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La Chine reproche aux Etats-Unis d'utiliser le pouvoir de l’Etat pour ternir des entreprises chinoises

French.china.org.cn | Mis à jour le 30. 01. 2019 | Mots clés : Huawei

La bataille juridique aura un « impact limité » sur Huawei

La Chine a appelé mardi les Etats-Unis à cesser leur répression injustifiable contre Huawei et a demandé au Canada de retirer immédiatement le mandat d'arrêt à l'encontre de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, alors que le département de la Justice américain a officiellement engagé lundi des poursuites au pénal contre la société chinoise et contre Mme Meng et a également fait une demande officielle d’extradition au Canada pour Mme Meng.

Le dépôt de cette demande coïncide avec les prochaines négociations commerciales de haut niveau entre les deux pays, prévues mercredi et jeudi à Washington. Les décisions américaines créent des incertitudes quant au fait que les deux parties puissent conclure un accord mettant fin à la guerre commerciale en cours.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a déclaré mardi lors d’une conférence de presse régulière que la Chine était extrêmement préoccupée par les accusations des Etats-Unis contre Huawei et Mme Meng.

« Depuis quelque temps, les Etats-Unis utilisent le pouvoir de l’Etat pour ternir et attaquer certaines entreprises chinoises dans le but d'étouffer leurs opérations licites et légitimes. Derrière de telles pratiques se cachent de profondes intentions et manipulations politiques », a avancé M. Geng.

En ce qui concerne la demande d’extradition des Etats-Unis au Canada, la Chine a entrepris des démarches solennelles auprès des Etats-Unis et du Canada. La Chine a exprimé son profond mécontentement et son opposition résolue au mépris affiché par les Etats-Unis envers la démarche solennelle de la Chine ainsi que contre leur insistance à présenter une demande d'extradition au Canada, a déclaré M. Geng. « Nous exhortons une nouvelle fois les Etats-Unis à retirer immédiatement leur mandat d'arrêt et leur demande d'extradition officielle de Mme Meng Wanzhou », a-t-il ajouté.

Le gouvernement américain a officiellement envoyé au Canada une demande d'extradition pour Mme Meng. Cela a été confirmé par le ministère canadien de la Justice lundi, a rapporté le média canadien Global News.

Le département américain de la Justice a également accusé lundi Huawei d'avoir volé des secrets commerciaux, d'entraver la justice et de s’être livré à des fraudes bancaires en se soustrayant à des sanctions économiques contre l'Iran.

« Sur le cas de Mme Meng, la Chine a clairement indiqué sa position stricte à plusieurs reprises. Les Etats-Unis et le Canada ont abusé de leur accord bilatéral d'extradition et ont pris des mesures obligatoires contre un citoyen chinois sans raison. De tels actes violent gravement les droits et les intérêts légitimes du citoyen chinois », a avancé M. Geng.

Des experts chinois ont affirmé que les Etats-Unis étaient nerveux et désespérés, tentant de réprimer un concurrent en plein essor qui a réalisé de grandes avancées dans les domaines de la science et de la technologie.

Ces experts ont averti que la Chine devait se préparer à une « longue bataille juridique » pour faire face à la persécution injustifiée et aux tentatives déraisonnables des Etats-Unis.

« L'utilisation d'outils judiciaires à des fins politiques n'est pas une nouvelle tactique dans la diplomatie américaine lorsqu'elle veut désespérément réprimer son rival », selon Diao Daming, expert en études américaines à l'Université Renmin de Chine à Beijing.

« le gouvernement chinois et Huawei doivent exposer au monde la vérité sur les ruses américaines. Les Etats-Unis sont de plus en plus inquiets des réalisations des entreprises chinoises en sciences et technologies », a-t-il affirmé.

Huawei Technologies a déclaré qu'elle était déçue d'apprendre les accusations criminelles que les Etats-Unis ont officiellement annoncées, et l’entreprise a démenti le fait que ses filiales et groupes affiliés ont commis les violations les visant.

« La société a cherché une occasion de discuter de l'enquête menée par le tribunal du district oriental de New York avec le ministère de la Justice, mais la demande a été rejetée sans explication », a fait savoir Huawei dans un communiqué envoyé mardi au Global Times.

Le communiqué indique aussi que la compagnie n’était au courant d’aucune faute de la part de sa directrice financière Meng Wanzhou et que Huawei estime que les tribunaux américains arriveront finalement à la même conclusion.

« Ne soyez pas manipulés »

« Nous exhortons également le Canada à prendre au sérieux la position solennelle de la Chine, à libérer immédiatement Mme Meng et à garantir ses droits et intérêts légaux et légitimes, ainsi qu’à cesser de mettre en péril ses propres intérêts nationaux pour le bénéfice des Etats-Unis », a déclaré M. Geng.

Il y a deux conséquences possibles pour le Canada, a noté Li Haidong, professeur à l’Université chinoise des Affaires étrangères, basée à Beijing.

« Premièrement, faire avancer le processus judiciaire objectivement sans influence politique des Etats-Unis, auquel cas Mme Meng ferait très probablement appel et serait libérée; deuxièmement, accepter la manipulation politique des Etats-Unis et procéder à l'extradition, auquel cas les relations entre la Chine et le Canada seraient bien pires qu’aujourd’hui et le Canada subirait à coup sûr des représailles plus sévères ».

Si le Canada est véritablement indépendant du point de vue de la justice, il ne peut que faire avancer le processus judiciaire et ignorer les manipulations politiques derrière cette affaire, car il n’est pas difficile de réaliser que l’affaire ne s’applique pas au traité d’extradition. Mme Meng serait libérée et les relations sino-canadiennes pourraient être immédiatement réparées, a affirmé M. Li.

« Le Canada n'a pas besoin de s'inquiéter pour les Etats-Unis, parce que ces derniers ne feraient que blâmer leurs propres agences ou ministères qui n'ont pas fourni de preuves concrètes et se sont humiliés, plutôt que le Canada, si la cour canadienne rend un jugement impartial », a-t-il poursuivi.

L'ancien ambassadeur canadien en Chine, John McCallum, est sorti de la réserve exigée de tout représentant officiel du gouvernement et a déclaré la semaine dernière que Mme Meng disposait d’un dossier très solide devant les tribunaux contre une extradition américaine. Il a ainsi été ensuite limogé par le Premier ministre canadien Justin Trudeau sous la pression de forces politiques conservatrices.

Herb Dhaliwal, un ancien ministre ayant travaillé avec M. McCallum dans le gouvernement de Jean Chrétien, a déclaré que le limogeage de M. McCallum et l'arrestation de Mme Meng avaient mis à mal les relations entre le Canada et la Chine que M. Chrétien avait cultivées.

Un long combat juridique

Il est temps pour Huawei de combattre les accusations américaines devant les tribunaux, a indiqué mardi au Global Times Fu Liang, un expert du secteur des télécommunications basé à Beijing.

« Huawei a affirmé qu'elle opérait dans le strict respect des lois en vigueur. La bataille juridique ne correspondra ainsi peut-être pas à ce que les Etats-Unis attendent. Une chose est sûre, Huawei n'est pas ZTE », a ajouté M. Fu.

Cet analyste a souligné qu’en tant que société mondiale, Huawei s’était mieux conformée à la loi que ZTE. Etant l’un des principaux fournisseurs mondiaux d'équipements de télécommunications, ZTE a connu des difficultés l'année dernière après que le département américain du Commerce a activé une ordonnance d’interdiction d’achat en avril contre la société chinoise.

ZTE a conclu un accord avec les Etats-Unis en juin, selon lequel elle a accepté de payer une amende d'un milliard de dollars, de mettre 400 millions de dollars sur un compte séquestre et de remplacer l'ensemble de son équipe de direction en échange de la levée de l'interdiction américaine.

« Ce sera une longue bataille pour Huawei, mais l'affaire n'aura qu'un impact limité sur la société, car elle n'est pas gérée uniquement par Mme Meng. Ils agiront et répondront à ces accusations par le biais de procédures judiciaires », a fait savoir Xiang Ligang, directeur général du site d’informations spécialisé dans l'industrie des télécommunications cctime.com.

Le traité d’extradition de longue date conclu entre les Etats-Unis et le Canada exige qu’une infraction pour laquelle l’extradition est demandée doit être un crime dans les deux pays, principe également connu sous le nom de « principe de double incrimination », a déclaré au Global Times Long Z. Liu, un avocat travaillant en Californie, qui a suggéré que les actions présumées de Mme Meng ne sont pas un crime au Canada et, en tant que telle, la demande d'extradition ne peut être satisfaite.

Le département américain de la Justice a également annoncé lundi des accusations contre Huawei pour avoir prétendument volé des secrets commerciaux de T-Mobile. Les accusations découlent d'une poursuite en matière de secrets commerciaux civils intentée par T-Mobile en 2014 au sujet d'un robot baptisé « Tappy », utilisé pour tester des smartphones, a rapporté CNBC. Le moment de la révélation de ces accusations est un peu trop fortuit, selon M. Liu, et pourrait donc être politique, a-t-il avancé.

Un jury de Seattle a statué en 2017 que Huawei devrait verser 4,8 millions de dollars à T-Mobile car la société chinoise avait violé un contrat de fourniture avec l’opérateur américain, sans toutefois allouer de dommages et intérêts pour les accusations de vol de secrets commerciaux.

« L'affaire a été tranchée il y a des années, et a maintenant été évoquée de nouveau dans les dossiers d'accusation du département de la Justice, ce qui est anormal », a affirmé M. Liu.

Le département américain de la Justice a dévoilé lundi deux actes d'accusation contre Huawei. L'un, envoyé par le district occidental de Washington à Seattle, affirme que Huawei aurait dérobé des secrets de T-Mobile, et l'autre accuse Huawei d'avoir contourné les sanctions américaines imposées à l'Iran.

Les accusations ne sont que des allégations, a avancé M. Liu, rappelant que les accusés sont présumés innocents jusqu'à ce que leur culpabilité ait été établie par un tribunal.

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Source:french.china.org.cn