Les ratés de la machine à fric

Par : Yann |  Mots clés : Afrique
French.china.org.cn | Mis à jour le 18-07-2016

« La Chine, nouvelle puissance coloniale en Afrique ? », s'interroge La Voix de la Russie ; « L'Afrique se rebiffe contre le ''néocolonialisme'' chinois », affirme Le Figaro, tandis que Jeune Afrique titre : Razzia chinoise... Comble de l'ironie, Clinton met en garde l'Afrique contre le néocolonialisme chinois, relate L'Express qui cite l'ancienne secrétaire d'État disant « Nous ne voulons pas voir un nouveau colonialisme en Afrique. Nous ne voulons pas voir (les investisseurs) saper la bonne gouvernance en Afrique. » N'en jetez plus, l'affaire est entendue. L'Afrique n'a qu'un problème : la Chine.

À en croire la presse, l'Afrique serait ainsi mise en coupe réglée par la Chine qui, comble de l'impudence, chercherait à en évincer les puissances démocratiques qui y promeuvent, pleines d'altruisme, la « bonne gouvernance ». Les articles sur les investissements de la Chine regorgent de métaphores militaires ou guerrières. Ici, elle « s'acharne à renforcer ses positions en Afrique » (Voix de la Russie), là, elle « a réussi à se tailler en Afrique une place qui la rend aujourd'hui incontournable dans la géopolitique » (Le Monde) ou encore elle « tente d'effacer l'image ''d'envahisseur'' qui est la sienne » (Algérie-Actualités). Dans d'autres cas, on évoque la submersion et la noyade, on joue sur la différence d'échelle pour suggérer l'horreur : La Chine déverse ses milliards sur la Guinée titre (Le Figaro), tandis que Le Monde parle du « prédateur des matières premières africaines ».

C'est tout de même assez ironique de voir les anciennes puissances coloniales se poser en censeurs de ce qui se passe en Afrique. Après avoir pillé le continent pendant plus d'un siècle, organisé l'esclavage de ses populations, dont elles ont fait la chair à canon de leurs guerres, et depuis la décolonisation continuant de s'immiscer dans les politiques africaines, renversant ici un chef d'État peu coopératif, et finançant, toujours bien entendu pour « promouvoir la démocratie », de terribles guerres civiles, au Congo jusqu'en Libye en passant par le Tchad, elles trouvent pourtant que « La Chine est un concurrent agressif, pernicieux et sans aucune morale », ainsi qu'on entendait s'alarmer un diplomate américain en 2010 dans un câble révélé par WikiLeaks.

La Chine a beau jeu de répondre à des accusations aussi excessives. C'est ce qu'a fait Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères, en janvier : « Nous ne suivrons jamais les pas des colons occidentaux et notre coopération ne se fera jamais au détriment des intérêts de l'Afrique. » Comme on aime le rappeler ici, la Chine est, elle aussi, un pays en développement et c'est aux votes des pays du continent africain qu'elle doit, comme le soulignait Mao Zedong, son entrée à l'ONU en 1971.

Car le « véritable néocolonialisme » chinois que dénonce avec un bel ensemble la presse occidentale est l'opposé exact de celui des Occidentaux. L'Angola, par exemple, déchiré par la guerre depuis des décennies, où aucun autre pays ne se risquait à investir, est devenu en quelques années le premier producteur de pétrole du continent ! Sans pression politique, et à plus forte raison sans intervention militaire, la Chine propose aux pays africains des relations purement économiques.

L'accumulation des formules ronflantes, des « win-win » et des déclarations d'amitié, qui jettent le doute, du fait de leur excessive pomposité, sur les intentions chinoises, ne peuvent masquer la réalité : l'Afrique et la Chine sont complémentaires, et les partenariats Sud-Sud ont le vent en poupe. La Chine a besoin des ressources pétrolières et minières de l'Afrique, c'est entendu. Mais l'Afrique a besoin des infrastructures abordables que propose la Chine. La Chine recherche des débouchés pour ses industries, et l'Afrique cherche des équipements pour entamer enfin, sur le modèle chinois, son développement économique. Les produits de grande consommation chinois sont les bienvenus sur un continent à la population encore relativement pauvre mais qui veut s'équiper en téléphones portables et en fours à micro-ondes.

Dès lors la presse occidentale a bien du mal à faire ressembler à une invasion militaire, à une domination économique ou à une prédation organisée, ce qui est en fait un partenariat mutuellement bénéfique... où l'Occident n'a pas sa place ! « À chaque fois, le processus est le même », dénonce Le Figaro... qui peine à trouver de quoi accuser la Chine, qui « apporte une aide financière et une assistance technique. Elle propose de construire des écoles, des hôpitaux. Elle invite des étudiants africains à venir à Beijing et envoie ses médecins et ses enseignants en Afrique. Le système porte un nom, l'Angola mode ». On a du mal à comprendre en quoi cette approche « suscite plus de critiques que d'admiration ».

Il n'y a pas que l'Angola : les Chinois sont présents, sous une forme ou une autre, dans chacun des 54 pays du continent. Que ce soit dans les télécoms ou les voies ferrées à grande vitesse, les routes ou les aéroports, sans compter des milliers de petits projets d'envergure locale, fermes ou usines, les entreprises chinoises ont conduit plus de 1 000 projets industriels ou d'infrastructures, avec pas moins d'un million de Chinois travaillant sur le continent, sans compter les millions d'employés locaux.

Sous l'impulsion chinoise, l'Afrique se transforme : deviendra-t-elle bientôt, comme le suggère Jeune Afrique, un paradis touristique, où aux « hordes de travailleurs chinois se substitueront des millions de touristes pékinois en sandales ? »

 

Par CHRISTOPHE TRONTIN

 

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