Après des attaques terroristes répétées en Europe, comment faire face au terrorisme « endogène » ?

Depuis le mois de mars, le continent européen a subi sept incidents terroristes qui ont fait plusieurs dizaines de morts en Grande-Bretagne et enFrance. En juin, quatre attaques successives se sont produites. La menace terroriste en Europe a déclenché une grande anxiété.

De Londres à Paris, du Parlement aux Champs-Elysées, du stade de Manchester à la cathédrale Notre-Dame, la même « feuille de route » terroriste se profile. Cui Hongjian, directeur del'Institut chinois des relations internationales contemporaines, a déclaré dans une interview que les terroristes choisissent dans les pays développés des sites emblématiques et de grands moments du calendrier pour obtenir un impact maximum.

Le caractère endogène et la normalisation des attaques

Il est à noter que les récents incidents terroristes en Europe sont pour la plupart liés à l'organisation extrémiste de l'Etat islamique (EI). L'attaque du Parlement à Westminster à Londres, l'explosion survenue dans le stade de Manchester et l'attaque du pont de Londres ont été revendiquées par l'organisation terroriste.

Certains analystes estiment que les récentes attaques terroristes en Europe sont liées aux lourdes pertes essuyées sur le champ de bataille et la perte de territoire de l'Etat islamique au Moyen-Orient. Ces attaques pourraient ainsi être l'équivalent de représailles. En outre, les membres de l'Etat islamique se dispersent rapidement et de retour dans leurs pays d'origine, provoquent une instabilité dans la région. Ceci est donc une manifestation d'exportation du terrorisme hors du Moyen-Orient.

D'autre part, les attaques terroristes survenues en Europe sont de plus en plus conduites par des « loups solitaires », les terroristes choisissant de foncer dans la foule avec un véhicule ou de tuer des cibles à l'arme blanche. Ces attaques peu sophistiquées et aux objectifs faibles sont particulièrement difficiles à prévenir par les forces antiterroristes.

Cui Hongjian estime que les récentes attaques survenues en Europe montrent une nouvelle tendance d'attaques « importées » au caractère endogène. Selon lui, la diffusion d'idées extrémistes sur internet et par d'autres canaux, ainsi que les difficultés d'intégration des minorités ethniques en Europe ont suscité un mécontentement de nombreux descendants d'immigrés, souvent de deuxième génération, qui sont susceptibles de répondre aux incitations à la violence des groupes extrémistes.

En outre, en raison du mode d'attaque peu technique et aux objectifs faibles, un modèle qui est facile à reproduire et difficile à surveiller efficacement, les attaques terroristes peuvent devenir plus fréquentes et personnalisées.« Dans la période à venir, l'Europe connaîtra des attaques terroristes qui sont susceptibles de devenir la norme », estime M. Cui.

Quelles solutions pour l'antiterrorisme ? Renforcer l'intégration des immigrés et privilégier une collaboration mondiale

La fréquence des attaques terroristes en Europe, et la façon de les prévenir et de répondre efficacement sont aujourd'hui des défis majeurs pour les pays européens. Dans une situation complexe pour l'antiterrorisme, quelles solutions se présentent ?

En réponse aux incidents répétés sur son sol, le gouvernement britannique a déclaré la guerre à l'extrémisme et a décidé de mettre en place un comité spécial chargé de prendre des mesures contre les idéologies extrémistes dans la société et sur internet. La première ministre britannique a déclaré après la dernière attaque que le pays « doit être prêt à combattre de manière cohérente et avec détermination toute forme de terrorisme, d'extrémisme et de haine. »

Cependant, le problème ne s'arrête pas à la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme. Les pays européens doivent également faire des efforts pour résoudre la montée des forces xénophobes d'extrême droite, les problèmes d'intégration des descendants d'immigrés dans la société, les contradictions internes, et promouvoir la justice et l'égalité pour prévenir le risque de formation de viviers du terrorisme.

Cui Hongjian a également souligné que l'UE doit former un mécanisme plus efficace de lutte contre le terrorisme, renforcer la coopération internationale et le partage du renseignement, promouvoir le concept de sécurité en priorité sur celui des droits de l'homme, pour parvenir à des mesures de sécurité plus strictes et plus protectrices. En outre, la lutte antiterroriste ne doit pas se limiter à une coopération en Europe, mais aussi prendre la forme d'une coopération internationale élargie, notamment avec la Russie et d'autres pays.

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