Le 7 mai à vingt heures, le candidat indépendant Emmanuel Macron a remporté le deuxième tour de scrutin avec 66,06 % des voix, contre 33,94 % pour son adversaire du Front national Marine Le Pen, et est devenu à 39 ans le plus jeune président de la République française. Un journaliste de CRI.cn est allé à la rencontre d'électeurs de tous horizons pour les interroger sur leurs choix électoraux.

Un vote contre Le Pen

M. Xu, patron d'entreprise à Paris, est un homme d'origine chinoise arrivé en France dans les années 1980. Il a déjà participé à plusieurs élections, et se rend toujours aux urnes. « La situation politique et économique française se détériore, les candidats à la présidentielle sont de moins en moins convaincants. Le monde politique est aux mains d'une petite élite qui promet monts et merveilles sans vergogne », se désole-t-il. M. Xu était prêt à voter pour François Fillon, mais lorsque le scandale des emplois fictifs a éclaté, il a changé d'avis, déçu par l'éthique défaillante du candidat. Il a longuement étudié les programmes des autres candidats, et son choix s'est finalement porté sur Nicolas Dupont-Aignan.

M. Xu a déclaré qu'il a voté par conviction au premier tour de scrutin, même s'il savait que le candidat ne passerait pas au second tour. Pour le vote du 7 mai, il a fait le choix pragmatique d'empêcher l'élection de Marine Le Pen.

Le 7 mai, M. Xu au bureau de vote (photo fournie par M. Xu)

Au bureau de vote d'une école primaire de Toulouse, nous avons rencontré une famille noire. La mère de famille explique qu'elle a voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour, en raison de son attitude ouverte envers les étrangers et de son engagement à protéger les plus faibles. Au deuxième tour, la priorité a été d'empêcher Marine Le Pen de passer, avec son discours xénophobe.

« Ma tendance politique est à gauche, je vote toujours pour les candidats de gauche. Cette fois-ci, j'ai voté pour le candidat officiel du Parti socialiste, Benoît Hamon. Malheureusement, il n'a pas réussi à passer au second tour. Aujourd'hui, ma femme, les enfants et moi sommes allés voter ensemble contre Le Pen. Je ne veux pas que mes enfants aient à vivre dans la peur », déclare le père de famille.

La famille au bureau de vote de Toulouse (crédits photo : Liang Chen)

L'enthousiasme pour le dynamisme d'Emmanuel Macron

Certains électeurs ont voté pour Emmanuel Macron parce qu'ils ont été séduits par son dynamisme. C'est le cas de Zhizi, qui vit en France vingt ans et qui travaille à Paris. Cette femme d'origine chinoise explique qu'elle a voté pour Macron dès le premier tour, parce qu'il lui semblait plein d'énergie, avec un esprit humaniste et optimiste de gauche, ainsi que de nouvelles idées pour l'économie. Après l'incident qui a valu la mort à Liu Shaoyao à Paris, abattu par la police française juste avant l'élection, Emmanuel Macron a été le seul responsable politique à exprimer ouvertement son soutien à la communauté chinoise, sans craindre de perdre des voix dans une certaine partie de l'électorat.

Au bureau de vote de l'école primaire de Toulouse, notre journaliste a également rencontré un couple âgé qui lui a laissé une forte impression. Au premier tour le 23 avril, malgré ses grandes difficultés pour marcher, la vieille dame a insisté pour aller voter, soutenue physiquement par son mari.

Deux semaines plus tard, elle était de retour au bureau de vote avec une canne. (Crédits photo : Liang Chen)

Ce couple retraité travaillait dans la fonction publique il y a plus de vingt ans. Au premier tour, ils ont voté pour Jean-Luc Mélenchon, et au second tour, leur choix s'est porté sur Emmanuel Macron. « Pour être honnête, nous ne connaissons pas bien Emmanuel Macron, il est trop jeune, il n'a pas beaucoup d'expérience politique, mais il a osé sortir du parti de gauche traditionnel pour mettre en place un mouvement au centre et indépendant, c'est admirable ! Il veut rompre le clivage politique traditionnel, cela est courageux », estime la dame, à côté de son époux qui hoche la tête.

Selon lui, si Marine Le Pen est arrivée au second tour, cela est de la faute des partis traditionnels, au pouvoir depuis de nombreuses années sans être capables de répondre aux problèmes du pays. Leur inaction a créé les conditions du passage de Marine Le Pen au second tour.