Les derniers efforts de François Hollande pour l'économie française

Par : Vivienne |  Mots clés : Hollande
French.china.org.cn | Mis à jour le 24-02-2016

Depuis le début de l'année, avec l'annonce le 18 janvier d'un grand plan pour l'emploi et le remaniement ministériel le 11 février, le président Hollande adopte de nombreuses mesures pour relancer l'économie française en grande difficulté.

Le président Hollande, au pouvoir depuis quatre ans déjà, constate que l'économie française va de mal en pis, et les mesures prises ces derniers mois signalent les derniers efforts en date du gouvernement. Quant à l'efficacité de cette action, seul le temps le dira.

Le 18 janvier, le président a prononcé un discours au Conseil économique, social et environnemental, dans lequel il a analysé la situation économique. « Je considère que face au désordre du monde, face à une conjoncture économique incertaine et un chômage persistant, il y a aussi un état d'urgence économique et social à proclamer », a-t-il déclaré.

Un Plan emploi à 2 milliards d'euros

Compte tenu de la gravité de la situation, le gouvernement français a proposé un plan d'urgence pour l'emploi. Parmi les annonces principales de ce plan, on prévoit la signature de 50 000 contrats de professionnalisation entre le gouvernement et les jeunes travailleurs, pour l'apprentissage de compétences professionnelles et l'accès à l'emploi, une formation professionnelle plus adaptée au marché actuel de l'emploi pour 500 000 chômeurs, et une subvention de 2000 euros versée par le gouvernement aux PME pour chaque nouveau contrat d'embauche. Le coût du programme est estimé à plus de 2 milliards d'euros.

En substance, ce programme vise à stimuler l'emploi en investissant d'énormes sommes d'argent, afin de réduire le nombre de chômeurs. Ceci est une pratique habituelle du Parti socialiste lorsqu'il est au pouvoir en France, mais son effet n'est pas évident, et ne peut être soutenu. La raison en est que ce plan va encore creuser dans les dépenses publiques du pays, alors que les Français restent aux prises avec un grave déficit budgétaire et une colossale dette publique. Un déficit et une dette élevés forment des obstacles majeurs à une forte croissance économique. Et sans croissance économique soutenue, comment développer l'emploi ?

Les mesures adoptées par François Hollande répondent en partie à ses propres considérations politiques. La raison principale pour laquelle il a été élu président en 2012 est qu'il s'est engagé à résoudre le problème du chômage de masse durant son mandat. Quatre ans plus tard, le nombre de chômeurs en France n'a pas diminué, mais augmenté. Durant son mandat, 600 000 nouveaux chômeurs ont été enregistrés. Selon les statistiques publiées par l'INSEE en novembre dernier, le nombre total de chômeurs en France était de 3,57 millions, et le taux de chômage était de 10,6 %.

Entre 2012 et juin 2015, le taux de chômage moyen dans l'Union européenne a chuté de 10,5 % à 9,6 %. Sur la même période, le taux de chômage de la France a augmenté de 9,8 % à 10,2 %. La France est devenue l'un des pays les plus frappés par le chômage en Europe. Par conséquent, l'indice de soutien de l'opinion publique vis-à-vis de François Hollande et du gouvernement socialiste ont chuté. François Hollande est devenu le président le plus impopulaire depuis la fondation de la Ve République. Il a même reconnu publiquement que s'il ne parvenait pas à améliorer la situation de l'emploi, il ne pourrait pas se présenter aux élections présidentielles de 2017.

Ainsi, l'année 2016 sera décisive pour lui en matière politique. Ceci est la raison pour laquelle il a parlé « d'urgence économique et sociale » et proposé un plan d'urgence pour l'emploi. Les partis d'opposition ont d'une même voix critiqué ce plan, en accusant le président de se livrer à un « spectacle politique ». Les derniers sondages montrent que 77 % des Français ne croient pas en l'efficacité du nouveau plan.

Remaniement ministériel, changement de cap

Le 11 février, François Hollande a annoncé son dernier remaniement ministériel, le troisième depuis son élection en mai 2012. Malgré la réorganisation du gouvernement, le premier ministre Manuel Valls est maintenu au poste qu'il détient depuis mars 2014, date à laquelle il avait remplacé Jean-Marc Ayrault. Cela indique que Manuel Valls et François Hollande restent des alliés politiques fermes, et que les principes de la gouvernance économique du Premier ministre sont reconnus et soutenus par le président. Le remaniement a par contre vu le départ du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui à près de 70 ans, cède la place à l'ancien premier ministre Jean-Marc Aylrault. En outre, un certain nombre de responsables du parti Europe Ecologie Les Verts font leur entrée au gouvernement, ce qui indique que Francois Hollande cherche à renforcer l'unité à gauche pour contrer l'opposition de droite aux prochaines élections.

Le remaniement ministériel transmet également un message important, celui que le gouvernement français continuera d'adhérer à sa politique économique controversée aux accents de libéralisme. Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui fait partie de la « faction néo-libérale » du Parti socialiste, a proposé une série de réformes sur la dérégulation de l'économie et pour améliorer la compétitivité des entreprises, qui ont fait l'objet d'une forte résistance au sein de la gauche traditionnelle. Avec Manuel Valls, il a conservé son poste à l'issue du remaniement, ce qui signifie que la direction de la gouvernance économique n'a pas changé.

La raison fondamentale de la morosité économique de la France est que les sociétés n'embauchent plus en raison de coûts salariaux élevés et d'une perte de compétitivité. C'est pourquoi le gouvernement a chargé le Comité de suivi de l'investissement d'effectuer des recherches pour « revitaliser la compétitivité de l'industrie française », selon le rapport d'analyse. Le point central est qu'en réduisant le fardeau fiscal des entreprises, on peut améliorer leur compétitivité et créer plus d'emplois.

Face aux graves difficultés économiques du pays, le gouvernement a également reconnu la nécessité d'abandonner la philosophie traditionnelle économique de la gauche, qui entrave le développement. En dépit de l'opposition de la gauche traditionnelle, en décembre 2014, le président a promulgué la Loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances, surnommée « Loi Macron ».

La loi prévoit plusieurs mesures pour libérer le dynamisme du marché, notamment avec l'augmentation du nombre de magasins autorisés à ouvrir le dimanche, et l'encouragement d'une plus grande concurrence sur le marché, l'assouplissement des règles encadrant l'opération du réseau ferroviaire et routier, la vente de 5 à 10 milliards d'euros de biens appartenant à l'Etat, et l'accroissement des investissements, une simplification approfondie des procédures administratives, ainsi qu'une modification des termes de retraite.

Ces mesures ont obtenu le soutien de la majorité de la population, et le premier ministre a qualifié la Loi Macron de « loi de progrès et de liberté ». Récemment, Emmanuel Macron a également proposé un amendement au droit du travail visant la politique des 35 heures de travail par semaine, mise en œuvre par le Parti socialiste il y a plusieurs années. Sa proposition de réforme du temps de travail a obtenu un grand soutien dans les cercles d'affaires.

Depuis le début de son mandat, François Hollande a pris un certain nombre de mesures visant à améliorer la compétitivité des entreprises, stimuler la vitalité du marché, promouvoir la reprise de la production industrielle et la restructuration de l'industrie. C'est dans ce contexte qu'il a récemment proposé son nouveau Plan emploi estimé à plus de 2 milliards d'euros. Toutefois, la situation ne se prête pas à l'optimisme, car même si ces mesures sont efficaces à court terme, l'opinion publique a exprimé ses réservations quant à la possibilité d'un effet sur le long terme.

 

(Traduction d'un article en chinois rédigé par Shen Xiaoquan, maître de recherche au Centre de recherche sur les problématiques mondiales de l'agence de presse Xinhua.)


Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
1   2    


Les dernières réactions            Nombre total de réactions: 0
Sans commentaire.
Voir les commentaires
Votre commentaire
Pseudonyme   Anonyme
Retournez en haut de la page