Visite de François Hollande en Arabie saoudite : La France se rapproche des pays du Golfe

Par : Vivienne |  Mots clés : François Hollande,CCG
French.china.org.cn | Mis à jour le 07-05-2015

Le président français François Hollande a effectué une visite en Arabie saoudite les 4 et 5 mai, où il a été reçu avec grande courtoisie par le roi Salman. En tant qu'invité d'honneur de Riyad, il a participé au Conseil de coopération du Golfe (CCG) réunissant six pays de la région. À l'heure actuelle, les négociations sur les armes nucléaires en Iran ont atteint un moment critique avant l'accord final, le Yémen est dans une situation de crise, et le président français a impressionné par sa position diplomatique forte au Moyen-Orient. La France tente aujourd'hui de former un partenariat spécial avec les pays du Golfe, afin de gagner une influence unique de grand pays dans cette région aux troubles fréquents.

Après sa visite au Qatar, François Hollande est arrivé dans la capitale saoudienne le 4 mai, où il a été accueilli à l'aéroport par le roi Salman en personne. Le roi a ensuite tenu un grand banquet en son honneur au palais. Après le dîner, les deux dirigeants ont eu de longues discussions. Un communiqué conjoint publié après cet entretien révèle que le roi saoudien et le président français ont discuté des négociations sur l'armement nucléaire en Iran, un sujet sur lequel les deux chefs d'Etat ont souligné la nécessité de parvenir avant la fin du mois de juin à « un accord robuste, durable » à caractère contraignant pour assurer que l'Iran ne développe pas d'armes nucléaires.

Le point de départ d'un « partenariat privilégié »

Le 5 mai, le président français a été convié en tant qu'invité d'honneur au CCG organisé à Riyad. François Hollande est ainsi devenu le premier chef d'Etat occidental convié à assister à ce sommet, ce qui montre bien la position unique de la France dans la région. Le président français et les dirigeants de six pays du Golfe ont convenu que cette réunion marquait le point de départ de l'établissement d'un « partenariat privilégié » entre la France et ces pays.

La grande question à l'ordre du jour était la situation au Yémen. L'ancien président du Yémen, Ali Abdullah Saleh, évincé lors des troubles de 2011, a tenté de revenir au pouvoir par les armes. En septembre 2014, les rebelles armés houthistes qui ont pris le contrôle de la capitale Sanaa, avancent vers Aden au sud, où le président s'est réfugié. Pour répondre à cette situation critique, l'Arabie saoudite et neuf autres pays arabes du Golfe mettent en place une « coalition de 10 nations » contre les rebelles. Le conflit armé devient une guerre par procuration des sunnites dirigés par l'Arabie saoudite contre les chiites soutenus par l'Iran. L'Arabie saoudite a désormais annoncé l'arrêt des bombardements, mais la situation au Yémen reste dans l'impasse, et une solution politique reste à trouver.

À cette fin, le communiqué du CCG indique son intention d'organiser à Riyad des pourparlers en présence de toutes les factions politiques du Yémen, ainsi que du président Ali Abdullah Saleh aujourd'hui réfugié hors du pays. Cette initiative a reçu un soutien fort du président français François Hollande. Cependant, la proposition a été rejetée par l'Iran et l'opposition yéménite, de toute évidence parce que l'Iran s'oppose à des pourparlers supervisés par l'Arabie saoudite.

Outre le conflit qui oppose l'Iran aux pays sunnites du Golfe, ses tensions croissantes avec la France se trouvent aujourd'hui au cœur des préoccupations. En novembre 2013, la première réunion de négociation sur le nucléaire iranien a eu lieu à Genève. Tout semblait indiquer que les pourparlers avançaient vers une percée, lorsque la France a soudain annoncé qu'elle ne saurait accepter cet « accord frauduleux ». En raison de l'opposition de la France et de la difficulté des pays occidentaux à s'unir d'une même voix, les négociations de Genève se sont terminées en échec. La position ferme de la France a été vivement critiquée à Téhéran et à Washington, la télévision iranienne accusant les Français de « créer des obstacles aux négociations ». Du côté américain, le magazine Time a estimé que « malgré la grande volonté de coopérer montrée par l'Iran, les représentants de la France, des États-Unis et d'autres pays occidentaux n'ont su résoudre leurs différences, et la France et l'Iran sont restées campées sur leurs positions ». Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry a ouvertement accusé la France d'avoir saboté les pourparlers.

Critiquée par l'Iran et les Etats-Unis, la position ferme de la France a néanmoins été saluée par l'Arabie saoudite et les autres pays du Golfe. L'Arabie Saoudite s'inquiète depuis longtemps qu'un apaisement entre les Etats-Unis et l'Iran puisse saper le statut de la puissance sunnite dans le Golfe, si bien que les négociations sur la question nucléaire suscitaient pour elle de forts doutes. Aujourd'hui que les négociations sont entrées dans une phase critique avant l'accord final, les inquiétudes saoudiennes s'intensifient, ce qui l'amène à porter ses espoirs sur la France.

Le pays a également apprécié la position de la France sur la question syrienne. En 2013, la France était prête à entreprendre une action militaire avec les Etats-Unis contre le régime de Bachar al-Assad pour son utilisation d'armes chimiques contre sa population, mais au dernier moment, les Etats-Unis ont renoncé à faire usage de la force. Pour l'Arabie saoudite qui souhaitait voir la chute du régime allié de longue date avec l'Iran, cela a sans aucun doute été un revers. La France a fait clairement savoir que Bachar al-Assad devrait quitter le pouvoir, et a critiqué les Etats-Unis pour avoir fait marche arrière. Ces prises de position au sujet de l'Iran et de la Syrie ont fait grimper la cote de popularité de la France en Arabie saoudite et dans les autres pays du Golfe. La France entend aujourd'hui profiter de cette opportunité pour renforcer ses relations avec les pays sunnites.

Le partenaire « le plus fiable et le plus crédible »

Comme l'a montré l'accueil particulièrement chaleureux de François Hollande en Arabie Saoudite, la France est considérée dans la région du Golfe comme le partenaire le plus fiable et le plus crédible. Pour cette raison également, la France est devenue le premier pays occidental « invité d'honneur » à un sommet du CCG. Même les Etats-Unis, qui sont le plus grand allié traditionnel de l'Arabie saoudite, n'ont pas eu cet honneur.

L'achat d'armement de pointe au Moyen-Orient est aussi une raison importante du rapprochement avec la France. Avec l'intensification des risques sécuritaires et les conflits de plus en plus complexes dans la région, plusieurs pays se lancent dans une course à l'armement. En février dernier, l'Egypte a ordonné 24 avions de chasse Rafale à la France. Avant sa visite en Arabie saoudite, François Hollande s'est rendu à Doha, au Qatar, pour assister à la signature du contrat d'achat de 24 Rafale au pays. L'Arabie saoudite est quant à elle prête à signer plus de 20 contrats d'achat d'armement avec la France, pour une valeur totale de plusieurs dizaines de milliards d'euros.

Pour la France, la région du Golfe revêt une grande importance stratégique de diplomatie. Le pays a depuis longtemps déjà un plan pour la région. En 2009, une base militaire française permanente a été établie à Abu Dhabi, une implantation stratégique sur les plus importantes routes de pétrole où sont déjà présents quelques pays occidentaux. Ses avions de combat Rafale et d'autres équipements de pointe ont été déployés dans ce camp, ce qui a joué un rôle important dans les frappes contre le groupe terroriste de l'Etat islamique.

Actuellement, l'ajustement de la stratégie globale des Etats-Unis, qui met l'accent sur la lutte contre l'Etat islamique, rend le pays désireux d'améliorer ses relations avec l'Iran pour parvenir à un accord. Cela a donné lieu à un désaccord avec ses alliés traditionnels dans la région. La France entend saisir cette opportunité pour promouvoir l'établissement d'un partenariat stratégique avec l'Arabie saoudite et les autres puissances régionales, afin de combler le vide politique laissé par les Etats-Unis. Ceci explique pourquoi la France est aujourd'hui tant dans les bonnes grâces de la région du Golfe.

 

(Traduction d'un article en chinois rédigé par M. Shen Xiaoquan, maître de recherches au Centre d'Etude des problèmes mondiaux, de l'agence de presse Xinhua.)

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Source: french.china.org.cn
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