Les droits de douane américains violent les principes de l'OMC et pourraient nuire à l'économie américaine elle-même (experts)
Alors que le président américain Donald Trump a lancé en mars une offensive sur l'acier et l'aluminium d'importation et en a prévu davantage pour des produits venant de Chine, des experts et responsables jugent que ces mesures américaines violent les principes de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et pourraient même nuire à l'économie américaine elle-même.
La stratégie de Trump est d'effacer tous les accords commerciaux signés par Washington après la Seconde Guerre mondiale, ce qui risque de déboucher sur des conflits commerciaux sans précédent, avertit Joaquin Infante, lauréat du Prix national d'économie de Cuba, dans une récente interview accordée à Xinhua.
Par ailleurs, le mépris de Trump envers les organisations multilatérales telles que les Nations Unies et l'OMC traduit un désir d'en revenir aux décennies où les Etats-Unis exerçaient une suprématie économique, selon l'expert.
"Dans un monde où la mondialisation est irréversible en raison du développement technologique et où prévaut le commerce multilatéral, Trump fait tout le contraire avec des politiques qui nuiront à l'économie américaine", martèle M. Infante.
"Ces droits de douane visant la Chine confirment le fait que l'administration Trump cherche à contourner l'organe de règlement des différends (ORD) de l'OMC et à s'appuyer unilatéralement sur la seule loi américaine concernant son différend commercial avec la Chine", souligne Jon R. Taylor, professeur de sciences politiques à l'Université de St. Thomas à Houston, au Texas.
Pour lui, "c'est une grosse erreur".
La réglementation de l'OMC a été établie pour fournir un mécanisme mondial de résolution des disputes commerciales, rappelle-t-il.
Les mesures protectionnistes américaines violent gravement les mécanismes commerciaux multilatéraux tels que l'OMC, constate Andras Inotai, professeur-chercheur au Centre des études économiques et régionales à l'Académie hongroise de l'Institut des sciences de l'économie mondiale.
Qualifiant les taxes américaines de "but contre son camp", il souligne qu'une solution sensée à tout différend commercial devrait passer par l'OMC.
Cette politique protectionniste américaine se retournera contre l'économie des Etats-Unis, avait déjà déclaré M. Inotai en mars dernier, après que Donald Trump eut dévoilé son projet d'imposer des taxes sur l'acier et l'aluminium d'importation. Cette annonce faite le 23 mars avait suscité de vives critiques lors d'une réunion de l'OMC à Genève.
L'organisation internationale a indiqué dans un communiqué que les représentants commerciaux de plus de 40 membres, dont les 28 pays membres de l'Union européenne, avaient pris la parole pour mettre en garde contre ces mesures lors d'une réunion du Conseil du commerce des marchandises de l'OMC.
La Russie a indiqué à cette occasion que les nouveaux droits de douane dépassaient les taux consolidés auxquels les Etats-Unis s'étaient engagés en vertu des règles de l'OMC. Elle a demandé des précisions sur la manière dont ces mesures pouvaient être justifiées à cet égard.
L'UE ne soutient pas de mesures contraires aux règles de l'OMC, a déclaré mercredi à la presse Daniel Rosario, porte-parole de la Commission européenne, à propos de la liste de produits chinois auxquels Washington entend imposer 25% de taxes supplémentaires en vertu d'une enquête menée au titre de l'article 301 de la loi américaine sur le commerce de 1974.
"Nous appelons les parties concernées à veiller à ce que leurs actions commerciales respectent les règles de l'OMC. Nous analyserons la compatibilité de ces mesures avec les règles de l'OMC", a expliqué M. Rosario, répondant aux questions de Xinhua sur cette liste.
D'après le porte-parole, l'UE a pris note de cette décision américaine et suit de près l'enquête lancée en août 2017. Daniel Rosario a également souligné l'importance du rôle de l'OMC dans la gestion des différends commerciaux.
