Plus de bénéfices pour l'économie attendus de la micro-finance, en expansion au Cameroun (PAPIER GENERAL)

Par :  |  Mots clés : Cameroun-microfinance
French.china.org.cn | Mis à jour le 23-06-2018

Les attentes sont fortes au Cameroun pour l'augmentation de la participation des établissements de micro-finance au financement de l'économie locale, où cette activité crève l'écran avec une expansion spectaculaire, la plus importante d'Afrique centrale mais qui inquiète les autorités monétaires à cause d'un volume énorme de créances en souffrance.

Selon les statistiques officielles, le système financier de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), qui regroupe le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée équatoriale, la Centrafrique et le Tchad, compte 840 établissements de micro-finance agréés à ce jour par les autorités monétaires.

La majorité de ces institutions (531) se trouvent au Cameroun, où elles sont encouragées à jouer un rôle de maillon essentiel pour le financement de l'économie, surtout en faveur des petites et moyennes entreprises (PME), pour favoriser l'accès aux crédits de celles-ci, contrairement aux services fournis par les banques classiques, peu adaptés aux besoins de ces entités.

C'est le même objectif recherché en ce qui concerne les Camerounais les plus vulnérables, connus comme pour être les principaux laissés-pour-compte du système bancaire classique.

Fin 2017, ce secteur totalisait 3,03 millions de comptes clients, un nombre plus élevé que celui des établissements de crédit, estimé à 2,14 millions, selon Jean-Marie Benoît Mani, le directeur national de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC) et secrétaire général du Comité national de crédit du Cameroun.

A la même date, le total de bilan était établi à 816,4 milliards de francs CFA (1,4 milliard de dollars), représentant un taux de 15,38% de celui des établissements de crédit, tandis que les dépôts s'élevaient à 668,2 milliards de FCFA (1,1 milliard de dollars), soit 16,7% du total des dépôts de ces établissements, rapporte la même source.

Les crédits octroyés atteignaient un montant de 464,3 milliards de FCFA (829,1 millions de dollars), pour une valeur de 14% du total des crédits des établissements de crédit.

Pour l'ensemble des pays de la CEMAC, le total de bilan est établi à 854 milliards de FCFA (1,5 milliard de dollars), les crédits bruts, constitués principalement des crédits à court terme, à 354 milliards de FCFA (632,1 millions de dollars), et les dépôts à la clientèle, constitués pour l'essentiel des dépôts à vue, à 672 milliards de FCFA (1,2 milliard de dollars).

Un excédent de trésorerie de l'ordre de 345 milliards de FCFA (616 millions de dollars) est annoncé.

Pour M. Mani, ces chiffres flatteurs démontrent l'expansion impressionnante de la micro-finance au Cameroun depuis son apparition dans un contexte de grave crise économique et d'exécution d'un train de mesures d'austérité due à un programme d'ajustement structurel au goût amer conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.

Mais, c'est un dynamique en trompe-l'œil qui, après divers scandales de détournements de fonds ayant conduit à la fermeture de certains établissements, fait aujourd'hui découvrir une autre réalité inquiétante, à savoir la détérioration de la qualité du portefeuille de crédits, à cause d'un volume énorme de créances en souffrance.

En 2017, ces créances s'élevaient à 106,4 milliards de FCFA (190 millions de dollars), soit un taux de 22,91% du total de crédits octroyés, contre 13,13% pour les établissements de crédit.

C'est une situation suivie de près par les autorités camerounaises, qui ont poussé en 2017 à la création sous l'égide du Comité national de crédit d'une centrale des risques des établissements de micro-finance pour stopper l'état de sinistre constaté de cette activité et pour accroître sa participation au financement de l'économie et l'accès au crédit des populations pauvres.

En exploitation officielle, après plusieurs mois d'expérimentation, cette centrale des risques se veut un outil de décision visant à permettre d'affiner les décisions d'octroi des crédits des établissements de micro-finance, de imiter le surendettement des clients, de réduire les créances en souffrance et d'améliorer le taux de crédits sains octroyés.

Selon le ministre des Finances, Louis-Paul Motaze, c'est un processus destiné à assainir le système financier national et à améliorer les conditions de financement de l'économie, une des réformes préconisées par le FMI pour permettre l'amélioration du climat des affaires au Cameroun, mal noté dans le classement Doing Business établi chaque année par la Banque mondiale.

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Source: Agence de presse Xinhua
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