Bientôt la construction d'un deuxième pont pour mieux rapprocher le Tchad des ports camerounais (PAPIER GENERAL)

Par :  |  Mots clés : Tchad~Cameroun~pont
French.china.org.cn | Mis à jour le 19-06-2018

Les travaux de construction d'un deuxième pont sur le fleuve Logone, frontière naturelle entre le Tchad et le Cameroun, seront bientôt lancés pour permettre de réduire les coûts du transport et de rapprocher davantage le Tchad des ports camerounais de Douala et de Kribi pour son accès à la mer et au marché international, ont annoncé les autorités des deux pays voisins.

D'une longueur de 620 mètres, ce pont servira à relier via une route de 14,1 kilomètres la ville de Yagoua, dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun, et celle de Bongor, au sud du Tchad, d'après les explications.

Ce sera le deuxième pont que les deux pays établiront pour renforcer leurs liens, après celui qui relie directement depuis 2012 à N'Guéli, toujours sur le fleuve Logone, N'Djamena, la capitale tchadienne, et Kousseri, au Cameroun, permettant au Tchad d'acheminer jusqu'au port de Douala, la métropole économique de ce pays, pour le commerce avec le marché international.

Entre N'Djamena et Douala, le trajet est de 1.651 kilomètres, selon les chiffres officiels. Il sera moins long avec le passage par la route et l'autre pont en voie de construction entre Bongor et Yagoua. Ces deux localités sont actuellement reliées par un bac, uniquement dans la journée, la traversée du fleuve se faisant par pirogue dans la nuit, avec quelque fois à la clé des naufrages meurtriers.

Pour la réalisation des deux ouvrages, les deux pays ont mis en place un comité bilatéral de pilotage puis une unité mixte de gestion du projet. Les membres de ces deux organes sont réunis depuis lundi pour trois jours de discussion à Yaoundé, au Cameroun, pour les ultimes réglages en vue du lancement des travaux.

Selon le chronogramme d'activités officiel, cette opération a été programmée au cours de ce mois de juin. L'approbation de la Banque africaine de développement (BAD), le principal bailleur de fonds du projet, le même que pour le pont de N'Guéli avec l'Union européenne (UE), n'ayant pas encore été annoncée, une nouvelle date est attendue, à en croire une source officielle camerounaise.

"Au cours de notre dernière session tenue à Douala (en octobre 2017), nous avions annoncé qu'au courant de ce mois de juin on devait faire la pose de la première pierre. Malheureusement, il se trouve que le dossier d'appel d'offres qui avait été envoyé à la BAD depuis le mois de décembre dernier n'a toujours pas reçu la non-objection", a déclaré à la presse Jean Tchoffo, le secrétaire général du ministère camerounais de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire.

"Nous espérons que ça sera le cas très prochainement, de manière à ce que dans les deux mois on soit en mesure de lancer effectivement ce projet", a-t-il ajouté.

La BAD finance le projet à hauteur de 74 milliards de francs CFA (plus de 132 millions de dollars, au taux actuel) et l'UE 26 milliards de francs CFA (plus de 46,4 millions de dollars), soit un montant total de 100 milliards de francs CFA (plus de 178,5 millions de dollars) alloué par les deux bailleurs de fonds, indique-t-on à l'unité mixte de gestion du projet.

Environ 240 kilomètres séparent Bongor et Moundou, la principale ville du sud du Tchad, lui-même grand bassin agropastoral et minier, notamment connu pour être le site de production des premiers gisements de pétrole brut mis en valeur dans ce pays à Doba (103 kilomètres de Moundou), ressource acheminée depuis 2003 par un pipeline de 960 kilomètres jusqu'aux côtes camerounaises à Kribi (sud).

Pour les autorités tchadiennes, les enjeux de ce projet sont avant tout d'ordre économique, pour le rapprochement de leur pays avec le marché international, l'accroissement de ses échanges et la réduction des coûts du transport réputés élevés pour l'heure.

Selon Mahamat Nguembang, le secrétaire général du ministère tchadien de l'Aménagement du territoire, du Développement de l'habitat et de l'Urbanisme, présent à la session du comité bilatéral de pilotage, entre 2.400 et 2.500 gros camions porte-conteneurs franchissent le pont de N'Guéli chaque semaine.

Avec le futur pont, "les flux de marchandises seront beaucoup plus importants", a-t-il estimé dans un entretien avec Xinhua. "Comme les coûts baissent, le panier de la ménagère connaîtra également un soulagement et il y aura une partie de l'économie qui va être allouée à l'épargne, pour pouvoir améliorer les conditions de vie des populations".

"Nous sommes à plus de 1.000 kilomètres de la mer. Toutes les marchandises qui viennent au Tchad transitent par le Cameroun. La route seule ne suffit pas. Maintenant nous sommes en train de penser qu'il faut développer également le chemin de fer pour pouvoir booster l'économie ", a ajouté le haut responsable gouvernemental tchadien.

Un projet de prolongement du chemin de fer camerounais Douala-Yaoundé-Ngaoundéré jusqu'au Tchad est en effet à l'étude entre les deux pays voisins. Le coût de sa réalisation est estimé à environ 5.000 milliards de francs CFA (près de 9 milliards de dollars).

"De manière naturelle, il y a libre circulation des personnes entre le Tchad et le Cameroun. Nous n'avons pas attendu les textes de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale) pour que cela soit effectif. C'est pour dire que ça le projet de pont entre Bongor et Yagoua va renforcer non seulement nos relations de coopération, mais davantage le commerce entre les deux pays", assure de son côté M. Tchoffo.

Ces infrastructures ne sont pas les seules à avoir été prévues pour servir au renforcement du développement socioéconomique des deux pays. La Banque mondiale accorde aussi des financements pour aider à construire des routes, à l'exemple de l'axe Maroua-Mora-Dabanga-Kousseri au Cameroun en ce moment, et permettre la facilitation du transport sur le corridor Douala-N'Djamena.

Ce projet est plus large et s'étend au corridor Douala-Bangui, en direction de la République centrafricaine (RCA), financé également en partie par la BAD.

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Source: Agence de presse Xinhua
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