L'Algérie accorde pour la première fois dans l'histoire un caractère officiel à une fête ancestrale (SYNTHÈSE)

Par :  |  Mots clés : Algérie-Yennayer
French.china.org.cn | Mis à jour le 12-01-2018

Yennayer, une fête millénaire amazighe (ou berbère), est consacrée cette année et pour la première fois dans l'histoire, journée nationale chômée et payée en Algérie.

Cette décision a été prise le 27 décembre dernier par le président algérien Abdelaziz Bouteflika lors d'un conseil des ministres consacré à l'adoption de la loi de finances pour 2018.

"(..) le président Abdelaziz Bouteflika a annoncé sa décision de consacrer Yennayer journée chômée et payée dès le 12 janvier prochain", avait indiqué un communiqué de la Présidence.

Célébrée différemment en Algérie et ailleurs dans le Maghreb, Yennayer (est un mot composé de "yen" qui signifie "un" et "ayer" qui veut dire "lune ou mois". Assemblé, on obtient "le premier mois de l'année". Le début de ce calendrier agraire correspond au 12 janvier de l'année grégorienne et cette année, les imazighen célèbrent l'an 2968.

Mais selon certaines sources, les mouvements berbères décident à la fin du XXe siècle de faire démarrer l'ère amazighe et le calendrier au règne de Chechanq Ier (un pharaon d'origine berbère) fixé par eux à 950 av. J.-C.

Outre le cachet historique, Yennayer revêt un caractère festif. La veille de la fête, des familles (amazighophones et arabophones) se retrouvent dans une convivialité autour d'un dîner copieux en souhaitant que la nouvelle année soit prospère.

La langue et la culture amazighes, ainsi que la célébration de Yennayer ne sont en réalité pas propres à l'Algérie. Les imazighen ou les Berbères, le nom qui leur a été donné par les Romains, peuplent encore de nos jours le Maroc, la Tunisie, la Libye, le Mali et le Niger. Ils existent aussi dans les îles Canaries en Espagne, dans l'oasis de Siwa en Egypte et également au nord du Burkina Faso.

En réalité, la reconnaissance de la langue et de l'identité amazighes comme une constante de la nation algérienne, au même titre que l'arabe et l'islam ainsi que la consécration de Yennayer comptaient parmi les principales revendications du mouvement des citoyens et du monde associatif dans certaines régions du pays, notamment en Kabylie et ce depuis les années 1980.

Des revendications souvent accompagnées de vagues de violence et de répression de la part des autorités politiques et sécuritaires en place.

Mais en parallèle, des avancées ont été réalisées. Lancée en 1995, tamazight est actuellement enseignée dans des écoles et des universités de 38 provinces algériennes sur les 48 que compte le pays. De son côté, le paysage médiatique national a été renforcé par le lancement de programmes en langue tamazight, avant de consacrer une chaîne de télévision uniquement dédiée à tamazight.

Début 2016, le tamazight a été instituée langue nationale et officielle par la nouvelle constitution, après qu'il eut été reconnue langue nationale en 2002.

Ceci dit, la promotion de tamazight a encore du chemin à faire et ce de l'aveu même des responsables du pays. Il est ainsi question de créer l'Académie berbère d'Algérie. Aussi, il est attendu d'assister dans les années à venir à la généralisation de l'enseignement et d'une large diffusion de cette langue, notamment son utilisation dans les administrations publiques et dans la rédaction des documents officiels. F

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Source: Agence de presse Xinhua
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