Kim Jong-un effectue une visite de 4 jours à Beijing

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un est arrivé à Beijing à la recherche d'une avancée décisive dans les pourparlers sur la dénucléarisation et les moyens d'améliorer les relations avec les Etats-Unis.

Si la Corée du Nord obtient des résultats positifs et historiques dans ces pourparlers avec les Etats-Unis, les analystes chinois ont remarqué que 2019 pourrait être une année aussi fondamentale pour la Corée du Nord que 1979 l’avait été pour la Chine, faisant un parallèle avec l'année où la Chine et les Etats-Unis avaient établi des relations diplomatiques officielles au début de la politique de réforme et d’ouverture.

Sur l'invitation de Xi Jinping, secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et président chinois, Kim Jong-un, secrétaire général du Parti des travailleurs de Corée et président de la Commission des affaires d'État de Corée du Nord, effectue une visite en Chine, a rapporté mardi l'agence de presse Xinhua. Il est prévu que M. Kim soit en Chine de lundi à jeudi, a fait savoir un porte-parole du département international du Comité central du PCC à Beijing.

La visite de M. Kim a lieu alors que la Corée du Nord et les Etats-Unis préparent un deuxième Sommet des dirigeants, ce qui incite certains médias et observateurs chinois à spéculer sur le fait que M. Kim souhaite consulter la Chine sur cette rencontre avec M. Trump.

Les discussions sur « les questions majeures de sécurité politique, de développement économique et de stratégie » sont devenues une tradition dans les relations entre la Chine et la Corée du Nord au début de la nouvelle année, a déclaré Wang Junsheng, chercheur en études sur l'Asie de l'Est à l'Académie des sciences sociales, au Global Times mardi.

Le fait d’effectuer une visite en Chine avant une rencontre avec M. Trump semble être une nouvelle tradition dans les relations entre la Chine et la Corée du Nord, a pour sa part remarqué Zheng Jiyong, directeur du Centre d'études coréennes de l'Université Fudan de Shanghai, dans le Global Times. M. Kim s'est en effet rendu en Chine à trois reprises, en mars, mai et juin 2018. Les visites de mars et de mai avaient eu lieu avant sa rencontre historique avec M. Trump.

Wang Sheng, professeur de relations internationales à l'Université du Jilin, estime que la raison pour laquelle la Corée du Nord avait pu faire un pas audacieux vers la dénucléarisation et l'engagement avec les Etats-Unis en 2018 était « principalement en raison de sa confiance à l’égard de la Chine ».

Le rôle clé de la Chine

Bien que les deux parties prévoient un deuxième sommet, la situation n’incite pas vraiment à l’optimisme.

Dans son discours du Nouvel An le 1er janvier, M. Kim avait déclaré que si les Etats-Unis « ne tenaient pas la promesse qu'ils avaient faite sous les regards du monde, nous pourrions être contraints de trouver un nouveau moyen de défendre la souveraineté du pays », selon l’Agence de presse centrale coréenne.

L'attitude des Etats-Unis à l'égard des sanctions et de la dénucléarisation semble inchangée, ce qui a entraîné une impasse, ont noté les analystes. « La Corée du Nord et les Etats-Unis étant dans une impasse, le rôle de la Chine sera extrêmement important », estime M. Zheng. « MM. Xi et Trump se sont félicités pour leurs efforts en vue de résoudre la question de la péninsule lors du G20 en Argentine, et après sa réunion avec M. Trump en décembre, M. Xi a invité M. Kim à Beijing en janvier, ce qui montre que la Chine fournit une contribution considérable pour la dénucléarisation de la péninsule », a-t-il souligné.

Des coïncidences remarquées

La visite de M. Kim coïncide avec les négociations commerciales vice-ministérielles entre la Chine et les Etats-Unis et ainsi qu’avec le passage lundi d’un navire de guerre américain au large des îles Xisha en mer de Chine méridionale, conduisant des observateurs et des médias à en conclure que la Chine se servait de la question de la péninsule coréenne pour renforcer sa position sur la table des négociations face aux Etats-Unis.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lu Kang, a déclaré lors du point de presse quotidien de mardi qu’il ne s’agissait que d’une coïncidence. Les positions de la Chine, qu'il s'agisse des frictions commerciales avec les Etats-Unis ou des relations en développement avec la Corée du Nord, sont claires, cohérentes, ouvertes et transparentes, a remarqué M. Lu. « Je ne pense donc pas que nous ayons besoin de faire des tours de passe-passe ou de manœuvrer pour que les Etats-Unis reçoivent nos messages. Les Etats-Unis connaissent exactement la position de la Chine. »

A la question de savoir si la visite du dirigeant nord-coréen était liée à la deuxième réunion de M. Kim avec M. Trump, M. Lu a déclaré que la Chine soutiendrait fermement la poursuite du dialogue entre la Corée du Nord et les Etats-Unis afin d'obtenir des résultats positifs.

Autre coïncidence intéressante : M. Kim aurait célébré son 35ème anniversaire lors de son voyage en Chine. Mardi 8 janvier était en effet la date présumée de son anniversaire, bien que la Corée du Nord n'ait jamais confirmé sa date de naissance.

Une nouvelle ère pour la Corée du Nord

M. Kim devrait également rechercher un soutien supplémentaire pour le développement économique de la Corée du Nord, précise Wang Sheng. « En 2018, les deux parties ont eu des échanges et établi des communications dans de nombreux domaines, notamment les arts, le sport et la culture », a déclaré M. Wang.

Dans le contexte des sanctions américaines, le développement économique est une priorité absolue pour M. Kim, a noté M. Zheng.

Selon Wang Junsheng, M. Kim envisage une nouvelle ère après son deuxième sommet avec M. Trump, qui pourrait ouvrir les portes de son pays à des opportunités de développement considérables. Dans son discours, M. Kim avait en effet déclaré que « tous les secteurs et toutes les unités de travail doivent remplir tous les chiffres des quotas du plan économique national en identifiant et en mobilisant toutes les réserves, les possibilités et les potentiels qui restent, en augmentant la production et en se montrant économe ».

« M. Kim souhaite tirer profit des expériences chinoises en matière de développement économique et d'amélioration des moyens de subsistance des gens ordinaires », estime M. Zheng. « Pour la Corée du Nord, 2019 pourrait être similaire à 1979 pour la Chine », a pour sa part noté Wang Sheng.