Le Parlement européen veut une profonde refonte de l'évaluation et de l'autorisation des pesticides (SYNTHESE)

Par :  |  Mots clés : UE-PE-pesticides
French.china.org.cn | Mis à jour le 17-01-2019

Au lendemain d'une nouvelle polémique autour du groupe agrochimique Monsanto, le Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg, a adopté à une très large majorité, mercredi, un rapport exhortant à une profonde refonte de l'évaluation et de l'autorisation des pesticides dans l'Union européenne.

"Les récentes révélations de plagiat confirment les travaux de notre commission d'investigation. Nous pressons la Commission européenne de remettre à plat le système d'autorisation des pesticides en Europe et de procéder à une réévaluation sans délai du glyphosate", a déclaré, mercredi, à Strasbourg, l'eurodéputé socialiste français Eric Andrieu, président de la commission spéciale du Parlement européen (PE).

Le glyphosate, mis au point par l'entreprise américaine Monsanto avant son rachat par l'Allemand Bayer, est le principe actif du Round up, l'herbicide le plus vendu au monde.

La licence européenne du glyphosate expirait fin 2017. Son renouvellement avait entraîné de vifs débats au sein de l'UE et avait été au final adopté pour cinq ans.

L'autorité européenne de sécurité des aliments, l'Efsa, est soupçonnée d'être sous l'influence de Monsanto.

Selon une étude commanditée par des eurodéputés rendue public mardi, plus de 72 % du travail du BfR (l'autorité fédérale allemande d'évaluation des risques) - sur lequel s'est basé l'Efsa - sur les dangers pour la santé que représente le glyphosate sont des copiés-collés d'études des entreprises le produisant.

"C'est extrêmement inquiétant de voir que jusqu'à 50% de certains chapitres du rapport du régulateur allemand ont été écrits par Monsanto. Une fraude d'autant plus grave qu'elle concerne les parties dans lesquelles les industries ont évincé les études mettant en garde contre la dangerosité du glyphosate", s'est ému mercredi l'eurodéputé belge Bart Staes, du groupe des Verts/EFA, co-rapporteur pour la Commission PEST (commission mise en place suite aux "Monsanto Papers" pour contrôler les mécanismes d'évaluation).

"La commission spéciale a mis en lumière de sérieuses failles dans la procédure d'autorisation des pesticides. Le rapport de la commission et le PE exigent désormais des améliorations significatives. Le soutien massif en faveur d'une réforme de la procédure d'autorisation, via plus de transparence et une recherche indépendante, est un signal d'alarme pour les gouvernements de l'UE et la Commission européenne, ainsi qu'un moyen de rétablir la confiance des citoyens dans le processus décisionnel européen", a-t-il ajouté.

"La santé publique ne peut plus passer après les intérêts de l'industrie chimique", s'est de son côté indignée la coordinatrice des Verts européens-ALE pour la commission PEST, Michèle Rivasi.

Le rapport adopté mercredi par 526 voix pour, 66 contre et 72 abstentions demande une profonde refonte de l'évaluation et de l'autorisation des pesticides.

"Les députés sont convenus que les citoyens devraient avoir accès aux études utilisées dans la procédure d'autorisation d'un pesticide, y compris toutes les données et informations relatives aux demandes", écrit le Parlement européen.

"Au cours de la procédure, les demandeurs devraient être tenus d'enregistrer toutes les études réglementaires qui seront menées dans un registre public et de prévoir une "période de commentaires" durant laquelle les parties prenantes pourront fournir des données existantes supplémentaires pour s'assurer que toutes les informations pertinentes sont prises en compte avant qu'une décision soit prise", ajoutent les eurodéputés.

Ils exhortent par ailleurs la Commission européenne à "proposer des mesures pour protéger les groupes vulnérables et à mettre fin à l'épandage de pesticides sur de longues distances à proximité d'habitations, d'écoles, de crèches, de terrains de jeux, d'hôpitaux, de maternités ou d'établissements de soins".

Enfin, ils estiment que l'évaluation post-commercialisation devrait être renforcée. La Commission européenne devrait lancer une étude épidémiologique sur l'impact réel des pesticides sur la santé humaine, insistent-ils. Ils proposent que les études existantes sur la cancérogénicité du glyphosate soient réexaminées et que des limites maximales de résidus pour les sols et les eaux de surface soient fixées.

Environ huit mille requêtes judiciaires visent actuellement l'herbicide au glyphosate de Monsanto aux Etats-Unis, récemment condamné à verser 289 millions de dollars à un jardinier qui utilisait ce produit. F

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Source: Agence de presse Xinhua
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