La France a connu un nouveau week-end chaotique. Grâce au large dispositif policier, d'importantes pertes ont été évitées dans les grandes villes, dont Paris, et le nombre de manifestants a légèrement diminué. Mais cela ne signifie pas que les protestations des « gilets jaunes » s’essoufflent. La colère populaire ne s'est pas éteinte. Les problèmes du pays restent à résoudre. Il est fort probable que des manifestations aient lieu à nouveau le week-end du 15 décembre.

Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré qu'il s'agissait d'une crise sociale et démocratique ainsi que d'une « crise de la nation » caractérisée par « des fractures territoriales ». Ses remarques ont trouvé un écho dans l’opinion publique.

Au total, 1 723 manifestants ont été arrêtés samedi dans toute la France. La police belge a arrêté quant à elle plus de 450 personnes le même jour. Les revendications des manifestants consistent notamment à maintenir les prestations sociales prévues pour les ménages modestes et à réduire les inégalités de richesse. La faible croissance empêche l'Europe de consacrer de véritables ressources à la résolution de ces problèmes, et les protestations finissent de mettre en péril l'environnement social sur lequel repose le développement. Il s’agit d’un cercle vicieux.

La France et de nombreux autres pays européens doivent approfondir leurs réformes pour relancer leurs économies. Mais dans un contexte de polarisation croissante de l’électorat, il est difficile de faire avancer de telles réformes. Le président français Emmanuel Macron s’est montré ambitieux en la matière. Il a insisté sur des réformes des chemins de fer, de la poste et d'autres, mais il ne s'attendait pas à ce qu’une hausse annoncée de l’éco-taxe sur les carburants devienne la goutte qui fait déborder le vase. Qualifié par ses critiques de « président des riches », il a dû faire marche arrière, apparemment trop tard. Les pays européens manquent de forces politiques capables de montrer la voie, de faire avancer les réformes et de surmonter les difficultés. Les autorités au pouvoir sont confrontées à la division du monde politique et à des intérêts éclatés.

Au moment même où les manifestations se succédaient en France, la Chine a puni dix individus ayant cassé des véhicules et troublé l'ordre public au nom d’anciens soldats. Un rassemblement d'anciens combattants à Pingdu, dans la province du Shandong, a été exploité par un petit nombre d'émeutiers au début du mois d’octobre. L’incident a été maîtrisé, conformément aux attentes de la population.

Bien que ces deux incidents ne soient pas comparables, les dommages causés par toute société dans une situation de chaos sont les mêmes pour les civils. Quel système est le plus stable ? Lequel est le mieux à même de gérer les problèmes et les défis du processus de développement social ? Des comparaisons entre la Chine et l'Occident peuvent être faites.

De manière globale, le système chinois est finement et proactivement réglé à la résolution de tels problèmes. La Chine est fermement convaincue que le développement économique et l’amélioration du niveau de vie sont les priorités absolues de la nation. En revanche, les pays européens comme la France ont une forte tolérance aux perturbations. Si le mouvement des « gilets jaunes » se déroulait dans un pays en développement, une « révolution de couleur » pourrait en découler tôt ou tard. Pour la France, toutefois, le problème peut être repoussé avec des modifications administratives.

Les logiques de développement et de gouvernance de la Chine et de l’Occident sont très différentes. Des pays comme la France donnent plus de liberté, mais manquent de cohésion. Au contraire, la Chine jouit d'une grande cohésion pour accomplir de grandes réalisations, mais sa vitalité et sa flexibilité au sein de la société peuvent être insuffisantes.

En théorie au moins, il est beaucoup plus difficile d'unir une société centrée sur la communauté pour résoudre des problèmes majeurs que d'améliorer la démocratie dans une société cohésive et qui travaille dur. En cette période d'incertitude et de concurrence imprévisible, la cohésion est une denrée politique rare et les pays dotés de cette ressource détiennent naturellement l'initiative.

La Chine devrait apprécier et chérir sa cohésion bien développée. Notre pays devrait nourrir ses forces et contourner ses faiblesses, afin de continuer à consolider la cohésion. Nous devons nous engager à explorer des moyens efficaces pour renforcer la vitalité de la société sans craindre l’exploration nécessaire. Après tout, par rapport à ces efforts, la cohésion est beaucoup plus difficile à atteindre pour les pays européens.