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Sept ans après, la décontamination de Fukushima est loin d’être terminée

French.china.org.cn | Mis à jour le 13. 03. 2018 | Mots clés : Fukushima

Sept ans après l’une des plus grandes catastrophes nucléaires de l’histoire, le Japon continue d’en subir les conséquences. Non seulement la reconstruction s’annonce laborieuse, mais le travail de décontamination nucléaire risque également de prendre plusieurs générations, avec des coûts considérables et des problèmes techniques non résolus.

Le tremblement de terre du 11 mars 2011 et le tsunami qui s’ensuivit ont considérablement endommagé les trois réacteurs de la centrale de Daiichi à Fukushima. Lorsque les systèmes principaux de refroidissement ont été mis hors service et que l’alimentation de secours n’a plus été inutilisable, des fusions de cœur sont survenues dans les réacteurs.

La Tokyo Electric Power Company (TEPCO), qui opère la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, est depuis parvenue à démanteler les réacteurs 5 et 6 de la centrale et plus de 1500 barres de combustible du réacteur n°4 ont été sorties à la fin 2014 pour être stockées en sécurité.

Cependant, le problème réside dans le retrait du combustible nucléaire et des débris fondus des réacteurs 1 à 3. Selon les experts, cela constitue le plus grand défi au travail de démantèlement.

Le gouvernement japonais et TEPCO ont planifié le début du retrait du combustible des trois réacteurs en 2021, mais les experts ont exprimé des doutes sur leurs capacités à mettre ce plan en œuvre dans les délais prévus.

Toyoshi Fuketa, le président de la Commission de réglementation de l’énergie nucléaire (NRA), a récemment indiqué lors d’une conférence de presse, que le travail de récupération du combustible fondu n’avait pas encore atteint le point où « la sortie [était] visible ».

L’une des difficultés réside dans les niveaux intenses de radioactivité au sein des réacteurs.

TEPCO a déclaré le mois dernier, que les radiations détectées à l’intérieur du réacteur n°2 par une sonde envoyée au mois de janvier atteignaient les 7 à 42 sieverts par heure, des niveaux suffisants pour tuer une personne après seulement une courte période d’exposition.

L’opérateur de la centrale a établi un chemin pour réaliser le travail de décontamination par le biais de systèmes mécaniques téléguidés, mais il continue de s’efforcer à trouver des solutions techniques plus viables.

Le processus entier engendrera également des coûts considérables. Selon le ministère japonais de l’Economie, du commerce et de l’industrie, le coût du travail de décontamination et le traitement des eaux polluées devrait atteindre les 8000 milliards de yens (61 milliards d’euros).

D’après les calculs du Comité citoyen sur l’énergie atomique, ce chiffre pourrait cependant être bien plus élevé et atteindre les 30000 milliards de yens (228 milliards d’euros).

Parmi les problèmes épineux figurent la décontamination des sols et le traitement des eaux contaminées.

Pour maintenir le refroidissement des réacteurs 1 à 3, TEPCO doit injecter constamment de grandes quantités d’eau fraîche dans les réacteurs. Au cours de ce processus, cette eau devient radioactive et est ensuite stockée dans le soubassement des réacteurs. Les structures de décontamination de TEPCO peuvent retirer le césium et le strontium radioactifs de l’eau, mais pas le tritium.

En septembre 2015, TEPCO avait relâché une quantité limitée d’eau radioactive dans l’océan Pacifique, après avoir reçu l’approbation de l’association locale de pêche. Il n’y a cependant pas eu de recherche scientifique suffisante pour déterminer si le rejet d’eau contaminée dans l’océan était sans danger.

Certaines mesures tant vantées se sont révélées ne pas être aussi efficaces que ce qui était prévu à l’origine, tout en coûtant d’importantes sommes d’argent.

Un groupe d’experts commissionné par le gouvernement a récemment conclu, qu’un couteux mur de glace sous-terrain n’était que partiellement efficace dans la réduction des quantités croissantes d’eau contaminée dans la centrale.

La construction de ce mur coûterait 34,5 milliards de yens et son opération et sa maintenance s’élèveraient à plus d’un milliard de yens par an.

Or, la plupart de ces dépenses considérables seront assumées par les contribuables. En effet, TEPCO a été renflouée par le gouvernement, mais affronte une situation financière difficile du fait du travail de démantèlement et de décontamination de la centrale, qui pourrait prendre plusieurs décennies.

L’opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi a également fait l’objet d’un certain nombre de poursuites judiciaires pour négligence et défaut de conception, de construction et de maintenance des installations nucléaires.

« Les multiples désastres, qui ont frappé Fukushima il y a sept ans, n’appartiennent pas juste au passé, ils continuent de nous affecter », a déclaré le gouverneur de Fukushima, Masao Uchibori.


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Source:french.china.org.cn