France/Politique migratoire : Macron revendique "un discours de vérité" (SYNTHÈSE)

Par :  |  Mots clés : France-politique migratoire
French.china.org.cn | Mis à jour le 17-01-2018

Dans un contexte de controverse autour du projet de loi immigration, le président français Emmanuel Macron, en déplacement mardi à Calais (Hauts-de-France), a répondu aux critiques en revendiquant "un discours de vérité" et en plaidant à la fois pour "un devoir d'humanité" vis-à vis des migrants et le respect de "l'ordre républicain".

Le chef de l'Etat français a commencé son déplacement dans la matinée à Croisilles (Pas-de-Calais), où a été ouvert l'un des trois centres d'accueil et d'examen de situation (CAES), une nouvelle structure pour héberger les migrants dans l'attente d'une décision administrative. Il s'est ensuite rendu à Calais, ville portuaire emblématique de la crise migratoire pour sa première visite en tant que président de la République, accompagné de quatre ministres, dont le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, et la ministre de la Justice, Nicole Belloubet.

Devant les forces de l'ordre à Calais, il a défendu avec fermeté sa politique migratoire, revendiqué "un discours de vérité" et fait plusieurs annonces sur la refonte de sa politique sur l'immigration alors que la controverse sur le projet de loi asile-immigration qui doit être présenté en février ne s'éteint pas.

"L'ordre républicain vaut pour tout le monde", a-t-il déclaré. "Il y a un devoir d'humanité, mais il y a aussi le devoir de respect de la loi de la République", a-t-il ajouté. "En aucun cas, l'Etat ne laissera se reconstituer une +jungle+ à Calais où un vaste bidonville de plus de 8.000 migrants avait été démantelé en octobre 2016", a-t-il insisté.

Entre 350 et 500 migrants, selon l'Etat français, sont aujourd'hui présents à Calais, essentiellement venus de la Corne de l'Afrique (Ethiopie, Érythrée) et d'Afghanistan.

Le président français, qui a promis une "refondation complète" de la politique migratoire en France, défend depuis son élection une ligne "ferme" qui prévoit "l'éloignement effectif" des migrants déboutés du droit d'asile tout en assurant un "accueil digne" aux personnes en relevant.

Des associations, la gauche et une frange de la majorité l'accusent de privilégier la ligne sécuritaire sur la ligne humanitaire et d'aller plus loin que ce qui avait été fait sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Le durcissement des directives du ministère de l'Intérieur, qui permet en particulier aux agents préfectoraux de procéder à des contrôles d'identité dans les centres d'accueil pour migrants, est notamment pointé du doigt.

Mardi, plusieurs personnalités, dont certaines proches du chef de l'Etat comme Jean Pisani-Ferry ou Thierry Pech, ont signé dans Le Monde une tribune très critique à l'égard de la politique migratoire du gouvernement.

Plusieurs associations ont d'autre part accusé les forces de l'ordre de violences à l'encontre des migrants. "Je ne peux pas laisser accréditer l'idée que les forces de l'ordre exercent des violences physiques ou confisquent les effets personnels des migrants, ou utilisent des gaz lacrymogènes sur les points d'eau", a répondu dans son discours le président Macron, en avertissant cependant que "si cela est fait et prouvé, cela sera sanctionné".

Le chef de l'Etat français a d'autre part appelé les associations à la "responsabilité", en déplorant les "mensonges" diffusés "par de trop nombreux" acteurs et "qui nuisent à notre efficacité collective".

Il a indiqué que l'Etat allait "prendre en charge" la distribution de repas aux migrants de Calais qui est à l'heure actuelle assurée par des associations.

Le président Macron a insisté sur l'amélioration des reconduites à la frontière. Il a rappelé sa volonté d'accélérer les procédures concernant le droit d'asile, tout en durcissant le ton sur l'immigration en reconduisant systématiquement à la frontière les migrants qui ne peuvent pas prétendre au droit d'asile.

Selon les chiffres du gouvernement, la France a délivré 262.000 titres de séjour à des étrangers l'an dernier, une hausse de 13,7% sur un an, et les éloignements d'étrangers en situation irrégulière ont augmenté de 14,6%, avec un total de 14.859 retours forcés.

Le président français a également évoqué "une impulsion très forte, spécifique sur l'intégration des réfugiés", avec des cours de langue, une formation professionnelle, et "un accompagnement renforcé concernant les plus vulnérables" et notamment les femmes.

Concernant le règlement de Dublin, qui confie au pays européen d'entrée le traitement de la demande d'asile, M. Macron a estimé que même si le système n'est "pas satisfaisant", y mettre un terme "à court terme n'est pas envisageable car cela conduirait à déresponsabiliser tous les pays d'entrée".

Il a une nouvelle fois défendu le renforcement de la "politique de coopération et d'échange avec les pays d'origines et de transit".

A deux jours d'un déplacement à Londres pour un sommet franco-britannique au cours duquel les questions de défense et de migrations seront abordées, le chef de l'Etat a par ailleurs indiqué certains dossiers prioritaires pour les deux pays : mieux gérer le dossier des mineurs isolés non accompagnés, renforcer la coopération policière à Calais, développer un fonds pour soutenir les projets importants pour le Calaisis.

Après son discours, Emmanuel Macron s'est s'entretenu notamment avec des élus locaux et des associations d'aide aux migrants. Deux des principales associations locales ainsi que Médecins du monde avaient décidé de boycotter la rencontre. F

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Source: Agence de presse Xinhua
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