La marge de manœuvre du président français Macron dépend du résultat des sénatoriales de dimanche (ANALYSE)

Par :  |  Mots clés : France-sénatoriales
French.china.org.cn | Mis à jour le 24-09-2017

Peu de changements en termes d'équilibre sont attendus à l'issue des élections sénatoriales qui se tiennent dimanche dans l'Hexagone. La droite devrait rester majoritaire à la Haute assemblée dont la moitié des sièges va être renouvelée. Peu médiatisée et mal connue des Français en raison d'un mode de scrutin complexe qui ne concerne pas tous les citoyens, cette élection n'en reste pas moins déterminante pour la marge de manœuvre du président français Emmanuel Macron qui veut réformer les institutions.

La moitié des 348 sièges de la Haute assemblée, le Sénat, va être renouvelée dimanche dans une relative indifférence, au terme d'une année électorale 2017 très chargée pour les Français. Peu de changements sont à attendre en termes d'équilibres politiques, s'accordent à dire les analystes politiques. La droite, aujourd'hui majoritaire, devrait le rester.

Le manque d'intérêt des Français pour ce rendez-vous électoral tient largement à son mode de scrutin complexe qui ne concerne pas l'ensemble des citoyens. En effet, les sénatoriales se déroulent au suffrage universel indirect: ce ne sont pas les Français qui sont appelés aux urnes, mais les grands électeurs, qui devront élire 170 sénateurs (plus un siège pour une élection partielle).

Le Sénat compte 348 membres, renouvelés par moitié tous les trois ans. Le scrutin se déroule par département. Cette année sont concernés ceux allant du numéro 37 (Indre-et-Loire) au numéro 66 (Pyrénées-Orientales), ainsi que l'Île-de-France, certains territoires ultramarins (Guadeloupe, Martinique, Réunion, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Nouvelle-Calédonie), et la moitié des sénateurs des Français de l'étranger.

Les grands électeurs - au total environ 162 000 - sont composés des conseillers municipaux, départementaux et régionaux, ainsi que des députés et sénateurs eux-mêmes.

Dans les départements les moins peuplés élisants un ou deux sénateurs, l'élection se fait au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Dans les départements les plus peuplés, élisant trois sénateurs et plus, l'élection se fait au scrutin de liste à la proportionnelle.

Ce sont donc pour l'essentiel des conseillers municipaux, élus en 2014, au moment où La République En Marche (LREM) n'existait pas, qui vont déterminer le renouvellement de la Haute assemblée.

Les grands électeurs sont composés à 95 % des conseillers municipaux et de leurs délégués. La droite ayant remporté les municipales de 2014, elle devrait théoriquement renforcer sa majorité au Sénat, qu'elle détient avec les centristes.

Gérard Larcher devrait être réélu président du Sénat le 2 octobre.

D'une certaine façon, on peut considérer que les sénatoriales ressemblent au troisième tour des élections municipales. Leur résultat ressemblera donc assez largement à une photographie politique de la France d'il y a 3 ans.

Pour ce renouvellement qui concerne la moitié des départements, le corps électoral sera d'environ 75 000 grands électeurs. Le nombre de candidats s'élève à 1 996; un record. Sur les 171 sièges en jeu, 98 sénateurs se représentent, soit un peu plus d'un sur deux. L'âge moyen des candidats est de 54 ans, quand la moyenne d'âge des sénateurs est de 62 ans. Le candidat le plus jeune a 24 ans et la plus âgée 87 ans.

Dans la mesure où la loi sur le non-cumul s'applique à tous les sénateurs à partir du 2 octobre, un renouvellement va de fait s'opérer mais ne ressemblera en rien au séisme politique qui s'est produit à l'Assemblée nationale. Près d'une soixantaine des sortants sont en situation de cumul, soit 35 % d'entre eux, 36 se représentent et ont décidé de lâcher leur mandat local, 21 ont préféré conserver leurs responsabilités locales.

LREM ne fera pas basculer le Sénat. Mais l'enjeu des sénatoriales pour le président Macron est de trouver la majorité des 3/5 des suffrages exprimés au Parlement (nécessaire pour pouvoir modifier la Constitution ) afin de mettre en œuvre les réformes institutionnelles qu'il a promises.

L'exécutif peut compter sur 395 députés à l'Assemblée. Pour arriver au 3/5, il faut 160 sénateurs. Ce qui semble difficile à atteindre.

Avec 30 sénateurs (puis 29, après le décès de Nicole Bricq) essentiellement issus du groupe PS, le groupe LREM n'a pas de quoi renverser la majorité sénatoriale. Le parti du président Macron comptait attirer les élus sans étiquette mais une série d'annonces et de décisions de l'exécutif durant l'été - 13 milliards d'économies pour les collectivités, réduction du nombre d'emplois aidés, suppression de la réserve parlementaire, fin de la taxe d' habitation - n'a pas permis cette dynamique.

D'une soixantaine de sénateurs, les ambitions de LREM se sont réduites à 50 voire 40 sénateurs pour le groupe mais LREM comptera cependant des alliés dans presque tous les groupes.

Si la droite va rester majoritaire, Les Républicains (LR) restent néanmoins confrontés aux dissidences dans de nombreux départements.

Mathématiquement, le Parti socialiste (PS), exsangue après sa déroule à la présidentielle, va quant à lui perdre des sièges dimanche et pourrait se retrouver autour de 60 sénateurs.

Les communistes devraient eux aussi perdre des points.

Enfin, le Front national (FN), qui ne compte que deux représentants au Sénat, devrait une nouvelle fois faire les frais de sa faible implantation locale et risque de payer la crise interne qui le secoue depuis le départ de Florian Philippot.

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Source: Agence de presse Xinhua

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