France : "Les projections immédiates donnant Macron vainqueur au second tour sont certainement très fiables", selon Asia Centre

Par : Laura |  Mots clés : France, présidentielle
French.china.org.cn | Mis à jour le 24-04-2017

"Les projections immédiates donnant Emmanuel Macron vainqueur au second tour sont certainement très fiables, cependant elles ne laissent pas pour l'instant envisager le raz-de-marée dont avait bénéficié Jacques Chirac en 2002", explique à Xinhua Jean-François Di Meglio, président d'Asia Centre à Paris, à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle française ce dimanche soir.

Le Front national s'était déjà retrouvé au second tour d'une élection présidentielle en 2002, avec le père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, qualifié face à Jacques Chirac qui fut ensuite massivement élu avec 82,21% des suffrages. Cette fois-ci, "l'adhésion" des anciens adversaires d'Emmanuel Macron et "leur rapidité" à apporter leur soutien a été "beaucoup plus marquante que lors de la précédente élection où le Front national figurait au deuxième tour", souligne Jean-François Di Meglio. Selon le spécialiste, "quelques inconnues" demeurent toutefois : "Le climat de sécurité dans les deux semaines qui viennent, et la qualité du débat qui opposera pour la première fois une candidate d'extrême droite à son adversaire du second tour, car Jacques Chirac n'avait pas débattu avec le père de Marine Le Pen."

"Mais le coefficient d'incertitude apporté par ces inconnues est faible", souligne-t-il.

Ce résultat du second tour de l'élection présidentielle française de 2017 s'explique par "de nombreuses raisons conjoncturelles dont l'analyse a souvent été faite : difficulté de la situation en France, besoin de renouveau des personnalités, recherche de nouvelles solutions", indique le président d'Asia Centre.

"Certainement il y a aussi des raisons purement politiques, sinon institutionnelles : tout d'abord, l'absence de dynamique des autres candidats, sachant que c'est toujours sur une dynamique que le premier tour d'une présidentielle est gagné", déclare Jean-François Di Meglio. Le président d'Asia Centre mentionne également le "cadeau empoisonné" des primaires : "Les primaires ne sont pas dans l'ADN de la Ve République où l'élection présidentielle est la rencontre d'un candidat (pas d'un programme) et d'un électorat. Les primaires forcent les partis à choisir une ligne, et c'est la ligne la plus clivante qui, cette fois, a gagné. Ce vote 'enterre' probablement le principe éphémère des primaires en France", estime-t-il.

Selon Jean-François Di Meglio, "il ne faut pas sous-estimer les facteurs spécifiques de cette élection, l'abondance des propos tournant autour des 'scandales', qui a empêché de développer réellement des débats d'idées, ainsi que la dilution, classique désormais, créée par la multiplicité des 'petites candidatures' qui ont certainement contribué - c'est le cas de Nicolas Dupont-Aignan, mais même dans une moindre mesure de Jean Lassalle - à diluer les votes".

Interrogé sur la "défaite" historique ce dimanche pour les deux partis traditionnels français, Les Républicains et le Parti socialiste, le président d'Asia Centre estime qu'ils doivent tous deux faire face au défi de la "cohésion" future : "La recomposition de l'architecture politique était une fatalité devant l'épuisement et le déchirement, en particulier à droite, des structures traditionnelles. Il est possible que les réactions d'appareil soient dépassées par les initiatives individuelles", analyse-t-il, précisant que "le défi est naturellement aussi dans le score à réaliser aux prochaines législatives, et la capacité à influer sur les majorités d'idées, voire de gouvernement".

Pour Jean-François Di Meglio, "l'élection présidentielle a tendance à susciter une dynamique pour les législatives, mais la situation nouvelle portant un candidat 'sans parti' en tête au premier tour et sans doute à la victoire, crée beaucoup d'incertitude pour le nombre de députés des partis traditionnels, et par conséquent aussi pour leur pérennité et leur santé financière".

Alors que François Fillon (Les Républicains) était donné favori de l'élection présidentielle à l'issue des primaires, sa défaite au premier tour "reflète assurément la difficulté de la droite française à trouver facilement la ligne fédératrice qui permette de surmonter les 'combats des chefs' (...) au-delà de sa mise en examen consécutive aux soupçons apparus entre la primaire et le premier tour", souligne Jean-François Di Meglio.

"Par conséquent, la défaite est à chercher dans les maladresses, les erreurs, voire les comportements suicidaires et, peut-être, l'excès de confiance qui a suivi la primaire", estime-t-il, précisant que "quatre millions d'électeurs, même si c'est un score très important pour une primaire, ce n'est qu'un dixième du corps électoral français, et donc au mieux moins de la moitié du potentiel de droite, donc tirer des conclusions automatiques des résultats de la primaire était un pari risqué", selon lui.

L'une des surprises de cette élection est la montée en puissance du candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui aurait surtout bénéficié de "l'effet primaire" négatif pour le Parti socialiste institutionnel. Le spécialiste évoque également les talents d'orateur du candidat, "sans doute les meilleurs parmi tous les candidats à cette élection".

Jean-Luc Mélenchon représente l'aile gauche du Parti socialiste, qui préexistait : "Une pensée de la rupture passant par la redistribution des richesses par rapport au choix 'réaliste' et réformiste des nouvelles gauches européennes", indique le président d'Asia Centre, qui ajoute toutefois que "selon sa capacité à fédérer autour de lui ce courant en s'adjoignant les 'frondeurs' qui avaient permis le choix de Benoît Hamon ou au contraire sa tendance à la jouer 'solo', ce qu'il a déjà démontré, sa force reste encore difficile à évaluer".

"Par ailleurs, il faut s'attendre à un effet de rajeunissement autour du succès d'Emmanuel Macron, qui ne peut être favorable à une personnalité de l'âge et de la longévité du sénateur Mélenchon", affirme Jean-François Di Meglio.

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Source: Agence de presse Xinhua
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