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Les Français font le choix de la raison en élisant Emmanuel Macron

French.china.org.cn | Mis à jour le 08. 05. 2017 | Mots clés : présidentielle française,Macron

Crédit photo : VCG

Les Européens ont poussé un long soupir de soulagement. L'élection à la présidence française d'Emmanuel Macron, qui préconise une plus grande intégration européenne, éloigne la menace constituée par sa rivale au second tour, la candidate d'extrême droite Marine Le Pen.

Le scrutin du 7 mai a donné au candidat centriste indépendant 65,8 % des voix. A trente-neuf ans, le huitième président de la Ve République sera aussi le plus jeune.

Au cours du débat télévisé opposant les deux candidats, Emmanuel Macron avait fait fi de son jeune âge et avait fait preuve de la solennité adaptée à la fonction présidentielle, détaillant clairement ses grandes idées politiques pour l'administration du pays. Marine Le Pen, visiblement sur la défensive, s'était présentée dans le rôle de l'opposition, et avait multiplié les attaques agressives à l'encontre de son rival, sans pour autant parvenir à fournir une alternative crédible. Elle avait donné l'impression de vouloir « casser le système », sans projeter une image présidentielle. Face à l'indignation de Marine Le Pen sur le passé et le présent, Emmanuel Macron avait présenté un regard tourné vers l'avenir. L'issue de la bataille était déjà claire à la lumière de ce débat.

Le stratagème Macron

La victoire d'Emmanuel Macron sur les nombreux candidats qui s'étaient présentés à l'élection est inséparable de ses idées de gouvernance et de son extraordinaire talent.

En seulement deux ans et deux mois au poste de ministre de l'Economie, il a fait preuve de son talent et de son audace dans la gouvernance économique. Peu de temps après sa prise de fonction, il a annoncé son projet de loi « pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques » visant à revigorer le marché, à encourager l'ouverture de nouveaux marchés et à accroître la concurrence, ainsi qu'à assouplir les règles de construction et de gestion du secteur des chemins de fer et des autoroutes, et à vendre 5 à 10 milliards d'euros d'actifs appartenant à l'Etat. Face au manque de compétitivité de longue date des entreprises qui a entraîné une crise en France, ce projet de loi osait prendre des mesures fortes de réforme.

Emmanuel Macron a aussi apporté d'importantes révisions au projet « Nouvelle France industrielle » de 2013 visant à revitaliser le secteur secondaire. Ce projet, qui comportait un aspect conservateur de « priorité française », se penchait insuffisamment sur les domaines déjà préconisés en Allemagne comme la fabrication intelligente. Macron a modifié le projet pour favoriser le développement de la production numérisée et pour encourager les entreprises à transformer leur modèle d'affaires vers « les industries du futur » en priorité, pour revitaliser le secteur manufacturier. Il a élaboré un plan comprenant neuf nouveaux domaines, dont l'exploitation des nouvelles ressources, le développement urbain durable, les véhicules respectueux de l'environnement, les technologies internet et les médicaments de type nouveau. Ce plan d'industrie du futur affichait une volonté claire de correspondance avec le programme allemand « Industrie 4.0 ».

L'opinion publique a vu dans la campagne électorale d'Emmanuel Macron des idées de réforme, mais aussi un aspect rationnel et pragmatique. Ses grandes propositions sont de réduire l'impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 %, de changer l'impôt sur la fortune en impôt sur le patrimoine immobilier, et d'abolir les charges sur le capital. Ces mesures sont favorables aux entreprises et à l'investissement. D'autre part, il a proposé d'exempter 80 % des ménages de l'impôt foncier, d'établir une assurance-chômage plus étendue et un renforcement de la formation continue. Il a annoncé l'objectif de réduire le nombre de chômeurs de 90 millions en cinq ans, pour passer à un taux de chômage de 7 %, contre plus de 10 % actuellement. Ces mesures contribueraient à améliorer les conditions de vie de la population. Par conséquent, ce programme a réussi à obtenir un soutien des entreprises comme du public. En outre, il a proposé un plan d'investissement public de 50 milliards d'euros qui a séduit les marchés. Il s'est engagé à renforcer la loi encadrant l'éthique des responsables politiques, en interdisant notamment l'embauche des membres de leur famille, ainsi que les activités de conseil privées des députés. Dans un pays régulièrement secoué par les scandales économiques comme la France, ces mesures ciblées ont été saluées.

Son orientation politique a également joué un rôle crucial dans sa victoire. Il s'est revendiqué « ni à gauche, ni à droite », en recherche de « nouvelles idées » pour résoudre les problèmes du pays. Macron ne croit pas à la pertinence du clivage gauche-droite, seulement à la différence entre les progressistes et les conservateurs. « Je viens d'un gouvernement de gauche, mais je suis prêt à collaborer avec des gens de droite », a-t-il affirmé. Sa philosophie politique a reçu le soutien des « réformateurs » au sein du Parti socialiste comme l'ancien Premier ministre Valls, ainsi que de l'ancien premier ministre Alain Juppé, du parti de droite Les Républicains.

Cette position « ni à gauche, ni à droite » a apporté à Emmanuel Macron le soutien des centristes, dont l'influence dans l'arène politique est importante. Depuis longtemps, les partis de gauche et de droite doivent former des alliances avec le centre pour gouverner. Les centristes n'avaient pourtant jamais reçu de grand mandat pour gouverner, et le président du Mouvement démocratique François Bayrou a été candidat à l'élection présidentielle à trois reprises. En 2007, il avait recueilli 18,57 % des suffrages, et était arrivé en troisième place. François Bayrou a décidé de ne pas se présenter cette année, et d'apporter ainsi une aide cruciale à Macron. Au premier tour de scrutin, les grands partis de droite et de gauche, Les Républicains et le Parti socialiste, ont été éliminés, annonçant l'arrivée des forces centristes consolidées sur le devant de la scène. Les prochaines élections parlementaires de juin détermineront comment les pouvoirs traditionnels de gauche à droite se déploieront pour fournir ou non un soutien majoritaire au nouveau président.

L'Europe rassurée

La victoire d'Emmanuel Macron a fait pousser un long soupir de soulagement à toute l'Europe. Son adversaire Marine Le Pen avait brandi la menace, en cas d'élection à la présidence française, de sortir de la monnaie unique et d'organiser un référendum sur la sortie de l'UE. La France, pilier fondateur de l'Union européenne, aurait porté un coup fatal à l'UE en se retirant, et mis fin au processus d'intégration européenne. Les conséquences auraient été encore plus lourdes que celles du Brexit. L'élection française est ainsi devenue décisive pour l'avenir politique de l'Europe. La défaite de Marine Le Pen a été accueillie avec soulagement dans chaque pays d'Europe ; l'UE a échappé au coup de grâce.

Emmanuel Macron est largement considéré par l'opinion publique comme un Européen convaincu, partisan de l'intégration européenne. Il a lui-même affirmé croire en la vision de Jacques Delors, ancien socialiste français et président de la Commission européenne. En juin 2015, alors ministre de l'Economie et des Finances, Macron a coécrit avec son homologue allemand un texte prônant l'approfondissement de l'intégration européenne, appelant à des réformes structurelles et institutionnelles pour améliorer la gouvernance économique, promouvoir un système européen d'imposition sur le revenu et un système social unifié. A l'inverse de Marine Le Pen qui appelait à une « préférence française », Emmanuel Macron a affirmé que la France devrait assumer une plus grande responsabilité au sein de l'UE pour moderniser l'économie des pays en retard. Selon lui, du temps doit être accordé à ces pays pour leur permettre de mener des réformes structurelles.

Il a été reçu de manière courtoise à Berlin le 16 mars, où il a rencontré la chancelière Angela Merkel. Ils ont abordé la promotion de l'intégration européenne, et Macron a exprimé son soutien envers la décision allemande d'ouvrir ses portes aux réfugiés en 2015. Après la victoire d'Emmanuel Macron au premier tour de scrutin, Angela Merkel lui a publiquement exprimé son soutien. Le vice-chancelier allemand et ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel a également exprimé son soutien à Macron, et a souligné que « l'Europe a besoin d'une France forte et d'un mandat clairement formulé, celui de faire avancer l'Europe ». Sa victoire électorale vient ainsi sauver l'axe franco-allemand partisan de l'intégration européenne. Ceci est vraiment une bonne nouvelle pour l'Europe.

 

(Traduction d'un article en chinois rédigé par Shen Xiaoquan, maître de recherche au Centre de recherche sur les problématiques mondiales de l'agence de presse Xinhua.)

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Source: french.china.org.cn

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