France : vive réaction de la majorité après la publication d'un rapport accablant du Sénat sur l'affaire Benalla

Par : Vivienne |  Mots clés : Affaire Benalla
French.china.org.cn | Mis à jour le 22-02-2019

La publication d'un rapport accablant pour l'Elysée sur l'affaire Benalla -du nom de l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron- par la commission des Lois du Sénat, a fait vivement réagir l'exécutif et la majorité présidentielle.

Dans ce rapport rendu public mercredi dernier, les sénateurs énumèrent une série de "dysfonctionnements majeurs", notamment sur le rôle de M. Benalla dans la protection rapprochée du président Macron. "La liberté et les pouvoirs excessifs (de M. Benalla, NDLR) témoignent de l'imprudence de la présidence de la République", indique le document.

La commission sénatoriale réclame des poursuites contre M. Benalla pour "faux témoignage" et pointe du doigt ses supérieurs hiérarchiques que sont le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, le directeur de cabinet, Patrick Strzoda, et le chef du groupe de sécurité de la présidence, le général Lionel Lavergne.

Selon les sénateurs, ces trois haut fonctionnaires ont "mis au jour dans leur déclarations un certain nombre d'omissions, d'incohérences et de contradictions (...) et retenu une part significative de la vérité" à la commission. Le Sénat veut saisir le parquet afin de statuer sur leurs déclarations, recommandant par ailleurs de réformer le cadre réglementaire du groupe de sécurité de la présidence de la République afin d'en finir avec les "collaborateurs officieux".

Ce rapport du Sénat -dominé par la droite (LR)- sonne comme une déclaration de guerre pour la majorité présidentielle qui n'a pas tardé à apporter la réplique. Le Premier ministre Edouard Philippe l'a qualifié jeudi de "politique". "La commission d'enquête du Sénat et le Sénat ont choisi de se livrer à une appréciation qui est très politique. Je n'en suis pas surpris mais, comme j'ai un attachement très vif et très grand au principe de séparation des pouvoirs, j'en suis un peu déçu", a-t-il indiqué.

La présidence de la République est la clef de voûte des institutions et, traditionnellement, les chambres ne se mêlent pas de son organisation interne, a dit M. Philippe. Sur le fond, il a rappelé que la justice était déjà saisie de l'affaire Benalla et que "la séparation des pouvoirs là encore implique que le Parlement ou le gouvernement ne se saisissent pas du déroulement interne d'une procédure judiciaire", a-t-il insisté. Quant aux accusations contre les trois hauts fonctionnaires de l'Elysée, M. Philippe les a jugées "incompréhensibles et souvent injustes".

Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, avait déjà dénoncé mercredi les "contre-vérités" du rapport sénatorial et promis des réponses "factuelles" de l'Elysée. La porte-parole de la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé, a pointé les mêmes manquements et fustigé une instrumentalisation politique du Sénat. "Non, il n'y a pas de collaborateurs officieux! Le Sénat fait de la politique avec ce rapport et est très largement hors du champ qu'il s'est lui même fixé", a-t-elle tweeté mercredi.

La majorité présidentielle accuse depuis le départ l'opposition qui a réclamé la création de commissions d'enquête parlementaires de vouloir utiliser ce dossier pour déstabiliser le président Macron et son camp.

La commission des Lois du Sénat s'est défendue jeudi soir. Dans un communiqué publié sur son site, elle a indiqué son "profond attachement au principe de séparation des pouvoirs qu'ils (sénateurs) ont scrupuleusement respecté". Elle a estimé que "pour la maturité de la démocratie, il importe aussi que la mission fondamentale du Parlement dans ses pouvoirs de contrôle soit pleinement respectée".

Alexandre Benalla a été placé en détention provisoire mardi dernier pour violation du contrôle judiciaire dans l'affaire des enregistrements sonores diffusés par le site d'investigation Médiapart, où l'on entend M. Benalla communiquer avec Vincent Crase, également cité dans le dossier, alors qu'ils avaient interdiction d'être en contact.

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Source: Agence de presse Xinhua
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