Emmanuel Macron a participé du 24 au 27 mai au sommet de l'OTAN à Bruxelles puis au G7 en Sicile. Il a rencontré à cette occasion le président américain Donald Trump et d'autres chefs d'Etat. Le 29 mai, il a reçu à Versailles le président russe Vladimir Poutine à l'occasion d'une exposition sur Pierre Le Grand. En moins d'une semaine, le nouveau président français a rencontré les dirigeants des principaux pays d'Europe et des Etats-Unis. Pour ses débuts diplomatiques sur la scène internationale, Macron a fait preuve d'un style assuré, pragmatique et modéré qui a laissé un impact profond.

Pendant le sommet de l'OTAN à Bruxelles, le moment le plus frappant a été la rencontre entre Macron et Trump. Ce dernier, qui est devenu président des Etats-Unis il y a quatre mois, se rendait pour la première fois de son mandat en Europe pour assister aux deux grandes réunions internationales. Emmanuel Macron avait quant à lui pris ses fonctions moins de deux semaines auparavant. Leur réunion à Bruxelles suscitait donc naturellement un grand intérêt.

Le 24 mai, Donald Trump a reçu Emmanuel Macron pour un déjeuner à l'ambassade des Etats-Unis. Le jeune président français a déclaré qu'il s'agissait d'un grand honneur, car bien que le président américain doive rencontrer de nombreux dirigeants à l'occasion des sommets internationaux, il a été le seul chef d'Etat convié à déjeuner. Cela manifestait l'importance donnée par les Etats-Unis au futur des relations sino-françaises.

Un « bras de fer » avec Donald Trump

Si la rencontre entre les deux nouveaux présidents a été chaleureuse, les journalistes qui couvraient l'événement en direct ont néanmoins pu capturer un petit moment insolite. Donald Trump est connu pour ses poignées de main « vigoureuses », voire exagérées, lorsqu'il rencontre des dignitaires étrangers, et cela s'est produit une nouvelle fois. Devant les caméras, les deux chefs d'Etat ont échangé une très longue poignée de main, pendant près de dix secondes, une scène ressemblant à un affrontement plus qu'à un échange cordial. Finalement, Trump a dû jeter l'éponge et a tenté de retirer sa main, mais Macron l'a retenu quelques instants en souriant. Les médias américains ont jugé que le jeune et vif président français l'avait emporté.

Emmanuel Macron a ensuite déclaré au Journal du dimanche que le geste n'était « pas innocent », mais qu'il ne « faut pas surmédiatiser non plus ». Il a expliqué que les dirigeants comme Trump s'inscrivent dans une logique de rapport de force, et qu'il fallait montrer qu'aucune concession ne serait faite, « c'est comme cela qu'on se fait respecter ».

Et en effet, les discussions entre Macron et Trump sur l'accord de Paris sur le climat ont tourné au bras de fer. En décembre 2015, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est parvenue à un accord lors de la Conférence de Paris, comprenant les Etats-Unis. Cependant, Donald Trump a durant sa campagne électorale qualifié l'accord de « canular » et menacé de retirer son pays des engagements pris dans l'accord de Paris. Depuis son accession au pouvoir, Trump et son équipe sont revenus sur des engagements pris lors de négociations sur le climat, sans se retirer officiellement de l'accord pour l'instant.

L'accord de Paris est un accord mondial soutenu vigoureusement par la France et vu comme une grande réalisation diplomatique du pays. En tant que gros émetteurs de gaz à effet de serre, les Etats-Unis infligeraient en se retirant un grave revers aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique. Cela est devenu une pierre de touche des relations américano-européennes depuis l'élection de Donald Trump. La sauvegarde de cet accord est évidemment une priorité diplomatique de Macron, et c'est pourquoi lors du sommet du G7, la France et les cinq autres pays face à Trump ont exercé une forte pression sur ce dernier, au risque de se retrouver dans l'impasse. La chancelière allemande Angela Merkel a jugé que la situation présentait six pays contre un engagés en faveur de l'accord de Paris.

Emmanuel Macron a déclaré aux journalistes qu'il a clairement dit à Donald Trump que les Etats-Unis doivent assumer leur pleine responsabilité dans le cadre de l'accord de Paris. Il a dit que son souhait était « qu'il n'y ait aucune décision précipitée sur ce sujet de la part des Etats-Unis d'Amérique ». Malgré l'insistance de ses alliés, Trump n'a pour l'instant pas officiellement changé de point de vue, mais son attitude semble s'être adoucie. Selon son conseiller économique Gary Cohn, « son point de vue évolue ».

Cet affrontement sur la question climatique laisse entrevoir un féroce conflit d'intérêts entre l'Europe et l'Amérique, mais cela montre aussi la fermeté diplomatique d'Emmanuel Macron.