Pour gouverner, Macron aura besoin de la supervision des électeurs

Mme Yu, Française d'origine chinoise, travaille à l'Université des sciences et technologies de Hong Kong. Au premier tour, elle hésitait entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, pour finalement voter pour ce dernier. Elle raconte qu'avant de travailler à Hong Kong, elle a passé dix ans de sa carrière à Paris auprès de l'ancien premier ministre Michel Rocard et de l'ambassadeur chinois Wu Jianmin et établi avec trois autres personnes le Forum France-Chine. Emmanuel Macron n'avait alors qu'une vingtaine d'années et elle le connaissait de vue, Michel Rocard étant leur mentor. Il lui a donné une impression positive. « J'ai quelques inquiétudes cependant vis-à-vis de Macron, je pense qu'il manque d'expérience politique, et qu'il aura besoin du soutien et de la supervision des citoyens français et du monde », déclare-t-elle.

Mme Xiao Xia, qui habite dans le nord de la France, est allée voter avec enthousiasme et a encouragé son fils qui vient d'avoir dix-huit à faire de même. Son choix s'est porté sur Emmanuel Macron, car elle juge que les candidats d'extrême droite et d'extrême gauche sont trop dangereux. Cependant, elle ne se berce pas d'illusions sur son programme politique : « Chaque candidat essaie juste de réunir autant de votes que possible, et qui que soit le vainqueur, nous devrons nous estimer heureux s'il réalise la moitié de son programme. »

Pour certains, une élection décevante

Pour la plupart, les candidats de cette année ne répondent pas à l'idéal des électeurs. A Toulouse, notre journaliste a rencontré une dame d'âge moyen interviewée par la chaîne France 3, qui a déclaré que cela était pour elle la première fois qu'elle voyait une telle élection sans candidat satisfaisant. Beaucoup de gens ont décidé de s'abstenir, de voter blanc ou de rendre leur bulletin nul en protestation.

Une électrice interviewée par France 3 (crédits photo : Liang Chen)

Pour cette électrice prénommée Marie-Rose, le choix a été de voter pour Emmanuel Macron au premier tour, « même si je sais qu'il représente les riches et pas les gens comme moi. Je n'ai pas trouvé de candidat convaincant, mais après mon vote, je me suis sentie triste. C'est la première fois depuis que j'ai commencé à voter à l'âge de dix-huit ans que j'ai ce sentiment de malaise. »

Devant le bureau de vote de Blagnac, on voyait avant le second tour l'affiche de Marine Le Pen complètement arrachée, et celle d'Emmanuel Macron raturée d'une grande croix. Cela symbolise peut-être ce que la majorité des Français pensent : absolument pas Le Pen, mais pas d'enthousiasme pour Macron.

25,44 % des électeurs ont préféré s'abstenir, un taux record au second tour des élections présidentielles depuis 1969. De plus, plus de 11,5 % des électeurs (soit 4 millions de votants) ont mis dans les urnes un bulletin blanc ou nul, un record également.

Par contre, la communauté chinoise en France a accordé à cette élection une plus grande attention que jamais. Au premier tour, une majorité a choisi François Fillon, pour se reporter au deuxième tour sur Emmanuel Macron. Les discussions ont été animées sur les réseaux sociaux. Un ressortissant chinois a ainsi exprimé ses attentes envers le futur : « J'espère que nous aurons un candidat d'origine chinoise ! Nous devons participer à la vie politique française pour porter cet espoir ! Nous devons nous intégrer ! »