Il est temps de réévaluer la valeur des liens sino-européens

Par : LIANG Chen |  Mots clés : UE
French.china.org.cn | Mis à jour le 06-09-2017


Les relations entre la Chine et l’Union européenne (UE) se développent rapidement. L’UE constitue le plus grand marché pour la Chine et la Chine est le deuxième marché pour l’UE. L’Agenda stratégique pour la Coopération 2020 fonctionne comme une plateforme institutionnelle pour la collaboration entre les deux parties sur la paix et la sécurité, la prospérité, le développement durable et les échanges interpersonnels. 


De plus, la mise en œuvre de l’initiative des nouvelles Routes de la soie, qui promeut la connectivité dans la région eurasiatique, crée de façon continue de nouvelles opportunités. En 2015 par exemple, la Chine est devenue le premier pays non-occidental à participer au plan d’investissement à 315 milliards d’euros de la Commission européenne, mis en place par son président Jean-Claude Juncker.


Récemment, l’impact des politiques de Donald Trump sur les affaires internationales a créé un vide, qui pourrait être rempli par d’autres puissances comme la Chine et l’Union européenne. L’engagement commun de Beijing et de Bruxelles dans la sauvegarde de l’Accord de Paris - après l’annonce par le président américain de retirer les Etats-Unis de cet accord - en constitue le meilleur exemple. Cet engagement fut souligné lors du 19e Sommet organisé dans la capitale belge. 


Cependant, le partenariat entre la Chine et l’UE rencontre également des défis. L’un des problèmes les plus significatifs fut la décision de l’UE de refuser à la Chine son statut d’économie de marché, alimentant ainsi de sérieux désaccords. Cette décision a renforcé un débat préexistant sur les répercussions futures de l’implication de la Chine sur le vieux continent. 


Les critiques actuelles reposent sur deux piliers, dont le premier concerne l’économie. Les acquisitions d’entreprises européennes par d’autres entreprises chinoises, ainsi que l’exportation de produits chinois bon marché comme l’acier, a effrayé certains secteurs industriels européens et cette inquiétude s’est reflétée récemment dans la position de pays européens majeurs, à savoir l’Allemagne et la France. 


Le second pilier est intimement lié à la politique et remet en cause la conduite de la politique étrangère de la Chine à l’égard de l’UE, ainsi que des pays européens individuels. Il y a quelques jours, le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, fut éloquent sur ce sujet. 


Lors d’un discours à l’ambassade allemande à Paris, il a déclaré : « Si nous ne parvenons pas, par exemple, à développer une stratégie unique envers la Chine, alors la Chine réussira à diviser l’Europe. » Ses commentaires se référaient principalement à l’approche chinoise « 16+1 », à savoir la volonté de Beijing d’établir des liens étroits avec des pays de la péninsule des Balkans et d’Europe centrale et orientale. 


Le ministère chinois des Affaires étrangères n’a pas caché sa stupeur vis-à-vis de la déclaration de M. Gabriel et la réponse du ministère s’est concentrée sur le soutien constant de la Chine en faveur de l’intégration européenne. En réalité, Beijing s’est grandement préoccupée du futur de l’UE depuis la crise économique qui a éclaté en 2008. 


A de nombreuses occasions particulièrement difficiles pour l’intégrité de l’eurozone, la Chine a publiquement préconisé d’éviter les décisions pouvant avoir des conséquences inconnues, notamment la proposition de sortir la Grèce de la zone monétaire commune. Avant le référendum britannique sur son retrait de l’UE, la Chine avait même clairement indiqué qu’elle préférait un vote « Oui » pour le Royaume-Uni, afin de garantir la continuité. 


L’analyse attentive des récents commentaires de M. Gabriel apporte cependant une explication à cette déclaration. L’échec de l’UE à parler d’une seule voix en ce qui concerne la Chine - comme il l’a noté - reflète la faiblesse générale dans la capacité des Etats-membres de l’UE à mettre en forme une politique étrangère commune (mais cela ne devrait pas être une surprise pour toute personne un tant soit peu familière avec les affaires européennes). 


En ce qui concerne la Chine, cet échec démontre notamment que de nombreux pays européens sont prédisposés favorablement envers les investissements chinois, n’étant souvent plus financés par l’UE elle-même mais restant perçus de manière suspicieuse par la Commission européenne. 


L’Allemagne, en tant que locomotive économique de l’UE, s’abstient de soutenir directement la croissance par le biais de mesures économiques adaptées. En revanche, elle espère accomplir la croissance par des réformes structurelles. 


Cependant, certaines sociétés et de nombreuses jeunes générations d’Européens n’ont pas nécessairement la patience d’attendre pour des résultats sur le long terme, alors qu’elles font face à des difficultés économiques. Elles cherchent des résultats immédiats pour améliorer leurs conditions de vie. Naturellement, de nombreux hommes politiques européens au niveau national adoptent également des voies alternatives pour améliorer la prospérité, notamment avec l’initiative des nouvelles Routes de la soie. 


Il vaut mieux regarder la réalité en face, plutôt que d’essayer de la travestir. La Chine ne divise pas l’Europe. La Chine approche une Europe divisée et exerce une politique économique et étrangère en conséquence. La situation qui en résulte ne devrait pas être liée à ses causes plus profondes. 


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