles avaient leurs habitudes de vie, etc. Et puis elles trouvaient que je ne mangeais pas assez et elles m'ont offert une tomate, ce qui peut paraître rien pour quelqu'un mais pour moi c'était beaucoup, c'était un cadeau important", a-t-elle confié.

"Je n'arrivais pas à leur exprimer que j'étais contente. Elles ne comprenaient pas pourquoi je n'arrivais pas à exprimer quelque chose. On a essayé de se comprendre, et à partir de là je me suis dit, je dois découvrir. Je veux comprendre, je veux rencontrer la Chine de l'intérieur, comprendre les individus", a-t-elle continué à partager.

Depuis 2005, elle a effectué six voyages en Chine. Ses voyages ont permis à cette grande voyageuse de constater les progrès accomplis par le développement social de la Chine.

En tant que docteure en philosophie et épistémologie, Mme Bressler se donne pour mission d'écrire et d'apporter un regard différent. Elle pense que c'est une erreur ancestrale des Occidentaux de voir la Chine d'un œil déformé. "C'est un aveuglement de notre côté qui ne nous permet pas de voir ce que la Chine est en train de faire", c'est-à-dire de réaliser le rêve chinois.

Elle a expliqué que "c'est le point sur lequel je travaille aujourd'hui. J'analyse beaucoup, c'est l'une des logiques sur lesquelles je voudrais écrire un livre qui soit une analyse du discours des médias francais sur la Chine. J'ai commencé un travail où j'ai noté toutes les expressions négatives qu'ils lisaient en permanence".

Parlant du rêve chinois, elle a indiqué que la nation chinoise a son propre rythme, son propre vécu et sa propre vision. C'est ça qui est le plus important, c'est cette vision-là qu'il faut montrer. "Ce qui m'intéresse, c'est que vous avez apporté quelque chose qui n'existe plus chez nous, qui est une vision commune. Nous, on est très individualiste. C'est cette confrontation qui est intéressante", a-t-elle souligné.

Le rêve chinois "est visionnaire sur le long terme, il offre la possibilité d'inventer quelque chose de nouveau, fondé sur le partage et la compréhension mutuelle", a estimé la Française, et il faut mettre en accord "le rêve chinois" avec "les rêves des autres peuples du monde" par la pédagogie, avec du temps. A son sens cela passera par la culture, par le biais des nouvelles générations, des échanges et des fusions culturelles.

Mme Bressler a son propre rêve chinois, celui de poursuivre sa découverte de la Chine : "le rêve ne change pas, je veux comprendre la Chine".