… mais les politiques d’immigration préoccupent les Chinois.

Le peuple chinois montre un fort penchant pour la chancelière allemande Angela Merkel, qui a sécurisé dimanche dernier son quatrième mandat.

Après douze années au pouvoir, Angela Merkel - qui est restée en tête pendant la majeure partie de la campagne - a obtenu près de 33 % des votes avec son Union chrétienne et conservatrice (CDU/CSU), selon les résultats préliminaires.

« Mme Merkel est une dirigeante raisonnable, qui témoigne d’une grande prévoyance. Sa politique envers la Chine a été pragmatique depuis son arrivée au pouvoir et elle a amélioré les relations sino-allemandes dans tous leurs aspects », explique Zhao Junjie, un chercheur de l’Institut des études européennes de l’Académie des sciences sociales de Chine (ASSC) basée à Beijing.

« Avec Angela Merkel au pouvoir, le développement des relations sino-allemandes a enregistré de grands progrès au cours des douze dernières années », affirme Ding Chun, le directeur du Centre pour les études européennes de l’Université Fudan à Shanghai.

Sur les grandes questions comme les nouvelles énergies, le changement climatique et le développement automobile, la Chine et l’Allemagne ont eu une coopération poussée, note Zhao Junjie, ajoutant : « Jusqu’à présent, elle s’est rendue six fois en Chine et elle maintient de bonnes relations personnelles avec les dirigeants chinois. »

En Chine, Angela Merkel est surnommée « Moke’er Dama » sur Internet, un terme affectueux utilisé plus généralement pour désigner des femmes âgées ou d’un certain âge.

« Mme Merkel a grandi dans un pays socialiste. Elle regarde et prévoit sur le long terme. Les Allemands l’aiment bien et elle a renforcé la prospérité du pays », a commenté un internaute nommé Yuan Weixiong sur un article de la plateforme sociale WeChat présentant Angela Merkel.

« Elle est extraordinaire. Parmi les dirigeants occidentaux, c’est elle qui comprend le mieux la théorie chinoise consistant à rechercher la vérité dans les faits. Sa théorie politique pragmatique comporte des avantages équilibrés et a maintenu la stabilité du développement de l’économie », note Jing Wa, un autre utilisateur de WeChat.

« Mme Merkel a connu des crises significatives en tant que dirigeante de l’Allemagne et sa politique envers la Chine a connu des hauts et des bas, mais elle a une image de "femme capable" », ajoute Zhang Yunyi, un résident de Beijing.

Une victoire floue

Cependant, la victoire d’Angela Merkel fut assombrie par l’entrée historique d’un parti ouvertement d’extrême-droite et anti-immigration au parlement. Le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) pose un « nouveau défi de taille », a déclaré dimanche Mme Merkel.

« L’entrée de l’extrême-droite au parlement montre que la population n’est pas satisfaite avec certaines de ses mesures », explique M. Ding, qui note que « l’Allemagne et l’ensemble de l’Europe ont été frappées par la crise de l’immigration, qui est la principale question à laquelle Mme Merkel doit faire face en tant que dirigeante de l’Allemagne ».

Les médias ont également rapporté des problèmes avec des réfugiés, les reliant aux politiques généreuses d’Angela Merkel, indique Zhao Junjie.

De nombreux Chinois sont également préoccupés par la crise de l’immigration.

« On dirait qu’elle cherche les ennuis. Regardez comme la question des réfugiés a affecté l’Allemagne », explique ainsi M. Liu, qui habite dans le Zhejiang.

Dimanche, à l’annonce de la victoire d’un quatrième mandat pour Angela Merkel, les réfugiés syriens se sont réjouis, mais ils étaient inquiets de la montée de l’AfD. Ils craignent que ce parti fasse pression sur la chancelière pour durcir les lois sur l’asile.

« Nous avons prié pour la victoire de Mme Merkel, explique Fatima al-Haidar, une mère de deux enfants originaire de Damas. Allah a répondu à nos prières. Pour nous, elle représente la sagesse et l’humanité. »