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Comprendre les trois grandes tendances de l’élection présidentielle française

French.china.org.cn | Mis à jour le 28. 04. 2017 | Mots clés : trois grandes tendances , l’élection présidentielle française


L’élection présidentielle qui se déroule en France a dès le début suscité un grand intérêt, parce que la France, membre fondateur de l'Union européenne, est un grand pays d’Europe occidentale, ainsi qu’un pays apportant fréquemment un son de cloche différent de celui des Etats-Unis, et qui garde une influence considérable dans les affaires internationales. Durant la campagne, plusieurs candidats prometteurs ont proposé un programme basé sur la sortie de l’UE et l’abandon de l’euro, de sorte que l'élection a été vue comme un moment crucial sur la scène internationale après le Brexit et l’élection de Donald Trump à la présidence américaine. Le choix du président français aura un impact sur le futur de l'UE, la mondialisation de l'économie et la manière d’appréhender le monde.

Le premier tour du scrutin a donné un verdict clair : le candidat le plus plébiscité a été Emmanuel Macron avec 24 % des voix, suivi de Marine Le Pen avec 21,3 % des voix. François Fillon, le candidat du Parti de droite traditionnelle Les Républicains, autrefois favori, est arrivé troisième avec 20 % des voix, suivi du candidat d'extrême gauche Jean-Luc Mélenchon qui a créé la surprise avec 19,6 % des voix. Aucun des sept autres candidats n’a obtenu 10 % des voix, un résultat particulièrement tragique pour le candidat du Parti socialiste actuellement au pouvoir, Benoît Hamon, qui n'a été choisi que par 6,4 % des votants. Ces résultats laissent entrevoir trois grandes tendances.

Le doute

Bien que les voix opposées à l'UE augmentent, l'opinion publique française reste majoritairement opposée à une sortie de l’Union. En analysant les résultats des quatre premiers candidats, on voit que les deux candidats préconisant un renforcement de la place de l’UE, Macron et Fillon, ont obtenu ensemble 44 % des voix, un résultat auquel on peut ajouter les 6,4 % du candidat socialiste Benoît Hamon, qui s’était aussi exprimé en faveur de l'UE. On voit ainsi que plus de 50 % des Français sont disposés à continuer de promouvoir la construction européenne et l’euro. Cependant, près de 40 % des votants ont choisi Le Pen ou Mélenchon, deux candidats ayant soumis l’idée d’un référendum sur la sortie de l’UE. Par conséquent, le second tour de scrutin verra une confrontation féroce sur la question européenne, et les deux candidats devront convaincre le peuple de leurs idées sur l'UE.

Les attentes

Les électeurs français ont un fort désir de changement et veulent se débarrasser de l'ancien système. Cela explique comment Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont arrivés en tête. Le premier est une nouvelle star de la politique française, mais un coup d’œil à son CV montre qu’il n'est pas un responsable politique expérimenté. Il a fait son entrée à l’Elysée en 2012 en tant que secrétaire général adjoint au cabinet du président de la République. En 2014, il devient ministre de l'Economie, avant de quitter le gouvernement en 2016 pour fonder son propre mouvement politique. Cette ascension et son affirmation qu’il n’appartient pas au clivage traditionnel entre les partis de droite et gauche, son côté non-partisan, lui donnent l’image d’un individu hors système auprès de citoyens lassés par l’alternance des gouvernements de droite puis de gauche. Son impressionnant résultat, comme le fait remarquer le journal Le Monde, correspond au désir de changement des électeurs et à leurs attentes d’une certaine opposition au système.

La deuxième candidate qualifiée, Marine Le Pen, appartient au parti d’extrême droite Front national. Depuis sa création, ce parti affirme son opposition au système. Le père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, est un personnage très controversé en France en raison de ses attaques explicites contre les immigrés, contre la mondialisation économique, contre le système, contre l'UE, et pour un nationalisme d’extrême droite. Marine Le Pen s’est opposée aux déclarations offensantes de son père dans le but d’améliorer l’image du Front national et de le présenter comme un parti capable de gouverner, quitte à se fâcher avec le patriarche. Néanmoins, l'image du Front national, que ce soit en France ou dans le reste de l’Europe, reste celle d’un parti d’extrême droite xénophobe et raciste. L’arrivée au second tour de scrutin de Marine Le Pen peut être vue comme une expression de rejet du système et de volonté de se débarrasser de l'ancienne structure politique.

Le dégoût


Le premier tour de scrutin a montré le dégoût des Français envers les responsables politiques qui profitent de leurs fonctions pour s’enrichir. Les pronostics étaient bien différents au début de la campagne, en janvier 2017. Le candidat du parti de droite Les Républicains, Francois Fillon, choisi lors des primaires, était le grand favori. Tous les sondages le donnaient au coude à coude avec Marine Le Pen avec plus de 25 % des voix au premier tour. Mais l’éclatement médiatique d’un scandale sur des soupçons d’emplois fictifs l’a fait chuter à 15 %. L’histoire indique que les Français sont prêts à tolérer un scandale sexuel en politique (comme ce fut le cas des présidents Mitterrand, Chirac et Hollande), ainsi que des erreurs (comme l’utilisation d’une grande partie du budget public par Mitterrand pour de grands travaux), mais certainement pas l’utilisation des deniers publics pour l’enrichissement personnel. Un membre du public a ainsi déclaré sur France 2 : « Nous ne faisons pas confiance à ce genre de personnage à l’éthique douteuse pour diriger le pays ».

Comprendre ces tendances permet de mieux saisir les élections présidentielles françaises. Les électeurs devraient faire d’Emmanuel Macron le vainqueur, parce qu'il représente le maintien de la France au sein de l'UE, qu’il souhaite réformer la construction européenne comme le demande l’opinion publique, et qu’il représente un rejet du racisme et des tendances conservatrices au repli, tout en ouvrant la voie à une révision de la structure du pouvoir politique.


 

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Source: french.china.org.cn

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