Fillon, la difficile relance d'une campagne entachée par le "Penelopegate"

Par : Vivienne |  Mots clés : France, présidentielle, Analyse
French.china.org.cn | Mis à jour le 11-02-2017

Eclaboussé par les soupçons d'emplois fictifs de son épouse et de ses enfants, le candidat de la droite à l'élection présidentielle française, François Fillon, s'est lancé depuis plus d'une semaine dans une contre-offensive médiatique, politique et judiciaire sur fond de reconquête des militants.

Mais réussira-t-il, après une dégringolade dans les sondages, à inverser la tendance à seulement quelques mois de la présidentielle ?

Les révélations du Canard enchaîné sur de présumés emplois fictifs des Fillon (épouse et fils) ont bouleversé les plans du candidat de la droite à l'élection présidentielle de 2017, et favori des sondages devant Marine Le Pen, au second tour de la présidentielle.

En l'espace de deux semaines, François Fillon va dégringoler dans les sondages malgré ses efforts pour se défendre de ces accusations, qui ont depuis pris une tournure judiciaire (une enquête pour détournement de fonds publics est actuellement menée par le Parquet national financier).

De favori à l'élection présidentielle, M. Fillon se retrouve en troisième position, derrière Emmanuel Macron, le candidat du mouvement "En marche!", désormais annoncé au second tour par les sondages face à la candidate du FN, Marine Le Pen.

François Fillon a ainsi chuté de 29 points depuis novembre auprès des Français, et de 15 points à droite depuis le 27 janvier dernier, après les premières révélations du Canard enchaîné, selon un sondage Odoxa pour France Info. Et des voix s'élèvent dans son propre camp l'invitant à renoncer à la présidentielle et à réfléchir à un "plan B" (remplacement par un autre candidat).

Face à ces menaces qui pèsent sur sa candidature, M. Fillon opte pour une contre-offensive avec comme cible, la presse, ses adversaires de gauche au pouvoir et depuis peu la justice, notamment le Parquet national financier en charge de l'enquête pour détournement de fonds publics dans l'affaire dite "Penelopegate".

Dans une vidéo diffusée début février sur Facebook, le candidat s'adresse aux militants qui l'invitent à renoncer en raison de ses ennuis judiciaires, et accuse la gauche de comploter contre sa candidature.

"Je comprends que ces accusations troublent certains d'entre vous. (...) Tout cela dépasse infiniment ma personne. C'est le projet que nous représentons qui est aujourd'hui ciblé. (...) Ils veulent vous contraindre à baisser la tête devant une gauche qui une fois encore cherche à nous abattre", a-t-il affirmé.

M. Fillon a également présenté quelques jours plus tard ses excuses aux Français lors d'une conférence de presse à son quartier général parisien avant de se lancer dans une opération de reconquête du terrain.

"Le premier courage en politique, dit-il, c'est de reconnaître ses erreurs. En travaillant avec ma femme et mes enfants, j'ai privilégié cette relation de confiance qui aujourd'hui suscite la défiance. C'était une erreur, je le regrette profondément et je présente mes excuses aux Français."

Depuis, le candidat enchaîne des meetings politiques et son équipe a distribué près de 4 millions de tracts intitulés "Stop à la chasse à l'homme !" Sur ces tracts, et pendant les meetings, le même message et les mêmes cibles : "C'est une véritable chasse à l'homme qui est organisée pour empêcher la candidature de François Fillon."

Ou encore "le traitement réservé à Fillon par une partie de la presse est totalement déséquilibré. (...) Les masques sont tombés : la gauche dans toutes ses composantes, n'a plus qu'un objectif : barrer la route au seul candidat capable de la battre et de vaincre Marine Le Pen au second tour".

Depuis jeudi dernier, c'est les avocats du couple Fillon qui mènent une contre-offensive face au Parquet national financier en charge de l'enquête préliminaire.

"L'enquête est illégale parce que le Parquet national financier n'est pas compétent pour enquêter. Cette enquête ne peut se poursuivre dans cette formalité", a déclaré Me Antonin Levy, indiquant que l'infraction de détournement de fonds publics ne peut être reprochée à son client.

Selon plusieurs spécialistes, la stratégie adoptée par François Fillon vise à inverser la tendance. Pour Christophe Barbier, éditorialiste politique, c'est une stratégie en tenaille : "D'un côté il s'agit de délégitimer l'enquête menée par le Parquet national financier pour ainsi dire, en cas de mise en examen de Fillon, que c'est une mise en examen politique qui est infondée", et maintenir ainsi sa candidature.

De l'autre, "c'est les meetings, la mobilisation où à la fois il dira à l'opinion j'ai fait des erreurs pardonnez-moi et aux militants, soutenez-moi. S'il arrive à tenir ce socle de 18/19% d'électeurs déterminés à voter pour lui, il n'a pas perdu toutes ses chances. Car c'est le socle de la droite qui lui permet d'attaquer la presse mais aussi Emmanuel Macron qui a pris sa place dans les sondages", analyse M. Barbier.

Mais si François Fillon a réussi à "sauver" sa candidature malgré la pression venant de son camp, il est encore loin d'inverser la tendance, désormais favorable à M. Macron et Marine Le Pen. "Fillon a sauvé les meubles, en partant en croisade contre la presse, la justice etc. mais cela ne veut pas dire que l'affaire pour autant est réglée", a indiqué Serge Raffy éditorialiste à L'Obs.

Plus que jamais handicapé par le "Penelopegate", le candidat de la droite à la présidentielle doit surmonter plusieurs obstacles pour redresser la barre. Une éventuelle candidature de François Bayrou lui ferait perdre quelques points, et Marine Le Pen peut également attirer un certain nombre d'électeurs de droite, a expliqué Carl Meeus, rédacteur en chef du Figaro.

Pour que la droite puisse sortir de cette polémique, il faudra, note M. Barbier, que cette affaire cesse de faire l'actualité, que M. Macron commence à faiblir, et que Fillon réussisse à parler d'autre chose en imposant ses idées au cœur de la campagne. Autant de choses qu'il sera difficile de réussir en même temps.

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Source: Agence de presse Xinhua
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