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Balikatan 2016 : Les Etats-Unis renforcent leur présence militaire en mer de Chine méridionale

French.china.org.cn | Mis à jour le 05. 04. 2016 | Mots clés : Exercice militaire

Les Etats-Unis renforcent leur présence militaire en mer de Chine méridionale et envoient un mauvais signal à la région, en impliquant le Japon et l'Australie dans un exercice bilatéral, limité jusqu'à présent aux Etats-Unis et aux Philippines.

Cet exercice annuel de douze jours nommé « Balikatan » - ce qui signifie « côte à côte » en tagalog - a débuté lundi. Il réunit quelque 5000 militaires américains, 4000 soldats philippins et 80 soldats australiens.

Deux destroyers japonais - l'Ariake et le Setogiri - et un sous-marin - l'Oayashio - sont également arrivés dimanche en observateurs dans la baie de Subic, non loin des eaux contestées.

En plus des manœuvres de lutte anti-terroriste, les exercices Balikatan incluront un exercice de débarquement amphibie pour simuler la prise d'une île disputée. Au cours de ces simulations de combat, l'armée philippine enverra par ailleurs le système américain de roquettes d'artillerie à mobilité élevée HIMARS - conçu pour abattre des avions - sur l'île de Palawan en mer de Chine méridionale.

La semaine prochaine, le secrétaire de la Défense des Etats-Unis, Ashton Carter, se rendra aux Philippines pour observer le fonctionnement de l'HIMARS et passer en revue les navires de la marine américaine prenant part aux exercices Balikatan. Ashton Carter sera le premier haut-responsable de la défense américaine à aller observer ces manœuvres conjointes.

Pour Wu Shicun, le président de l'Institut national de Chine pour la mer de Chine méridionale : « Il est clair que cette année, les exercices visent la Chine. Plutôt qu'une alliance bilatérale, les Etats-Unis tentent d'impliquer l'Australie et le Japon, pour établir une alliance tri- voire quadri-partite s'opposant à la Chine. »

Saisir l'occasion

Les exercices Balikatan surviennent deux semaines après l'accès militaire accordé par les Philippines aux Etats-Unis à cinq bases proches des eaux litigieuses en mer de Chine méridionale, dans le cadre du renouvellement de leur pacte de défense : l'Accord de coopération de défense renforcée (ACDR).

Selon les analystes, les Etats-Unis tentent de saisir l'occasion pour consolider leurs liens avec les Philippines, avant que les administrations Aquino et Obama ne terminent leur mandat respectivement en juin et en janvier.

Selon Wu Shicun, « les Etats-Unis possèdent de fortes alliances militaires en Asie du Nord-Est, mais ses liens militaires en Asie du Sud-Est étaient considérés comme insuffisants. A travers l'ACDR, les Etats-Unis tentent activement de renforcer leur présence militaire en Asie du Sud-Est. Ils envoient un signal néfaste à la région, indiquant que les Etats-Unis sont prêts à utiliser la force militaire pour résoudre les conflits en mer de Chine méridionale et qu'ils soutiennent les Nations, qui souhaitent contenir la Chine ».

« le nouveau président américain devrait vraisemblablement poursuivre la stratégie américaine de "rééquilibrage vers l'Asie" et pourrait avoir une attitude plus ferme qu'Obama », précise-t-il.

Cet exercice survient également en amont d'une décision prise cette année par un tribunal soutenu par les Nations unies, d'accorder un recours juridictionnel à Manille sur les revendications territoriales de la Chine. Beijing a précédemment annoncé, qu'elle n'accepterait ni participerait à un processus d'arbitrage initié unilatéralement par les Philippines.

« Cette année pourrait être particulièrement difficile pour la Chine, en ce qui concerne ses disputes maritimes. Les Etats-Unis tirent clairement les ficelles dans cette affaire d'arbitrage et encouragent les autres Nations de la région dans une manœuvre orchestrée visant à faire pression sur la Chine, au moment où le tribunal s'apprête à rendre sa décision. La Chine doit se préparer pour ce qui l'attend », avertit Wu Shicun.

Intervention japonaise

Dimanche, le Japan Times annonçait l'arrivée le même jour de trois navires de guerre japonais aux Philippines pour une « visite de courtoisie », qui « coïncide » avec les exercices Balikatan.

Selon le journal, le Japon serait également en discussion avec les Philippines pour participer à ce type d'exercices militaires conjoints sur une base régulière.

Les analystes pensent, que le Japon pourrait utiliser la mer de Chine méridionale comme un élément de négociation, lui permettant de tirer avantage dans son différend sur les îles Diaoyu.

Lian Degui, le directeur adjoint du Centre d'études sur l'Asie-Pacifique de l'Université des études internationales de Shanghai a déclaré au Global Times, que l'intervention japonaise en mer de Chine méridionale pourrait être liée à une stratégie visant à miner l'influence de la Chine au sein de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) : « Le Japon et les Etats-Unis sont tous deux des "outsiders" et n'ont aucune raison d'intervenir dans ces disputes maritimes. [...] Les actions du Japon risquent de finir par endommager les relations à long terme, déjà chancelantes, entre la Chine et le Japon. »

Les exercices Balikatan ont par ailleurs été critiqués par certains groupes aux Philippines. La présidente de la Ligue des Etudiants philippins, Charisse Bañez, pense qu'ils sont « les pires exercices conjoints de l'histoire » : « Ils ont ouvert les territoires du pays, non seulement aux Etats-Unis, mais également à d'autres pays étrangers. » Le Japon, la Corée du Sud, Singapour, le Brunei, le Cambodge, l'Indonésie, le Laos, la Malaisie, la Thaïlande, l'Inde et le Timor-Leste ont effectivement été invités en tant qu'observateurs de ces activités.

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Source: french.china.org.cn

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