La composition de la délégation américaine en Chine laisse présager une issue équilibrée sur le commerce bilatéral

La délégation américaine en Chine, qui est constituée de faucons mais aussi de modérés sur les questions commerciales, cherchera probablement une issue équilibrée sur les questions du commerce bilatéral avec la Chine, plutôt que d'adopter une approche antagoniste comme cela avait été prévu initialement, indiquent des experts chinois.

Lundi, le président américain Donald Trump a présenté les membres de la délégation américaine de haut niveau, qui se rendront dès jeudi en Chine pour discuter du commerce bilatéral, selon une déclaration de la Maison-Blanche. 

Les membres de la délégation américaine incluent l’ambassadeur des Etats-Unis en Chine, Terry Branstad, le secrétaire du Trésor, Steven Mnuchin, le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, et le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer. 

Larry Kudlow, l’assistant du Président pour les politiques économiques, Peter Navarro, l’assistant du Président pour les politiques commerciales et manufacturières, ainsi qu’Everett Eissenstat, l’assistant adjoint du Président pour les affaires économiques internationales, font également partie de la délégation. 

Pour Tu Xinquan, un professeur de l’Université de commerce international et d’économie de Beijing, la composition de cette délégation indique que « Trump essaie d’atteindre un équilibre entre des points de vue bellicistes et pragmatiques ».

Selon lui, l’inclusion de M. Ross - un investisseur milliardaire et sinophile - est surprenante étant donné son ton conciliant sur les questions chinoises. Dans une interview, Wilbur Ross a déclaré qu’il s’attendait à ce que la Chine et les Etats-Unis parviennent à négocier un accord commercial. 

Il n’était pas prévu que M. Ross fasse partie de la délégation, mais sa participation indique désormais un adoucissement de la position de Donald Trump, explique Bai Ming, le directeur adjoint de l’Institut de recherche sur le marché international affilié au ministère du Commerce (MOFCOM).

Steven Mnuchin est également disposé à résoudre les problèmes du commerce bilatéral par le biais de discussions, comme l’indique sa rhétorique modérée envers la Chine comparée à d’autres membres du cabinet américain, ajoute Tu Xinquan. 

Selon les experts, ce sont les trois membres de la délégation plus partisans d’une ligne dure, à savoir Lighthizer, Navarro et Kudlow, qui ajoutent une part d’incertitude à cette délégation. 

M. Lighthizer est considéré comme le stratège principal des Etats-Unis. Sa prise de position sur les questions liées à la Chine est perçue comme agressive, étant donné que c’est lui qui a initié l’enquête sur la Chine sous la section 301 de la Loi de 1974 sur le commerce extérieur des Etats-Unis. 

M. Navarro est également considéré comme un critique farouche de la Chine et l’auteur de nombreux livres prônant la théorie de la « menace chinoise ». 

M. Kudlow affirme quant à lui que les tensions commerciales sino-américaines sont le résultat des pratiques de la Chine outrepassant les règles de l’OMC. 

D’après Tu Xinquan, la position de Mnuchin dans le Cabinet du président est plus élevée que celle de Lighthizer, « ce qui pourrait contenir les voix les plus virulentes opposées à la Chine et donner le dessus aux modérés pour parvenir à un accord avec la Chine ».

La visite de cette délégation survient en pleine guerre tarifaire de représailles entre les deux plus grandes économies mondiales. Celle-ci pourrait encore s’aggraver si l’administration Trump met à exécution sa menace d’imposer jusqu’à 150 milliards de dollars (125 milliards d’euros) de droits de douane sur les importations chinoises. 

La Chine a déclaré qu’elle serait prête à riposter.