Le Royaume-Uni courtise la Chine tout en restant l'allié politique des Etats-Unis

Par : Norbert |  Mots clés : Royaume-Uni,Chine,politique,Etats-Unis
French.china.org.cn | Mis à jour le 28-10-2015

Le président chinois Xi Jinping a conclu sa première visite d'Etat au Royaume-Uni vendredi. Selon les observateurs, sa visite a marqué le début d'un « âge d'or » d'ouverture et de coopération gagnant-gagnant pour les deux pays, qui maintenant ont l'intention d'établir un « partenariat stratégique global » pour le 21e siècle.

Le voyage de quatre jours de M. Xi a été salué comme un grand succès, encore plus que sa visite aux Etats-Unis en septembre. Cette visite a été vue comme le signe que le Royaume-Uni misait sur l'essor à long terme de la Chine et le déclin relatif des Etats-Unis. Mais aussi fructueux qu'il ait été, cet événement diplomatique aura peu d'impact sur les liens qui existent entre les trois pays.

En d'autres termes, le Royaume-Uni devrait bénéficier à la fois de liens économiques étroits avec la Chine, tout en maintenant ses liens politiques avec les Etats-Unis.

Certes, le pays est « sorti du rang » en participant à l'initiative chinoise d'établissement de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB) cette année, en dépit des objections émanant de Washington. Mais, comme le chancelier de l'Echiquier britannique George Osborne l'a dit à plus d'une occasion, les liens économiques jouent un rôle central dans la relation sino-britannique.

En tant que puissance occidentale traditionnelle avec une longue histoire en Asie, le Royaume-Uni connaît l'importance de l'étiquette diplomatique pour la Chine, et il a déroulé le tapis rouge au président Xi Jinping. Toutefois, ces gestes amicaux, qui ont été vus comme trop « accommodants » par certains politiciens américains, ne signifient pas nécessairement que le partenariat sino-britannique se déroule sans troubles.

Le Royaume-Uni a observé avec attention la montée de la Chine et le déclin relatif des Etats-Unis, ce qui explique pourquoi il cherche à trouver un équilibre pour maximiser ses intérêts. Il a saisi l'opportunité stratégique de se joindre à l'AIIB pour participer au fort élan de croissance de la Chine.

L'important non-dit est que la Chine et le Royaume-Uni sont peu susceptibles de devenir de grands alliés politiques, en raison de leurs différences institutionnelles. Le Royaume-Uni est le berceau du capitalisme occidental et de la démocratie parlementaire. Il fut l'un des premiers défenseurs d'une économie orientée vers le marché et de la libre concurrence, ainsi qu'un fondateur clé des systèmes modernes de justice et d'administration. Il est toujours un allié loyal des Etats-Unis, étant donné l'intimité institutionnelle qu'ils partagent.

Sur d'autres questions allant des droits de l'homme et des croyances religieuses à la liberté d'expression et aux traditions diplomatiques, Beijing et Londres ont peu en commun. Cela étant dit, lorsqu'ils sont confrontés à des différends et des frictions, le Royaume-Uni peut refuser de modifier son point de vue et renoncer à son sentiment de supériorité morale en échange de bénéfices commerciaux. Même les Etats-Unis sont susceptibles d'adopter une attitude plus souple dans leur volonté de pragmatisme et de doubles standards.

En outre, l'alliance transatlantique américano-britannique reste la pierre angulaire de la communauté occidentale, un fait que les liens entre Beijing et Londres ne sauraient changer. Le système de défense collective dirigé par l'OTAN et l'ordre politique et économique mondial dirigé par Washington demeureront aussi. Dans ces circonstances, les Etats-Unis et le Royaume-Uni se rejoignent toujours dans les moments cruciaux.

Par conséquent, pour la Chine et le Royaume-Uni, l'âge d'or constitue avant tout à la formation d'une communauté aux intérêts économiques et de sécurité communs. Le Royaume-Uni essaiera de maintenir délicatement une relation saine avec Beijing et avec Washington. La Chine, elle, doit faire preuve de prudence pour garder une position diplomatique équilibrée et stable sur les bases du respect mutuel et de la coopération, afin de réaliser un nouveau modèle de relations entre grandes puissances avec les Etats-Unis et de consolider ses interactions avec l'Europe.

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