Allemagne : nombreuses inquiétudes après l'échec des négociations visant à former un gouvernement de coalition

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French.china.org.cn | Mis à jour le 21-11-2017

L'échec des négociations visant à former un gouvernement de coalition en Allemagne a entraîné un malaise général parmi les partenaires européens de l'Allemagne ainsi que chez les représentants des industries allemandes.

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Halbe Ziljstra, a exprimé son inquiétude en décrivant cet échec comme "de mauvaises nouvelles pour l'Europe".

"L'Allemagne exerce une forte influence au sein de l'Union européenne, mais sans gouvernement, elle n'a aucun mandat défini, et aura du mal à adopter des positions claires", a-t-il ajouté.

La classe politique néerlandaise s'est exprimée contre l'idée d'organiser de nouvelles élections en Allemagne, et a suggéré de relancer les pourparlers entre les partis politiques allemands, après avoir laissé à chacun le temps de réfléchir.

Le ministre tchèque de l'Europe, Ales Chmelar, a réagi à l'échec des négociations en déclarant que Prague espérait que "l'Allemagne aurait tôt ou tard un gouvernement fort".

L'Allemagne est considérée par beaucoup comme un facteur de stabilité au sein de l'Union européenne (UE), jouant un rôle crucial dans la réussite économique et politique du bloc.

L'euro a connu une importante dévaluation lundi matin face au dollar, mais a ensuite regagné du terrain dans le courant de la journée.

"L'effondrement des négociations sur un gouvernement de coalition en Allemagne dimanche soir a fait renaître les inquiétudes liées aux incertitudes politiques sur les marchés financiers", a expliqué Tilmann Galler, stratège en marchés mondiaux auprès de JPMorgan Asset Management, au journal Financial Times.

Les représentants du monde allemand des affaires ont eux aussi largement réagi avec inquiétude au retrait du Parti libéral-démocrate (FDP) des négociations.

"C'est un vrai gâchis", a déclaré lundi Holger Bingmann, président de la Fédération allemande de la Vente en gros et du Commerce extérieur (BGA).

Selon lui, les partis politiques semblent de moins en moins disposés à assumer les responsabilités du gouvernement, une tendance qui "nuit à la démocratie".

Il a recommandé aux parties concernées de reconsidérer leurs positions au cours d'une pause de deux semaines après ce "creux".

Dans une veine similaire, Peter Wollseifer, président de la Fédération allemande de l'Artisanat (ZDH), s'est plaint de cet échec en décrivant comme un "signe fatidique" pour l'économie et la société allemandes le fait que les partis politiques impliqués se soient montrés incapables de parvenir à un compromis durable.

Eric Schweitzer, président de l'Association des chambres allemandes d'Industrie et de Commerce (DIHK), a déploré qu'une importante opportunité de surmonter les divisions idéologiques pour parvenir à des solutions pragmatiques ait ainsi été gâchée. D'importantes réformes risquent à présent de devoir être remises à plus tard.

"Les entreprises allemandes doivent se préparer à ce qui pourrait devenir une longue période d'insécurité", a-t-il averti.

Plusieurs économistes allemands se sont cependant montrés plus optimistes, affirmant qu'après huit années de croissance consécutives, l'élan économique allemand devrait pouvoir se maintenir.

"Les dommages économiques entraînés par l'échec des pourparlers seront probablement limités, grâce à la solidité des bases fondamentales de l'économie", a ainsi déclaré à la presse Holger Sandte, économiste en chef de la Nordea Bank.

Joerg Kraemer, économiste en chef de la Commerzbank, a quant à lui qualifié les incertitudes entraînées par l'échec des pourparlers de "poison pour l'économie" ; il s'est cependant dit confiant, affirmant qu'une productivité élevée et une politique monétaire souple permettraient de maintenir au moins temporairement l'élan économique actuel.

Clemens Fuest, président de l'Institut de recherche économique Ifo de Munich, a estimé qu'un gouvernement de minorité pourrait en fait être une bonne solution politique, en permettant au moins d'aller de l'avant dans un contexte d'incertitudes accrues.

Marcel Fratzscher, président de l'Institut allemande pour la recherche économique (DIW) de Berlin, a par contre refusé d'écarter pour le moment la possibilité d'une "coalition jamaïcaine".

La CDU, la CSU, le FDP et les Verts "doivent retenter de négocier, parce qu'ils savent qu'aucun d'entre eux ne profiterait de nouvelles élections", a-t-il notamment affirmé.

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Source: Agence de presse Xinhua
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