Envoyer [A A]

Les terroristes poursuivent leur guerre asymétrique

French.china.org.cn | Mis à jour le 25. 05. 2017 | Mots clés : terroristes ,guerre asymétrique,Manchester ,Europe

 


George N. Tzogopoulos

Manchester a été la nouvelle victime du terrorisme islamiste en Europe. Après les récentes attaques à Paris, Bruxelles, Berlin, Londres et d’autres villes européennes, cette métropole britannique est à son tour touchée. Salman Ramadan Abedi, un homme de 22 ans d’origine libyenne né à Manchester, s’est fait exploser lors du concert d’Ariana Grande, tuant au moins 22 personnes et en blessant près de 60 autres. L’attentat a été revendiqué par l’Etat islamique.

Pendant des mois, tout le monde au Royaume–Uni savait que le pays pouvait être la cible de cette organisation. Début février 2017 par exemple, le grand tabloïde The Sun avait cité le maire de Londres Sadiq Khan : « Cela va se produire, mais on ne sait pas quand. » Le 22 mars, Khalid Masood, un Britannique de 52 ans, avait tué cinq personnes et en avait blessées environ 50 autres lors d’une attaque avec sa voiture, puis au couteau, à Londres. L’Etat islamique l’avait considéré comme « un de ses soldats », même s’il n’y a pas de preuves tangibles quant à ses liens avec l’organisation terroriste.

L’attaque de Manchester est la plus meurtrière au Royaume–Uni depuis les atrocités du 7 juillet 2005. Les terroristes d’Al-Qaeda avaient alors semé la mort et la terreur à Londres dans les transports publics, à savoir le métro et le bus. La principale raison invoquée à l’époque, c’était qu’il s’agissait de représailles suite à la décision britannique de participer à la guerre contre l’Irak sous l’égide des Etats–Unis deux ans plus tôt.

Le terrorisme a cependant changé de nature douze années plus tard. C’est parce qu’Al–Qaeda opère différemment par rapport à l’Etat Islamique. Plus précisément, les attaques passées étaient coordonnées par un organe central et requéraient l’approbation du commandement. Les dernières attaques ne nécessitent pas toujours une planification ou une direction similaire.

L’Etat islamique emploie en effet une approche de bas en haut. L’organisation terroriste a réussi à mobiliser ses soutiens, les inspirant par des lectures islamiques. En Europe, ces supporteurs sont souvent nés dans les pays européens ; ils sont radicalisés et ensuite formés par l’Etat islamique, mais pas nécessairement au Moyen–Orient. Ils reviennent ensuite dans leur pays et peuvent agir indépendamment en se servant de leur formation et de leur entraînement contre leurs cibles.

Par conséquent, il sera particulièrement difficile de prévenir les assauts terroristes à l’avenir. Bien sûr, l’ampleur des nouvelles attaques n’est ni aussi importante ni aussi impressionnante que par le passé, quand des avions pouvaient facilement être détournés. Néanmoins, c’est en substance similaire. Un conducteur, quelqu’un qui se fait exploser ou un attaquant avec un couteau peut toujours tuer de nombreuses personnes au nom d’une organisation terroriste.

La police britannique avait déjà eu affaire avec M. Abedi. Même s’il était connu des services de sécurité, une enquête n’avait pas été ouverte et il n’était pas considéré comme un risque potentiel. Il était plutôt considéré comme une personnalité en marge, tout comme M. Masood. Cet échec souligne les difficultés que les autorités rencontrent pour localiser et surveiller les futurs terroristes.

Dans certains cas, la violence ou des comportements sociaux anormaux peuvent être des signes d’extrême radicalisation, mais dans d’autres, la distance entre les deux tendances reste vaste. MM. Abedi et Masood appartenaient au premier cas de figure. Même si on investit davantage dans le renseignement et la surveillance, comme cela a été fait, le succès n’est pas forcément au rendez–vous.

L’Etat islamique possède deux avantages de taille à l’avenir. Le premier, c’est qu’il peut se servir des médias sociaux pour promouvoir ses idées, disséminer son message et plus important encore, recruter des soldats. Les médias sociaux occidentaux bloquent maintenant les contenus inappropriés mais les terroristes pourraient avoir recours à la cryptographie. Le second avantage, c’est que l’Etat islamique exploite l’islamophobie qui prévaut dans les sociétés occidentales pour accroître le nombre de supporteurs musulmans qui veulent « défendre » l’honneur du monde musulman.

La première ministre britannique Theresa May a déclaré après l’attaque de Manchester que « les terroristes ne gagneront jamais » et a souligné les valeurs de son pays. Elle peut compter sur le soutien de la plupart des pays dans le monde, qui ont fait connaître de manière forte leur solidarité. Hormis ces bonnes paroles, la réalité, c’est que la sécurité ne peut pas être garantie dans les pays européens. Les attaques terroristes sont maintenant devenues des aspects de la vie quotidienne des gens ordinaires, qui devront apprendre à vivre avec cette peur.


(L’auteur enseigne au Centre international de formation européenne à Nice, France)

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source: french.china.org.cn

Réagir à cet article

Votre commentaire
Pseudonyme
Anonyme
Les dernières réactions (0)

Les articles les plus lus