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Les puissances arabes coupent les ponts avec le Qatar

French.china.org.cn | Mis à jour le 06. 06. 2017 | Mots clés : puissances ,arabes , Qatar

Hier, les plus grandes puissances du monde arabe ont coupé les ponts avec le Qatar, invoquant son soutien présumé aux islamistes et à l’Iran. Cette mesure rouvre une plaie délétère deux semaines après la demande du président américain Donald Trump aux Etats musulmans de combattre le terrorisme.

L’Arabie saoudite, l’Egypte, les Emirats arabes unis et le Bahreïn ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar dans une action coordonnée. Le Yémen, le gouvernement de l’est de la Lybie et les Maldives ont rejoint plus tard cette initiative.

Le Qatar a dénoncé cette mesure comme étant basée sur des mensonges à propos de son soutien au terrorisme. Le pays a souvent été accusé d’être une source de financement pour les islamistes, à l’instar de l’Arabie saoudite.

L’Iran, qui est depuis longtemps en opposition face à l’Arabie saoudite et une cible indirecte de cette mesure, attribue celle-ci à la visite de M. Trump le mois dernier à Riyad.

« Ce qui arrive est le résultat préliminaire de la danse du sabre », a déclaré sur Tweeter Hamid Aboutalebi, le chef de cabinet adjoint du président iranien Hassan Rohani, en référence à la danse à laquelle s’est prêté le président américain avec le roi saoudien lors de cette rencontre.

Cette attaque diplomatique menace le prestige international du Qatar, qui abrite une importante base militaire américaine et doit accueillir la Coupe du monde de football en 2022.

Le ton belliciste adopté par Donald Trump sur Téhéran et le terrorisme lors de sa visite à plus de 50 dirigeants musulmans réunis à Riyad est perçu comme ayant préparé le terrain à cette crise diplomatique. A l’heure actuelle, il est difficile de savoir ce qu’il adviendra de la base militaire.

Pour Jean-Marc Rickli, le directeur des risques mondiaux et de la résilience au Geneva Centre for Security Policy (GCSP), il y a désormais un changement dans l’équilibre des puissances du golfe du fait de la nouvelle présidence : « Trump s’oppose fortement à l’Islam politique et à l’Iran. […] Il est parfaitement aligné avec Abou Dabi et Riyad, qui ne veulent pas non plus de compromis avec l’Iran ou l’Islam politique prôné par les Frères musulmans. »

Le Qatar s’est présenté pendant de nombreuses années comme un médiateur et une puissance influente dans les nombreux différends de la région, mais l’Egypte et les Etats arabes du Golfe persique apprécient peu le soutien du Qatar aux islamistes, notamment aux Frères musulmans, qu’ils voient comme des ennemis politiques.

Coupant tous les moyens de transport avec le Qatar, les trois Etats du Golfe ont donné aux visiteurs et aux résidents qataris deux semaines pour quitter le pays.

Parmi les mesures les plus sévères, l’Arabie saoudite, le Bahreïn et l’Egypte ont interdit aux avions qataris d’atterrir sur leurs territoires, mais aussi d’utiliser leur espace aérien.

En coupant ces relations, l’Arabie saoudite a accusé le Qatar de soutenir des groupes de militants extrémistes et de diffuser leur idéologie, une référence apparente à la chaîne de télévision par satellite influente détenue par le Qatar : Al Jazeera.

Le Qatar « accueille de nombreux groupes terroristes et sectaires visant à perturber la stabilité dans la région, notamment les Frères musulmans, Isis [l’Etat islamique] et Al-Qaïda », a indiqué l’agence de presse de l’Arabie saoudite.

Celle-ci accuse le Qatar d’aider les militants soutenus par l’Iran dans sa région orientale agitée de Qatif, à population largement chiite, ainsi qu’au Bahreïn. Le Qatar a également été exclu de la coalition menée par l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen.

Une campagne « basée sur des mensonges »

Le Qatar a nié interférer dans les affaires d’autres pays : « Cette campagne d’incitation se base sur des mensonges, qui ont atteint le niveau de complètes élucubrations », a indiqué le ministre qatari des Affaires étrangères.

L’Iran a appelé au dialogue. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a indiqué sur Twitter : « Les voisins sont permanents ; la géographie ne peut être changée. La coercition n’est jamais la solution. Le dialogue est impératif, particulièrement pendant le temps sacré du Ramadan. »

La scission entre Doha et ses plus proches alliés risque d’avoir des répercussions au Moyen-Orient, où les Etats du Golfe ont utilisé leur puissance financière et politique pour influencer les événements en Lybie, en Egypte, en Syrie, en Iraq et au Yémen.

La Turquie, en tant que puissance régionale et alliée des Frères musulmans et du Qatar, a prôné le dialogue pour résoudre cette affaire.

Les répercussions économiques sont également au centre de toutes les attentions, alors que la compagnie aérienne d’Etat Ethihad Airways des Emirats arabes unis, la compagnie Emirates Airline de Dubaï et les transporteurs à bas coûts Flydubai et Air Arabia indiquaient qu’ils suspendaient tous les vols au départ et à destination de Doha dès ce matin et jusqu’à nouvel ordre.

Qatar Airways a annoncé sur son site internet, qu’elle avait suspendu tous les vols à destination de l’Arabie saoudite.

L’indice boursier du Qatar a chuté de plus de 7 % avec les plus grandes sociétés du marché particulièrement touchées. Certaines banques égyptiennes ont déclaré qu’elles suspendaient leurs opérations avec les banques qataries.

Ces mesures sont plus sévères que lors d’un précédent conflit de huit mois en 2014, au cours duquel l’Arabie saoudite, le Bahreïn et les Emirats arabes unis avaient rappelé leurs ambassadeurs de Doha, invoquant déjà un soutien qatari à des groupes extrémistes. Cependant, les liens de transport avaient alors été maintenus et les Qataris n’avaient pas été expulsés.

Pour Kristian Ulrichsen, un expert du Golfe persique de l’Institut Baker basé aux Etats-Unis, si les frontières terrestres et l’espace aérien du Qatar restent fermés trop longtemps, cela « sèmerait le chaos sur le calendrier et la livraison » de la Coupe du monde.

Les autorités de la FIFA ont indiqué qu’elles étaient en contact avec le Qatar.

« Il semble que les Saoudiens et les Emiratis se sentent enhardis par l’alignement de leurs intérêts régionaux - envers l’Iran et l’islamisme - avec l’administration Trump », indique M. Ulrichsen.

Le Qatar a utilisé ses médias et son poids politique pour soutenir les islamistes longtemps réprimés lors des soulèvements pro-démocratiques des Printemps arabes en 2011.

Les groupes des Frères musulmans alliés à Doha sont désormais principalement sur la défensive dans la région, notamment après le renversement en 2013 par l’armée du président-élu islamiste en Egypte.

L’ancien chef des armées et désormais président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, ainsi que les alliés du nouveau gouvernement en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, ont placé les Frères musulmans sur la liste des organisations terroristes.

L’Egypte, la nation la plus peuplée du monde arabe, a annoncé par l’intermédiaire de son agence de presse d’Etat, que la politique du Qatar « [menaçait] la sécurité nationale arabe et [semait] les graines de la discorde et de la division au sein des sociétés arabes, selon un plan réfléchi visant l’unité et les intérêts de la nation arabe ».

Les prix du pétrole ont augmenté après ces mesures à l’encontre du Qatar, qui est le plus grand fournisseur de gaz naturel liquide au monde et un vendeur majeur de condensat, un mélange liquide d’hydrocarbures légers dérivé du gaz naturel.

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Source: french.china.org.cn

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