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La visite d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis visait au renforcement des relations entre l'Europe et l’Amérique

French.china.org.cn | Mis à jour le 28. 04. 2018 | Mots clés : Emmanuel Macron,Donald Trump

Le président français Emmanuel Macron a entamé le 23 avril une visite d'Etat de trois jours aux Etats-Unis. Selon les observateurs, la visite visait à négocier avec Trump sur des questions d’actualité telles que l'accord nucléaire iranien et procéder à un échange de vues pour trouver une solution aux différends. Ceci a en effet constitué le contenu spécifique de cette visite, mais comme l’a observé le monde entier, et en particulier d’un point de vue européen, la visite avait aussi pour objectif de réchauffer les relations malmenées entre l’Europe et les Etats-Unis.

Emmanuel Macron a été accueilli avec tous les honneurs par Donald Trump, qui organisait une telle réception pour la première fois depuis sa prise de fonctions, nécessité politique oblige.

De toute évidence, Donald Trump et Emmanuel Macron sont parvenus à une « harmonie dans la différence ». Les deux chefs d’Etat divergent sur bien des points, en particulier sur l'Accord de Paris sur le climat. En ce qui concerne le nucléaire iranien, ils ont finalement échoué à se mettre d’accord. Cependant, Emmanuel Macron s’était donné de manière rationnelle une certaine marge de manœuvre, et avait déclaré qu’il n’essayait pas d’influencer M. Trump, mais d’apporter un sens de proportion avant la prise de décisions importantes. Cela est peut-être précisément la base de la coopération bilatérale.

L'importance de cette visite doit être examinée dans le contexte des changements géopolitiques de l’Europe et des relations transatlantiques.

L’Europe a connu récemment les changements géopolitiques suivants :

Tout d'abord, parmi les trois grandes puissances européennes, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont vu leur influence politique se réduire. En votant pour le Brexit, les Britanniques se retrouvent, comme on pouvait s’y attendre, marginalisés en Europe. En Allemagne, Angela Merkel a réussi à surmonter la crise de la formation du gouvernement, mais elle n’en est pas ressortie indemne. Après son élection à la présidence française, Emmanuel Macron a brandi la bannière de revitalisation de l'Europe, et la France est ainsi devenue le seul pays pouvant faire office de porte-parole de l’UE. La stratégie de retour de la France choisie par Macron était prévisible, et la tendance de sa réémergence sur la scène internationale a été suivie avec attention par le reste du monde.

Deuxièmement, les tensions entre l'Europe et la Russie se sont soudainement exacerbées. L'OTAN essaie depuis toujours d’étendre stratégiquement son influence vers l’est face à la Russie, et après l’éclatement de la crise d’Ukraine, les relations entre les pays occidentaux et la Russie se sont détériorées. En reprenant la Crimée et avec son intervention en Ukraine, Vladimir Poutine a gagné un avantage stratégique certain, alors que l’Europe était divisée par des différences internes. Plus récemment, en réaction au scandale complexe qui a vu le Royaume-Uni accuser la Russie d’avoir empoisonné sur son sol un ancien agent secret, vingt-cinq pays occidentaux ont décidé d’expulser des diplomates russes pour montrer clairement à Moscou leur capacité d’action unifiée.

A la mi-avril, une déclaration commune a été publiée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 à Toronto, condamnant la Russie pour l’empoisonnement. Un haut responsable du Département d'Etat américain a estimé que le G7 a fait preuve « d’unité pour s’opposer à l’attitude néfaste de la Russie ». L'Agence France-Presse a commenté qu’en agissant ainsi, les pays occidentaux « ont confirmé leur front uni face à la Russie ».

A la mi-mars, l'OTAN a mené des exercices en Allemagne sur son terrain d'entraînement de Grafenwöhr, afin de renforcer « la capacité de combat des alliés des Etats-Unis ». Selon des sources, l'OTAN prévoit également des manœuvres près de la frontière russe. L’organisation, qui s’est toujours montrée prudente, devient de plus en plus agressive envers la Russie.

Les frappes aériennes décidées au mépris des règles internationales par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France contre la Syrie ciblaient officiellement Bachar Al-Assad, mais il est à craindre que ce soit en réalité Vladimir Poutine qui était visé. Tous les signes montrent que les pays occidentaux ont voulu se débarrasser d’une situation à leur désavantage et se sont regroupés contre un ennemi commun.

Certains analystes estiment que la recherche par l’Occident d’une solidarité au-delà des différences résulte d'un consensus entre les Etats-Unis et l'Europe. Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump au début de l'année dernière, les relations entre l’UE et les Etats-Unis ont connu des turbulences, et après un an de réflexion de la part des responsables politiques, les deux parties semblent parvenir à un nouveau consensus. Le magazine bimensuel allemand Internationale Politik a récemment publié un article qui explique pourquoi « la mort de la relation transatlantique » est une idée fausse. Il y affirme que « l'Europe n’a toujours pas de preuve montrant que les opérations de stabilité transatlantiques ne sont plus nécessaires », que les Etats-Unis « ne peuvent pas se permettre d’abandonner ou de trahir l'Europe, et que leur image de superpuissance aux yeux du monde entier dépend de leur capacité à prendre au sérieux la sécurité de l'Europe. »

La visite officielle aux Etats-Unis d’Emmanuel Macron a mis en évidence la forte aspiration à tenter de réparer et de renforcer les relations transatlantiques. Au cours de la visite, les deux présidents ont abordé les grandes questions internationales, mais les mots clés sont restés « amitié » et « unité ».

Donald Trump a déclaré que « pendant deux siècles, l'alliance entre la France et les Etats-Unis a été la pierre angulaire de la liberté. Notre amitié est soutenue par l’amour de nos peuples pour notre histoire, notre culture et notre liberté. Maintenant, la force de cette formidable alliance est entre nos mains. » Emmanuel Macron a répondu en soulignant l’importance de résister ensemble aux forces nationalistes qui divisent le monde.

De l’avis général, l’objectif majeur de la visite d’Emmanuel Macron à Washington était de résoudre les différends sur la question du nucléaire en Iran, sur l’Accord de Paris sur le climat, mais cela minimise l'importance de cette visite. Macron a aussi fait cette visite en sa qualité de porte-parole de l’Europe, et les commentaires de Trump s’appliquent à l’UE, car des deux côtés, un réchauffement des relations revêtait une nécessité urgente.

De ce point de vue, la visite d'Etat d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis a obtenu les résultats escomptés.


(Traduction d'un article en chinois rédigé par Shen Xiaoquan, maître de recherche au Centre de recherche sur les problématiques mondiales de l'agence de presse Xinhua.)

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Source:french.china.org.cn