Les tensions entre le Royaume-Uni et la Russie pourraient durer encore longtemps (PAPIER GENERAL)

Par :  |  Mots clés : Royaume-Uni-Russie-tensions
French.china.org.cn | Mis à jour le 20-03-2018

Le bras de fer diplomatique entre le Royaume-Uni et la Russie aura des conséquences aussi profondes que durables, a déclaré lundi un universitaire britannique spécialisé dans le renseignement et la sécurité.

Selon le professeur Anthony Glees, directeur du Centre de Recherche sur la Sécurité et le Renseignement de l'Université de Buckingham, le contentieux provoqué par l'attaque commise à l'aide d'un agent neurotoxique contre un ancien espion russe et sa fille dans la ville de Salisbury, dans le sud de l'Angleterre, est une affaire extrêmement grave.

Il s'agit de la pire dégradation des relations entre les deux pays depuis la fin de la Guerre Froide, a-t-il affirmé.

Le Secrétaire d'Etat britannique des affaires étrangères, Boris Johnson, a non seulement accusé la Russie d'être derrière cette attaque, mais également a déclaré que le Royaume-Uni détenait au cours de la dernière décennie des preuves amassées selon lesquelles la Russie avait "créé et accumulé" l'agent neurotoxique Novichok, utilisé dans l'attaque de Salisbury.

Vladimir Chizhov, ambassadeur de Russie auprès de l'Union européenne, a quant à lui affirmé que l'agent neurotoxique utilisé à Salisbury avait été conçu dans le laboratoire militaire ultra secret de Porton Down, à quelques kilomètres à peine de Salisbury.

Moscou répète depuis toujours que la Russie a mis fin à la production de substances chimiques militaires en 1992, et que son stock d'armes chimiques a été détruit entièrement en 2017.

Londres et Moscou ont expulsé 23 diplomates de l'un l'autre de leur territoire, dans la pure tradition des représailles symétriques. C'est maintenant une période d'attente qui débute, afin de savoir ce qui va se passer et laquelle des deux parties agira la première.

M. Johnson a affirmé qu'il n'était pas dans l'intérêt du Royaume-Uni de mettre fin à tout dialogue avec la Russie. Mais il a également souligné que la Russie devait rendre compte de ses actes et se plier à ses obligations internationales.

"Ni le Royaume-Uni ni la Russie n'ont intérêt à voir se déclencher un conflit armé, et un canal de communication doit donc rester ouvert. Mais si la Russie riposte au cours des prochains jours ou des prochaines semaines, par exemple au moyen d'une attaque informatique, les choses risquent de s'emballer. La Russie voit le Royaume-Uni comme faible et divisé suite au Brexit. Nous sommes très vulnérables en ce moment. C'est pourquoi il s'agit potentiellement d'une crise grave", a expliqué M. Glees à Xinhua.

Il a estimé que les relations entre Londres et Moscou risquaient de rester tendues pendant une longue période.

Une équipe d'inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), une agence basée à La Haye aux Pays-Bas, est arrivée lundi au Royaume-Uni pour collecter des échantillons de l'agent neurotoxique utilisé dans l'attaque et les tester de manière indépendante. L'analyse pourrait prendre jusqu'à deux semaines.

Londres mis en cause pour les propos hâtifs

"Le Royaume-Uni doit demander des comptes aux coupables. Mais ce n'est pas le moment de tirer des conclusions hâtives, qui pourraient conduire à une nouvelle Guerre Froide", a commenté Jeremy Corbyn, leader du Parti travailliste, le principal parti d'opposition britannique, dans The Guardian.

Il a plaidé pour "régler par le biais du droit international et de la diplomatie les répercussions de l'effondrement de l'Union sovietique et de l'effondrement virtuel de l'Etat russe dans les années 1990, qui se prolongent jusqu'à aujourd'hui", en vue d'éviter de glisser vers un conflit.

Sir Rodric Braithwaite, ambassadeur du Royaume-Uni en Russie pendant les années les plus tendues de la Guerre Froide, a quant à lui critiqué les ministres de Londres pour avoir "parlé à tort et à travers", en plein milieu de la pire crise survenue entre le Royaume-Uni et la Russie depuis la fin de la Guerre Froide.

"Que l'on aime ou pas la Russie, c'est un grand pays, qui exerce en ce moment beaucoup d'influence à travers le monde - que cela nous plaise ou pas", a-t-il déclaré à The Independant.

M. Braithwaite a indiqué que certains politiciens britanniques, dont le Secrétaire de la défense Gavin Williamson, avaient pris la parole trop tôt et tenu des propos trop radicaux.

Il a qualifié la crise diplomatique entre Londres et Moscou de confrontation de nature émotionnelle, et a mis en garde contre la tentation de parler d'une "nouvelle Guerre Froide". F

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Source: Agence de presse Xinhua
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