Les entreprises chinoises qui font des affaires en Iran resteront dans le pays, a déclaré mercredi un expert chinois, après que le président états-unien Donald Trump a annoncé le retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien.

L'Iran avait attiré l'attention des investisseurs internationaux après la levée des sanctions de l'ONU en 2016, mais le récent changement de politique du gouvernement états-unien devrait affecter les entreprises étrangères qui font des affaires en Iran, surtout après que Trump ait suggéré que des sanctions supplémentaires pourraient être mises en place.

« Les sanctions vont chasser la plupart des entreprises occidentales du pays, tandis que les entreprises chinoises resteront, ce qui leur donnera un avantage naturel », a affirmé Ji Kaiyun, directeur du Centre d'études iraniennes à l’Université normale du Sud-Ouest.

L'ONU a imposé des sanctions à l'Iran en 2006, et les Etats-Unis ont imposé en 2010 de nouvelles sanctions encore plus sévères, faisant sortir l'Iran du système financier international et interdisant aux entreprises de traiter avec ses industries chimiques et pétrolières. L'accord nucléaire iranien de 2015 a conduit à la levée des sanctions de l'ONU en 2016, ce qui laissait penser que l’on pouvait s'attendre à une augmentation du commerce de l’Occident avec l'Iran. Mais tout cela devrait changer avec le retrait états-unien de l'accord nucléaire, selon des experts.

Un potentiel commercial

Même en respectant les sanctions de l'ONU, la Chine a maintenu des relations amicales avec l'Iran. Lors d'un voyage en Iran en 2016 après la signature de l'accord nucléaire, le président chinois Xi Jinping a convenu d'un vaste plan visant à multiplier par dix le commerce bilatéral avec l'Iran pour arriver à plus de 600 milliards de dollars d’échanges au cours de la prochaine décennie, selon plusieurs médias.

Le volume commercial de la Chine avec l'Iran a atteint 37,2 milliards de dollars en 2017, soit une augmentation de 19% par rapport à 2016, selon les données des douanes chinoises. Le commerce entre les deux pays devrait continuer de croître, a affirmé M. Ji. « Certaines grandes entreprises qui traitent avec les Etats-Unis éviteront probablement le marché iranien, mais dans l'ensemble, les entreprises chinoises continueront à traiter avec l'Iran », a de nouveau indiqué M. Ji, ajoutant qu’il y avait un énorme potentiel de croissance du commerce avec ce pays.

« L'Iran est riche en ressources, mais il n'est pas autosuffisant pour de nombreux produits d’usage quotidien. L'Iran continuera à importer des produits chinois, surtout si les marchés occidentaux se referment, et la Chine achètera du pétrole et des minerais iraniens. Les économies iraniennes et chinoises sont très complémentaires », a-t-il souligné.

Cependant, de nouvelles sanctions économiques sont susceptibles d'affecter la situation économique générale de l'Iran. Le pays a connu des manifestations massives en 2018, et la devise iranienne, le rial, s'est fortement dépréciée, chutant de près de la moitié de sa valeur au cours des six derniers mois, selon un rapport de Reuters.

Certains commerçants chinois en Iran ont remarqué un ralentissement des affaires dans le pays. « Les affaires sont assez mauvaises ces derniers temps. Beaucoup de commandes sont annulées parce que la devise s'est tellement dépréciée. Les gros clients ne font pas beaucoup de commandes, et les marchandises que nous réussissons à envoyer sont stoppées à la douane iranienne sans aucun moyen de les faire passer », a déclaré Mme Tan, vendeuse de petites marchandises originaire de la ville chinoise de Yiwu.

De nombreuses entreprises chinoises ont fortement investi en Iran dans le cadre de l'initiative chinoise de « La Ceinture et la Route ». Une compagnie ferroviaire chinoise a signé un contrat en 2017 pour construire une ligne ferroviaire en Iran. La Chine est également la destination de 90% des exportations iraniennes de minerai de fer, selon le journal iranien Financial Tribune.